jeudi 27 décembre 2007

Analyse de la légitimité (Amendement de la constitution haïtienne)


Haïti, le débat que suscite la proposition d’amender la Constitution de 1987est « un cas d’étude ».

Introduction

Faut-il amender, réviser ou changer la constitution haïtienne de 1987 ? Le Président haïtien René Préval est-il « en droit » de demander un consensus politique en vue d’un amendement qui passera outre les procédures prescrites par la Constitution elle-même ? Autant de question que des Haïtiens, des observateurs avisés ou non de la politique haïtienne se posent. Les acteurs, le président René Préval et toutes celles et ceux se reconnaissant dans sa position d’un coté, les partis politiques, organisations de la « société civile » et personnalités hostiles à sa démarche de l’autre, tentent d’apporter réponse(s) à ces questions en essayant, bien sûr, de justifier leur position. Car s’agissant de telle question, il y a un « impératif de justification »[1] qui s’impose aux acteurs. On est bien face à une problématique de légitimité.

Est légitime, nous dit Michel Volle, une personne « habilitée à prendre des décisions, à prononcer des arbitrages, qui seront ensuite appliqués par d'autres personnes. La légitimité ne garantit pas que ces décisions seront justes (au sens de justesse comme de justice), mais seulement que la personne qui les prend en a le droit »[2]. Toutefois, la légitimité n’est pas réductible au droit ni à l’être (ce qui est). Elle entretient un « rapport étroit » à ce qui doit être (la norme). En ce sens la légitimité suppose l’existence d’un certains nombre de valeurs supérieures, d’un « étalon du juste et de l’injuste »[3] pour parler comme Léo Strauss, aux quelles on peut se référer en vue de déterminer la justesse des lois et des décisions prises. Quel serait cet étalon dans le cas de la Constitution haïtienne ? Le « peuple »? Les « partis »? L’« église »? Les « classes dirigeantes »?

Nous ne tenterons pas ici de dire qui est légitime ou non à faire quoique ce soit mais de voir, comprendre, expliquer comment les acteurs essayent eux-mêmes de « légitimer » leur position. Nous utiliserons le rapport de la commission présidentielle rendu sur le sujet, les prises de position des acteurs dans les médias et autre espace d’expression, des articles de presse sans oublier, évidemment, la Constitution de 1987.

C’est un travail tridimensionnel qui revient primo sur la Constitution de 1987 et le contexte de son élaboration, secundo sur la position du président Préval et ses explications en vue de justifier sa position et enfin nous mettrons en exergue les oppositions que rencontre ce projet et la façon dont les acteurs tentent de rejeter la proposition d’amendement et/ou révision constitutionnelle.

I) La constitution de 1987

De 1805 à 1987, Haïti a connu pas moins de 22 constitutions qui lui ont conférée des régimes politiques très différents les uns des autres. Ces régimes s’inscrivent presque tous dans la nomenclature occidentale, mais aussi dans le même esprit de monopolisation de la violence tenue pour légitime à l’échelle d’un territoire délimité.

I.1) « Aux bords » de la nouvelle Constitution

Immédiatement après la chute du régime des Duvalier, dans une atmosphère jonchée à la fois d’espoirs et d’incertitudes, le peuple haïtien doit jeter la base d’un « nouvel » Etat ou de la République d’Haïti, autrement dit. Pour ce faire une nouvelle constitution s’avère nécessaire. Inutile de souligner à quel point « l’esprit du moment », les enjeux politiques, économiques et sociaux ont joué sur le contenu de la constitution.

Le départ de Jean-Claude Duvalier a laissé « plusieurs vides » qu’il faut immédiatement combler. Certains d’entre eux –dont le problème de succession- ne peuvent pas attendre l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution.

En outre le climat politique est très agité avec d’un coté les partisans d’un changement radical de l’Etat et de l’autre les « adeptes » de la « continuité ». Dans ce champ d’opposition entre « des groupes et des forces aux intérêts divers, enchevêtrés, confus, inavoués pour lesquels la conquête du pouvoir d’État »[4] est un enjeu capital, la nouvelle constitution doit trouver la meilleure voie en vue « d’un état d’équilibre ».

I.2) Un gage de stabilité

Si d’ordinaire les spécialistes parlent de constitution souple c'est-à-dire « ne se distinguant pas par sa forme des lois ordinaires [et] occupe le même rang qu’elles dans la hiérarchie des règles juridiques et peut être modifiée par elles. » et de constitution rigide, « ce formalisme […] confère aux règles qui en bénéficient une forme juridique qui les situe à la première place dans la hiérarchie des règles de droit »[5] , cette taxinomie s’avère inadéquate dans le cas d’Haïti. On est en face d’un autre type de constitution d’une rigidité presqu’inédite. L’amender (en respectant scrupuleusement les art. 282 à 284.4) nécessite plusieurs années et deux législatures[6] successives favorables au projet et d’une cohérence idéologique implacable. Aucun gouvernement ne peut proposer un amendement en vue de répondre à un problème immédiat. Ces considérations, entre autres, nous poussent à croire qu’il est convenu de faire appel à un troisième type : Constitution « ultra-rigide ». Un autre point de cette ultra-rigidité est que même si les 8,5 millions d’Haïtiens (moins les parlementaires) s’étaient rassemblés et avaient décidé de l’amender, ils n’auraient pas pu car toute consultation populaire, tout référendum en vue d’un amendement de la constitution est interdit par elle.

Cette ultra-rigidité a été mise en place en vue d’une stabilité politique et institutionnelle. Elle consacre « l’anti-présidentialisme » et le pouvoir « parlementaire », redéfinit le pouvoir exécutif, et favorise le multipartisme. « Le nouveau régime constitutionnel, en rupture [donc] avec la tradition haïtienne vise non seulement à dresser un rempart contre la résurgence institutionnelle du duvaliérisme, à faire échec au courant présidentialiste traditionnel, mais encore à créer un cadre de décentralisation et de participation pour mettre le pouvoir à la portée des citoyens »[7].

La constitution de 1987, en interdisant toute consultation populaire en vue d’un changement, d’une révision ou de son amendement place exagérément les représentants au dessus de l’ensemble des citoyennes et des citoyens réunis. Cette situation est présentée par certains comme un impératif en vue d’empêcher la répétition de certains événements historiques[8], et par d’autres comme étant anormale et à la « légitimité douteuse ».

I.3) Une constitution « illégale » ?

Le contexte dans lequel est élaborée la constitution et d’autres facteurs pouvant être plus idéologiques ont poussé les constituants à faire des choix dont on peut se questionner de la légitimité ou du bien fondé. Etant donné qu’il est ici question de légitimité ou, « au pire des cas », de légitimation. En effet après la chute de Duvalier fils (1986), il y a des problèmes « urgents » à régler : succession, élections, « compromission » etc. A coté de tout cela existe une volonté manifeste d’écarter les duvaliéristes du pouvoir. Les constituants n’hésitent pas à jouer le jeu. Ils ont donc stipulé dans l’article 291:

Ne pourra briguer aucune fonction publique durant les dix (10) années qui suivront la publication de la Présente Constitution et cela sans préjudice des actions pénales ou en réparation civile: a) Toute personne notoirement connue pour avoir été par ses excès de zèle un des artisans de la dictature et de son maintien durant les vingt-neuf (29) dernières années; b) Tout comptable des deniers publics durant les années de la dictature sur qui plane une présomption d'enrichissement illicite; c) Toute personne dénoncée par la clameur publique pour avoir pratiqué la torture sur les prisonniers politiques, à l'occasion des arrestations et des enquêtes ou d'avoir commis des assassinats politiques.

Cette exclusion vise aussi les haïtiens de l’extérieur qui représentaient une grande partie de l’élite : « ARTICLE 286:

Tout Haïtien ayant adopté une nationalité étrangère durant les vingt-neuf (29) années précédant le 7 février 1986 peut, par une déclaration faite au Ministère de la Justice dans un délai de deux (2) ans à partir de la publication de la Constitution, recouvrer sa nationalité haïtienne avec les avantages qui en découlent, conformément à la Loi.

Cette disposition constitue aujourd’hui l’une des motivations les plus avouées des partisans de l’amendement de la charte fondamentale. En vue, affirment-t-ils, de permettre à la « diaspora »[9] haïtienne de participer pleinement aux affaires politiques, économiques et sociales du pays. Mais, avec le rapport Moïse et Hector, un nouvel argument surgit : la constitution haïtienne est « responsable », en partie, de l’instabilité institutionnelle et politique qui a frappé le pays ces vingt dernières années.

II- La position de René Préval

Après avoir été Premier Ministre de Jean-Bertrand Aristide puis Président de la République jusqu’en 2001, René Préval est à nouveau élu à la présidence d’Haïti pour un mandat de 5 ans s’achevant en 2011. Il est le seul président à avoir accompli pleinement son mandat depuis la promulgation de la constitution de 1987.

II.1) « une source d’instabilité »

Immédiatement après avoir reçu le rapport sur la constitution le président haïtien, René Préval, déclare : la « constitution haïtienne est source d’instabilité ». Elle poserait un problème de gouvernance. Pire encore le président « a publiquement qualifié la Constitution de 1987 d’être une ‘source d’insécurité’ ». La fréquence électorale qu’impose la constitution poserait également problème. « Selon le régime de la constitution actuelle, nous devons organiser des élections tous les deux ans pour renouveler le tiers du Sénat’, a rappelé le président de la République, indiquant que les scrutins auraient pu se dérouler dans des intervalles de quatre ou cinq ans dans le but d’épargner des dépenses exorbitantes au pays »[10]. Cette instabilité s’inscrit dans un « itinéraire chaotique », pour reprendre les termes de Moïse et Hector.

En effet les auteurs de ce rapport sur la constitution soulignent des « dysfonctionnements » au niveau du « processus de formation du gouvernement et la nomination des juges » etc., des « institutions manquantes » (par exemple un organe chargé d’interpréter la loi mère) posant des « problèmes structurels »[11]. Ils mettent aussi l’accent sur l’interdiction de la double nationalité. Un nombre significatif d’haïtiens ou (d’anciens haïtiens) vivent à l’extérieur du pays. Celles et ceux désirant jouir de leur droit civil et politique (en Haïti) sont contraints de ne pas acquérir de nationalité étrangère. Ce qui pose des problèmes pratiques au niveau des pays d’accueil qui n’accordent de droits politiques qu’à leurs nationaux.

II.2) Donner plus de droit aux haïtiens de l’extérieur

Le président Préval semble persuader de la nécessité de « revoir » la constitution. C’est une façon selon lui de « répondre aux aspirations des compatriotes expatriés à jouer un rôle à part entière dans la relance du processus de développement national »[12]. Les expatriés jouent un rôle important dans l’économie du pays tandis qu’ils ne jouissent pas de leur droit politique. « Si nous parvenons à stabiliser la situation, les chiffres relatifs à l’apport actuel de la diaspora peuvent être doublés ou triplés », déclare le président. Mais « la non-reconnaissance par la constitution de 1987 de la double nationalité freine l’élan de ceux et celles qui, devenus citoyens d’autres pays dans des circonstances particulières, souhaiteraient apporter des capitaux à l’Haïti de leurs origines »[13]. Mais aux yeux des opposants à cette démarche, ces arguments restent peu convaincants. Les réelles motivations ne sont pas toujours avouées, l’idée de soupçon a donc ici toute sa place.

III- Amendement, changement ou « rien du tout » ?

La conjoncture politique du pays : « occupation étrangère », atermoiements institutionnels corolaires de la faillite de l’Etat suscite des questions autour de la loi mère et aussi des interrogations sur les motivations des différents acteurs qui essayent d’apporter des solutions aux problèmes.

III.1) La hantise

A chaque fois qu’est posé le problème d’amendement ou de changement ou encore de révision de la Constitution la question de l’intention de ses initiateurs et les « enjeux d’une telle opération »[14] est récurrente, la hantise d’une « légitimation » ou l’invention de « fausses raisons pour maquiller les motifs secrets »[15] surgit.

Des opposants à l’idée d’un amendement de la constitution expriment leur crainte quant à la dérive présidentialiste et anti-démocratique qu’une telle démarche peut entrainer. D’autres croient l’urgence aujourd’hui n’est pas d’amender, de réviser ou de changer la constitution mais d’apporter une réponse immédiate au chômage et à la misère touchant une très grande partie de la population.

Cependant l’argument « anti-présidentialiste » n’est, selon Hector et Moise, pas convaincant pour diverses raisons : « Le président de la République est le seul élu au suffrage universel à l’échelle nationale. Réalise-t-on l’inconséquence de ceux qui combattent le présidentialisme et qui ne s’aperçoivent même pas qu’ils ont mis en place un instrument qui fait de ce personnage le seul élu qui puisse revendiquer une légitimité populaire totale ? ». En outre la charte reconnait au président des privilèges et des compétences importants comme la « nomination à certaines fonctions, participation au choix des ministres, présidence du Conseil des ministres, [le] droit d’objection, [la] promulgation des lois, etc. »[16]

Les auteurs concluent leur rapport en mettant accent sur la fragilité institutionnelle actuelle. Selon eux cette fragilité doit interpeller les Haïtiens sur la nécessité de soumettre la « Charte fondamentale à un examen critique en profondeur et d’envisager courageusement la problématique de la révision nécessaire. ». Ils pointent, en passant, du doigt le caractère inconstitutionnel de la présence des forces étrangères sur le sol d’Haïti.

III.2) « l’illégalité » constitutionnelle

Vingt-ans depuis la promulgation de la constitution, (presque) vingt-ans « d’illégalité » constitutionnelle. Ce constat est largement partagé. Ce qu’il est convenu d’appeler l’illégalité constitutionnelle s’illustre par des coups d’Etat, la perturbation des dispositions transitoires, de longues impasses électorales répétées, la présence à maintes reprises de corps étrangers dans le pays etc. cette situation met à mal les opposants à tout amendant de la constitution. Car le fait de prendre position contre cette réforme conforte la situation d’inconstitutionnalité actuelle.

En effet, après avoir été évincé par un coup d’Etat militaire puis ramené au pouvoir par la communauté internationale, Jean-Bertrand Aristide a décidé de dissoudre les Forces Armées D’Haïti (FADH). Or pour ce faire il aurait fallu amender la constitution. Ce qui est pratiquement impossible à court terme. Le président a donc décidé de mettre en œuvre son « projet » par simple arrêté présidentiel.

Pour résoudre ce problème (d’inconstitutionnalité) il faut soit rétablir les FADH, soit amender la constitution. Or des opposants à l’amendement de la constitution sont aussi contre « l’Armée », ce qui de fait approuve la conjoncture actuelle. L’idée exprimée consiste à empêcher la mise en place d’une « charte taillée sur mesure, […] destinée à assurer la permanence au pouvoir sinon de la personne de Monsieur René Préval, du moins de l’une [de] ses alliances politiques, Lespwa ou Lavalas […] »[17]. Cependant d’autres acteurs posent la question de l’applicabilité du texte de 1987, vu que vingt après sa promulgation son application reste toujours incertaine.

III.3) Une constitution inappliquée ou inapplicable

Partant de la considération qu’un texte constitutionnel est élaboré par des experts et en principe ratifié par le peuple on s’interroge rarement, quand les prescrits constitutionnels ne sont pas respectés, sur l’applicabilité du texte. Pourtant quand un texte de lois n’est pas appliqué, il se peut que ceux et celles chargés de l’appliquer et de le faire appliquer soient de mauvaise foi (ce qui est souvent le cas) mais aussi que le texte ne corresponde pas aux réalités matérielle, normative et mentale de la population en question. Ces deux présupposés, à savoir l’applicabilité du texte ou la mauvaise volonté des acteurs, sont au cœur du débat autour de la constitution.

Les partisans de l’amendement ou de révision croient que le texte constitutionnel pose de graves problèmes quant à son application[18], il correspondrait plus à « un subtil agencement théorique qu’à une efficacité pratique »[19]. Les opposants, quant à eux, pensent que la constitution n’a pas été appliquée à cause du manque de volonté, du caractère « despotique » des dirigeants. Chaque groupe cherche ainsi à justifier sa position, à montrer son caractère légitime. Très souvent dans une démarche qui se veut rationnelle.

Conclusion

Par la diversité des points de vue exprimée, la variété des origines sociales des acteurs et manifestement des motivations, nous avons dû faire appel pour notre analyse de « la légitimité » à deux courants sociologiques pouvant être considérés comme opposés : la sociologie critique –la légitimation- et la sociologie de la critique – la justification.

Les acteurs à travers leur prise de position nous obligent à ne négliger aucun de ces deux écoles. Les opposants à la démarche du président Préval font peser sur leurs adversaires une certaine idée de soupçon. Ils font valoir la possibilité que le président et ses sympathisants cachent les réels motifs de leur démarche et la faisant passer pour légitime. D’où la légitimation. Tandis que le chef de l’Etat lui, apporte « une justification civique fondée sur un idéal d’égalité » mais aussi d’efficacité (de la constitution) à son « projet ».

Cependant chaque « camp » essaye de présenter un certain nombre de « principes supérieurs communs »[20] guidant sa démarche. Là encore cette démarche sera réellement justifiée suivant la capacité du « camp » en question à la « mettre en valeur »[21]. C’est-à dire arriver à toucher et convaincre un plus grand nombre de citoyens du bien fondé de sa position. Rien ne garantit pour autant que cette position soit réellement « fondée ». C’est pourquoi il nous a paru important de ne pas chercher si telle ou telle position est légitime mais de montrer comment les acteurs présentent eux-mêmes le caractère légitime de leur entreprise.

Renald LUBERICE



[1] Luc Boltanski, Laurent Thévenot, De la justification, les économies de la grandeur, Mesnil-sur-l’Estrée (France), 2005, P.53, Gallimard,

[2] Michel Volle, « brève histoire de la légitimité » http://www.volle.com/opinion/legitimite.htm#_ftn1 consulté le 7/11/07

[3] Leo Strauss, Natural Right and History, Chicago, The University of Chicago Press,1953, P. 14

[4] Claude Moïse et Cary Victor, version intégrale du "rapport sur la question constitutionnelle", http://radiokiskeya.com/spip.php?article4295, consulté le 10/11/07

[5] (Sous la dir.) Raymond Guillien et jean Vincent, Lexique des termes juridiques, (14eme ed.) Italie, Varese, Dalloz 2003, P. 154

[6] Voir La Constitution de 1987, Titre XIII

[7] Claude Moïse et Cary Hector, op. cit.

[8] « L’usage que dans le passé on a fait de cet instrument, notamment sous l’occupation américaine en 1918, sous la présidence de Vincent en 1935, au cours du règne des Duvalier en 1964, 1971 et 1985 » est la base de cette mesure. « Cette interdiction est par ailleurs assortie, toujours selon les auteurs du rapport, d’une procédure d’amendements parsemée d’obstacles pratiquement infranchissables. »

[9] Ce terme est très problématique. Dans un esprit strictement scientifique on ne peut pas parler de « diaspora » haïtienne. C’est pourquoi nous choisissons d’utiliser des guillemets.

[10] Cité par Nancy Roc, Alter presse, http://www.alterpresse.org/spip.php?article6540, consulté le 19/12/07

[11] Claude Moïse et Cary Victor, version intégrale du "rapport sur la question constitutionnelle", http://radiokiskeya.com/spip.php?article4295, consulté le 10/11/07

[12] Claude Moïse et Cary Hector, version intégrale du "rapport sur la question constitutionnelle", http://radiokiskeya.com/spip.php?article4295, consulté le 10/11/07

[14] Claude Moïse et Cary Victor, version intégrale du "rapport sur la question constitutionnelle", op. cit.

[15] Luc Boltanski, Laurent Thévenot, De la justification, op. cit. p. 54

[16] Claude Moïse et Cary Hector, Op. cit.

[17] CODECO, « Position officielle de la Coalition pour la Défense de la Constitution, Codeco d’Haïti, face à la crise constitutionnelle », www.codecohaiti.populus.ch

[18] Voir le Rapport Hector et Moïse, op. cit.

[19] Maurice Duverger, cité in « Rapport Hector et Moïse », op. Cit.

[20] Luc Boltanski, Laurent Thévenot, op. cit. p. 58

[21] Idem


Bibliographie

- Boltanski et Thévenot, De la justification – les économies de la grandeur, Mesnil-sur-l’Estrée, Gallimard, 2005

- Constitution haïtienne de 1987

- J.J. Rousseau, Du Contrat social, Manchecourt, France, GF Flammarion

- Leo Strauss, Natural Right and History, Chicago, The University of Chicago Press,1953

- (Sous la dir.) Raymond Guillien et jean Vincent, Lexique des termes juridiques, (14eme ed.) Italie, Varese, Dalloz 2003

- Michel Volle, « brève histoire de la légitimité »

http://www.volle.com/opinion/legitimite.htm#_ftn1 consulté le 7/11/07

- http://www.alterpresse.org/spip.php?article6540 consulté le 19/12/07

- http://radiokiskeya.com/ consulté le 19/12/07

- www.codecohaiti.populus.ch consulté le 19/12/07

- http://groups.yahoo.com/group/Haitianpolitics/

jeudi 13 décembre 2007

La servitude "capitaliste" volontaire

La servitude « capitaliste » volontaire

« Il ne faut plus rien donner » au capitalisme ! Si ce mode de production (et son système de valeur) perdure, se maintient, se consolide ce n’est pas parce qu’il est doté d’une force extraordinaire intérieurement, ce n’est pas grâce au génie de ses promoteurs mais à cause de ses plus virulents ennemis dont Marx et Engels. Le capitalisme ne puise pas sa force dans le marché mais dans les mouvements contestataires, dans les luttes pour la réduction du temps de travail, le pouvoir d’achat, l’augmentation de salaires, les congés payés etc.

Le capitalisme contient effectivement en lui « les germes de sa propre destruction », mais ces germes ne germeront pas parce que les différentes luttes susmentionnées écrasent paradoxalement les germes destructifs. La capacité de régénération du capitalisme vient de ces luttes, de bon nombre de mouvements sociaux, etc. Le capitalisme ne subsiste pas parce « qu’il a vaincu ses contradicteurs » mais parce que ceux-ci se mettent volontairement à son service. Adresser des critiques au capitalisme, c’est lui montrer son point faible. Ce qui lui permet de « mieux » s’améliorer.

Pourtant le capitalisme « connexionniste » mondial n’a jamais été si « faible » et fragile. La crise de 1929 corolaire d’un endettement américain supérieur à 130 % du produit national n’a rien à envier à la situation actuelle. La dette des E.U est de 230 % avec un emprunt (« de maintien ») journalier de 2 milliards de dollars ! L’interdépendance économique mondiale s’est accrue. « La crise des subprimes » est une bonne illustration de cette fragilité mondiale. Mais le capitalisme continuera de se maintenir grâce à ses ennemis qui ont donné à ses défenseurs les moyens de l’humaniser, les astuces de le consolider.

Les théoriciens qui ont permis la mise en œuvre de ces astuces, de la transformation des coups des ennemis en « cure de consolidation » ont fait écoles. Les plus importants sont : Lord Beveridge qui a permis d’humaniser le système en inventant la sécurité sociale, soutenant la demande cela permet de le stabiliser ; Lord Maynard Keynes qui préconise l’utilisation de la politique monétaire et budgétaire comme instruments d’accélération ou de décélération des secousses venant du marché mondial ; et Henry Ford qui préfère payer ses ouvriers pour qu’ils puissent lui acheter des voitures. En « humanisant », régulant, permettant les salariés de consommer, le système se perpétue et se consolide. Ce qui a pour effet de conquérir la confiance des gens et de masquer ses vices.

Les salariés habitués à d’importants salaires et à la sécurité sociale, les chômeurs habitués au RMI, les citoyens qui ont pris le goût des minimas sociaux n’accepteront à nullement de perdre ces « avantages » ou du moins ce qu’ils croient être des avantages. Ils n’imaginent pas une seule seconde que ces pseudos avantagent permettent au capitalisme de se maintenir. Que si on attaque aux salaires c’est à la demande qu’on attaque donc à la consommation, ce sur quoi le capitalisme repose. Quand des groupes sociaux descendent dans la rue pour demander plus de pouvoirs d’achat, la conservation des acquis sociaux, ils ont l’impression de militer pour leur propre compte en harcelant le système. Mais en vérité ils militent surtout et avant tout pour que le système se maintienne.

Le capitalisme n’a pas d’yeux pour voir ses absurdités, mais il peut toujours compter sur « les mouvements sociaux » qui lui dictent ce qu’il doit faire pour sa pérennité. On se met volontairement au service du capitalisme, qui lui n’a qu’à s’en réjouir ! Les règles du jeu capitaliste semblent universellement partagées.

Renald LUBERICE

mardi 11 décembre 2007

Comment devient-on militant?

Entretien réalisé par Cyril Vauzelle et Renald LUBERICE avec Patrick D.

Introduction

Répondre à cette question : « comment devient-t-on militant ? » suppose une analyse sociologique et comportementale d’un ou plusieurs militants politiques, l’évaluation du sens qu’il (s) donne (nt) à leur (s) actes et leur/son engagement. Ainsi nous avons mené une enquête, de type semi directif, visant à déceler les mécanismes qui font qu’à un moment donné un individu décide de militer et consacrer tout ou partie de son temps à des activités politiques –ici, il s’agit d’une seule personne et d’un travail qui se rapproche beaucoup plus d’une enquête biographique[1].

Notre supposition ou hypothèse de départ était que certaines prédispositions sociales sont plus favorables au militantisme ou à l’engagement politique en général. L’hypothèse « ne surgit pas au hasard ; elle correspond […] à des théories de l’activité sociale […]. On peut reconnaître une théorie des comportements qui attribue à la socialisation et aux groupes d’appartenance un rôle déterminant dans la formation des attitudes[2]. »

En effet, notre analyse se déroule en quatre parties à travers lesquelles nous reviendrons sur les pratiques de l’entretien grâce à une « réflexivité réflexe[3] » nous permettant de mener une autocritique, de révéler la « posture » méthodologique que nous avons adoptée tout au long de l’entretien. Enfin, nous commenterons analytiquement les résultats obtenus au cours de cette enquête « sociopolitique ».

I/ Rétrospection sur les pratiques de l’entretien.

A/ Posture méthodologique

Pour chaque entretien il est essentiel d’aborder les questions méthodologiques de manière centrale sans les dissocier des résultats obtenus. Les études sous formes d’entretiens rassemblées dans l’ouvrage de Pierre Bourdieu, La misère du monde, nous ont apportés un apport non négligeable surtout dans la manière de construire la relation sociale avec l’enquêté. Le « comportement » que nous avons adopté est dans un premier temps l’illustration de ce que nous attendons, en terme de « sincérité » et de « dévoilement » du contenu de la pensée, de l’enquêté. Notre attitude aussi bien anticipée que quasi-spontanée est le fruit des connaissances que nous avons acquises concernant les pratiques d’entretien.

Les efforts que nous avons produits à choisir une extériorisation de notre statut (étudiants en science politique) et de notre implication sur les objets de l’entretien (en n’ayant pas adopté une attitude de neutralité sobre) avaient pour but d’amener Patrick Dordain à parler de sa trajectoire politique, des origines de son engagement, principalement de sa position idéologique au sein du parti en toute quiétude. En outre, un autre objectif était d’appréhender les positions sociales de son entourage familial, ses lieux de résidences passés, etc. Afin d’établir une liste d’éléments (accessibles dans un entretien de cette nature) de l’histoire de l’agent qui peuvent avoir un rapport de causalité avec l’activité militante de notre interlocuteur.

B/ Le choix des pratiques

Nous avons mené un entretien semi directif dans lequel chacun de nous deux reflèterait, à certains égards, l’attitude « présupposée scientifique » (dans une vision hiérarchique d’une parole et des actes que renvoie un expert à un agent social qui entre en jeu dans son étude et qui n’a « a priori » pas les connaissances de l’individu avec lequel il entretient pourtant une relation sociale). Ce mode d’échange est basé sur un registre linguistique soutenu et une politesse insistante. Cette posture valorise l’enquêté en tant qu’objet d’enquête et donc source de savoir « scientifique ». Paradoxalement nous devions adopter une position plus familière et probablement plus consensuelle afin d’instaurer la relation d’intimité que nécessite notre enquête. L’interviewé, qui a un accès facile à la parole et une culture relativement importante, avait une très grande liberté dans la manière d’aborder le sujet. L’une de nos préoccupations était de recueillir le plus de données possible et d’avoir suffisamment de bagage pour comprendre son parcours et les mécanismes qui font qu’un individu (comme lui par exemple) choisisse de militer au sein d’un parti politique, surtout le FN. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’entretien a duré plus de deux heures.

C/ Les « contours » de l’entretien

Pour Répondre à notre problématique de départ, nous avons décidé d’interroger un militant ou dirigeant du Front National. Via Internet, nous avons contacté 4 dirigeants départementaux du parti dont Michel de Rostolan, ancien élu et secrétaire départemental du FN, le seul qui nous a répondu par le biais de Mme de Rostolan qui s’est chargée de planifier le rendez-vous au nom de son mari. Étant momentanément indisponible M. de Rostolan n’a pas pu répondre à nos questions, Patrick D., un ancien élu du Front, l’a remplacé. L’entretien a eu lieu deux semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle chez lui.

Le jour du rendez-vous nous nous sommes rendus à Breuillet (où habite notre enquêté). Etant en avance, nous avons décidé de visiter le village, il était 13h30, notre rendez est prévu à 14 heures. Une gare, un magasin Champion (qui n’est à 13h30 pas encore ouvert) et un café sont les principales activités que nous avons recensées. L’endroit est calme et relativement huppé. Le village ne ressemble pas du tout à l’image rependue de département fortement peuplé d’ « immigré » et de quartiers populaires que véhicule l’Essonne (91). Notre balade s’est achevée au café du coin. Les regards des vendeurs laissent croire qu’ils se sont tout de suite rendus compte que nous ne sommes pas de Breuillet. Après avoir pris chacun un café nous nous sommes dirigés chez Patrick D.

Arrivés au numéro 51 de l’avenue Magellan, surprise… Pas d’accès à l’entrée du pavillon. C’est à ce moment-là que nous voyons un homme tenant une muselière faisant signe à Cyril qu’il allait nous faire entrer mais qu’il faut d’abord museler un de ses chiens. Son chien muselé, nous pouvons alors entrer. Première consigne : même si le chien vous saute dessus il ne faut surtout pas bouger, rester calme et il ne vous fera pas de mal. Au moment où nous nous installons, apparaît sa femme qui nous salue et nous propose un café. Venant tout juste d’en prendre un j’aurais préféré refuser mais en vue d’« attirer de l’empathie » j’ai tout de suite accepté. Son chien arrive et nous saute dessus l’un après l’autre. J’ai dû respecter les consignes, bien que les chiens ne soient pas ma « tasse de thé ». La première question à laquelle j’ai eu droit était : quelle est votre nationalité ? J’ai répondu : haïtienne ! Mon interlocuteur semble n’avoir pas compris. J’ai répété : je suis des Antilles. J’ai joué sur l’ambiguïté, puisque Haïti fait partie des Grandes Antilles. Il a répliqué : ah, les Antilles c’est français, on est français ! Là je me suis dit qu’il n’aura pas de mal à s’exprimer librement concernant les étrangers puisqu’on est trois français autour de la table. Cyril quant à lui n’a pas eu droit à cette question. D’ailleurs, à l’entrée il ne s’est pas adressé à moi mais à Cyril. Bien que ce soit moi qui ai pris rendez-vous avec lui, qui lui ai expliqué au téléphone de quoi il s’était agi. Ce n’est qu’à la dernière minute que je lui ai dit que je serai avec un collègue le jour de l’entretien.

Notre entretien semi directif d’une durée d’environ deux heures et demi s’est déroulé autour d’une table, dans un cadre « assez bureaucratique » et religieux. La décoration intérieure était essentiellement religieuse et sobre. Des effigies de Marie et d’autres symboles chrétiens sont répandus dans les quatre coins de la maison.

II/Socialisation politique

A/ Adhérer et militer

Notre ami à un « CV politique » important : « J’ai été pendant 6ans conseiller régional d’île de France, j’ai toujours milité depuis 83 dans ce mouvement (FN), aujourd’hui dans le département j’ai la responsabilité d’organisation d’élections. Il a commencé à militer dès ses 18 ans. Les responsabilités qui lui sont données sont dues selon lui à l’expérience qu’il a acquise. Nous y reviendrons.

On ne peut pas comprendre pourquoi ni comment un individu a décidé de militer ou d’adhérer au FN sans questionner son passé, ses origines sociales et les rapports qu’il a entretenus avec les autres partis politiques, notamment en cas d’adhésion préalable à un autre parti, ses proches et/ou la société en générale, et ses rapports particuliers avec la politique[4].

Après avoir adhéré vers la fin des années 60 à l’UD5eme, Patrick D. s’est tout de suite consacré à ses activités militantes : collage d’affiches, participation à des meetings, tenir des bureaux de vote etc. Il sera bientôt secrétaire de canton. Vraisemblablement, il a eu jusque là des idées de droite « modérées ». Il n’existe pas non plus de contradiction majeure entre ses idées personnelles et celles de son parti, sinon il aurait démissionné. Il a fallu attendre l’élection présidentielle de 1981 pour qu’une divergence entraîne son départ : « il y avait eu une réunion et il nous avait été dit que pour préserver l’intérêt du mouvement il était hors de question de voter Giscard d’Estaing au deuxième tour. Ça je l’assume, on nous l’a dit clairement, il sera hors de question de voter Giscard d’Estaing [....] Bon. Et moi je n’ai pas accepté. Parce que j’ai un désavantage ou un avantage, c’est que je tiens à ma liberté de parole »

Patrick D. usant de son pouvoir local, secrétaire de canton, n’a pas respecté la décision de ses supérieurs hiérarchiques, donc de son parti. Il a écrit aux adhérents qu’il ne faut pas voter Mitterrand mais Giscard. La sanction ne s’est pas fait attendre, il a été tout de suite expulsé du parti. C’est à ce moment-là qu’il a décidé d’adhérer au FN dans le but « d’assumer sa politique à droite. » dit-il.

Comment passer des idées de droite modérées à des idées de droite « extrêmes » ? Ou comment peut-t-on passer de L’UDR au FN ?

On a vu récemment le cas d’Eric Besson, homme de « gauche » ayant assuré d’importantes fonctions au sein du PS notamment aux cotés de Lionel Jospin lors de l’élection présidentielle de 2002 et récemment auprès de Ségolène Royal qui, après s’être querellé avec l’ex candidate socialiste a quitté le PS pour rejoindre le Camp de Nicolas Sarkozy. A rappeler que M. Besson n’était pas un simple économiste au sein du parti mais aussi un élu socialiste. Ce cas qui s’est apparemment inscrit dans le « faits divers politiques » nous interroge sur le rôle effectif de l’idéologie dans le choix d’adhésion à un parti politique ou d’un « revirement » tout court. Pierre Bourdieu a révélé dans un documentaire télévisé[5] le fait que S. Royal aurait choisi d’adhérer au PS non pas par conviction mais par un calcul « pragmatique » sur les opportunités de carrière qu’offre la gauche de F. Mitterrand par rapport à la droite. Le « revirement » de Patrick D. ne sera pas dû à une opposition idéologique, à savoir un désaccord avec les idées de fond de son parti, mais à un choix conjoncturel et politique qui oblige l’UDR dans le but de sauvegarder ses intérêts électoraux à préférer Mitterrand à Giscard. L’enquêté aurait probablement gardé sa place à l’UDR si le problème du choix entre Mitterrand et Giscard ne s’était pas posé ou si ses supérieurs hiérarchiques ne l’avaient pas expulsé du fait qu’il n’a pas respecté la décision du parti. On pourra à juste titre se demander pourquoi Patrick D. a choisi le FN et pas un autre parti. Nous tenterons d’y apporter deux explications. Sa famille est à l’origine de la première.

A travers les valeurs religieuses qu’elle lui a transmises, il voit au Front National un moyen de sauvegarde et de remise en valeur d’un patrimoine social et identitaire « menacé ». Patrick D. fait tout ce qui est en son pouvoir pour transmettre ces valeurs « sociales » et religieuses à ses propres enfants. Son fils, par exemple, a fait six ans de séminaires, tous les dimanches, avec sa famille, il va à l’église, suit la messe en latin… En étant plus de l’UDR (qu’il appelle UD-Vème), il croit que le FN est le seul parti apte à défendre ses valeurs « sociales » et religieuses.

La deuxième explication est le fait qu’il a probablement tout de suite compris, après son expulsion, que le FN lui offre plus de possibilité de carrière politique que ne lui offre l’UDR. Il a adhéré à l’UD-Vème République –ou UDR- après les évènements de mai 68. Il y est resté jusqu’en 1981. Pendant cette période, « coller des affiches, tenir des bureaux de vote et secrétaire de canton » sont les principales fonctions qu’il a remplies. Or dès son arrivée au FN il a été choisi comme Secrétaire fédéral puis candidat au conseil départemental (élections régionales de 1986) où il a été élu Conseiller régional d’Ile de France, une aubaine, car l’UDR semble ne pas lui avoir offert de telles perspectives.

Patrick D. est issu d’une famille relativement aisée qui, elle-même s’intéresse à la politique, d’où sa précocité. « [Mon père] a rendu des services pour tenir des bureaux de vote de là où on habitait, et ma mère aussi. Mais…entre la famille et autres on faisait des petites réunions le soir des élections. Bon voilà, mais…pour écouter les résultats. Et donc, tout doucement la maturation et après je vous dis j’ai connu des gens que mon père connaissait et puis, avec des copains, on est rentrés là- dedans. Histoire de… voilà… ». Famille de tradition gaulliste, P.D s’inscrit dans la même lignée idéologique. A 18 ans, avec des amis, il adhère à l’ UD 5eme. Il n’ignore pas le rôle déterminant que joue l’environnement familial dans l’engagement politique : « Je crois que le cheminement, pour en avoir discuté avec beaucoup de gens, le cheminement de quelqu’un qui s’engage dans un mouvement politique ça part d’une certaine réflexion et ça part d’un environnement familial, déjà ça c’est le premier point. Moi j’ai toujours vécu dans une famille qui s’intéressait à la politique, on en parlait à la maison à table quand on était môme! ».

B/ Le rôle de la famille

La famille assure la retransmission d’un « capital culturel politique ». Dans le cas de Patrick D. c’est une reproduction idéelle familiale quasi-fidèle qui perdurera jusqu’en 1981, date de sa rupture avec l’UD5eme. Ce « capital culturel politique » peut être aussi transmis par l’école, ou en adhérant à des associations, syndicat ou autre mouvement de ce type. Notre interviewé croit que la cellule familiale est plus que déterminant : « Voilà, donc ce n’est pas à l’école que cela s’est fait, c’est pour cela que j’insiste sur la cellule familiale. Et je me suis rendu compte que ceux qui arrivaient à être élus etc. c’est d’abord parce qu’on avait reçu une certaine éducation, certains modes de réflexion…et ce que je vois toujours, c’est que les élus ou ceux qui arrivent à occuper un certain nombre de fonctions, sont issus au départ, dans leur enfance, d’une famille intellectuellement, relativement, intéressante et financièrement, relativement aisée. Ce qui était mon cas. »

P.D met à maintes reprises l’accent sur ses idées de droite « qu’il assume », là encore sa famille, dans les valeurs qu’elle lui a transmises, a joué un rôle important au point où il est pour lui inconcevable aujourd’hui de les remettre en question car il est convaincu de leur bien-fondé. D’abord son père a occupé des places importantes dans l’industrie automobile. Là où il a dû être confronté à plusieurs reprises à des mouvements syndicaux, « événements contraires à sa pensée politique ». Dès son plus jeune age Patrick assiste lors des dînés aux critiques virulents de son père vis-à-vis des syndicats. Sa famille lui a également transmis la « les valeurs catholiques » qu’il pratique avec piété.

C/ L'importance de la religion catholique.

Nous avons découvert au fur et à mesure de l'entretien que Patrick D. était un catholique pratiquant, son conservatisme le pousse à se prononcer en faveur de la messe en latin. Sa confession religieuse est d'ailleurs centrale dans son engagement politique. Il prétend que « la religion, malgré ce que disent [les] évêques français, n’est pas incompatible avec l’appartenance au Front National ». Dans l'idéologie de notre militant, le catholicisme fait parti des « traditions » et des « valeurs » à préserver. Ainsi, comme il nous le présente directement, il s'inscrit dans la lignée idéologique catholique du parti, qui est pourtant remise en cause par Marine Le Pen. Nous voyons donc se dessiner les contours de l'ennemi systématique qu'est le « système » et dans lequel la laïcité possède une place en tant que « perversion, c’est-ce qu’on voit tous les jours. C’est-à-dire qu’on respecte plus rien, on ne croit en rien et un peuple qui perd ses repères est un peule qui va mourir ». Ces propos sont fondés sur une littérature frontiste reprenant des thèmes très anciens et souvent réactionnaires comme « l'anti-maçonisme » et le sionisme.

Le personnage de Patrick D. et la politique sont intrinsèquement liés par la religion catholique et il a forgé son identité politique graduellement dans le temps grâce à la « maturation » apportée par le soutien des théories du front national. Les pratiques quotidiennes du politique « institutionnel » sont clairement en contradiction avec les « convictions » de Patrick D. qui a de la nation française l'image d’un peuple menacé par des facteurs tels que la mondialisation, « l’Europe de Bruxelles » comme il l’appelle, etc. Pour lui la France est en danger. L'homme de 58 ans est au chômage depuis trois ans. Il a des problèmes de santé qui l’empêchent de boire le litre de café journalier qui lui tient tant à coeur, nous raconte-t-il avant le début de l'entretien. Un autre grand danger pour la France et l’Europe est l’islam. Patrick Dordain nous révèle une discussion qu'il a eue avec des « amis tunisiens qui sont des musulmans pratiquants bien intégré, qui travaillent ». Il met en exergue le caractère dangereux de la religion musulmane : « Si on va accepter cette civilisation de fous furieux qui, d’abord, ira tuer leur propres frères, parce qu’ils les auront trahi, avant de nous tuer, nous chrétiens ». « La peur de l’autre » comme le qualifie certains sociologues, est au cœur des « convictions » de Patrick D. Nous constatons petit à petit que Monsieur Dordain a construit son idéologie et son discours sur une base profondément religieuse qui se réfère à la doctrine sociale de Léon XIII qui prône « des rapports entre les ouvriers et les patrons [...] apaisés ». Il y avait donc à travers la religion une certaine prédisposition à épouser les idées du Front National ou du moins celles de la mouvance qui se revendique de Bruno Gollnisch.

III/ Pratique militante et Identité politique

A/ Activité politique permanente et ponctuelle

Son engagement, il le prend à 18 ans au parti gaulliste UD-Vème République. « […] dès que j’ai eu dix huit ans je me suis retrouvé encarté, pris dans le cercle avec des copains ! ». Il reprend à ce moment là les convictions de son père, qui était apparemment non adhérent mais grand admirateur du gaullisme. Avec l'âge et l'expérience, Patrick .D, renvoyé de l'UDR, s'est radicalisé en se tournant vers le Front National. Nous avons déjà donné quelques pistes d'analyse concernant ses opinions religieuses et la prédominance du gaullisme dans l'environnement familial, en vue de montrer la proximité des idées avec celle du FN avant même qu’il n’y entre. Nous allons donc nous orienter vers les pratiques actuelles du militant à l'intérieur de l'institution partisane.

« (R.L) C’est-ce qui vous intéresse le plus dans votre travail au parti, par rapport à l’administration du parti par exemple, non?

(P.D): Oui! Oui! Oui! On est un parti de militants. Je vais vous citer un exemple: lundi soir, je fais une opération collage avec le parisien de l'Essonne. Parce que les gens du parisien de l’Essonne ont remarqué que sur la francilienne, on avait mis des affiches, des bandeaux, des flammes Le Pen, etc.. [...] Ils sont venus lundi soir, on les a emmenés faire une séance d’affichage dans les villes rurales. Donc est avant tout un parti de militants. On a presque plus, je dirais, dans la rue de militant pour aller coller ou tracter, que n’en a le RPR. Monsieur Dassault –dans l'Essonne - est obligé de payer des gens pour aller coller des affiches. »

Après avoir été secrétaire de canton et mis à la porte de l’UDR, il décide de rejoindre le Front National en 1981. Sans relation antérieure avec le FN, on lui confie rapidement ses premiers rôles. Ceux-ci se bornent à l’organisation du parti lors d’élections jusqu’à sa nomination comme secrétaire départemental. La pratique militante se fait plus sur le volontariat et la participation spontanée, ce qui fait la force de ce parti. Le militantisme représente beaucoup de temps à consacrer au parti. En fait, Patrick. D est un homme fidèle et dévoué corps et âme au parti. Il n’hésite pas à prendre position et il a toujours montré son engagement par exemple dans un article qu’il a écrit sur la Franc-maçonnerie dans un journal d’ultra droite nationale : Rivarol. Patrick D. se définit comme un « homme de valeur ». Il voue une véritable passion à la politique. Étant un ancien élu : « J’ai été pendant 6ans conseiller régional d’île de France, j’ai toujours milité depuis 83 dans ce mouvement, aujourd’hui dans le département j’ai la responsabilité d’organisation d’élections, de former toutes les équipes, les secrétaires de circonscription, de proposer les listes de candidats pour les législatives… voila par l’expérience que j’ai acquise, on m’a confié dans ce département cette responsabilité ». Patrick D. croit que l’activité de collage d’affiche n’est pas électoralement très rentable : « Le déplacement des voix n’est même pas de 1%. Donc le collage ne sert à rien. ». Cependant, il prétend faire ça pour les jeunes militants, pour entretenir l'image du parti dans la région et pour servir ses convictions.

Dans les premières minutes de l'entretien, l'enquêté nous a tout de suite parlé du « danger » que représente l'engagement politique au FN dans la vie privée pour n'importe quel militant. Il y a donc eu un désengagement politique volontaire de la part de Patrick D., même s’il se définit comme un « homme de valeur et de convictions ». Il n’a de cesse de revendiquer sa liberté de parole qui semble lui être très chère au sein de son parti : « la force [...] d’avoir la liberté de paroles. » Il met en exergue les articles –à la fin de l’entretien il nous a donné à chacun un exemplaire de Rivarol, la manière d’y traiter les articles peut franchement choquer quelqu’un qui n’est pas familier aux idées et à la littérature « d’extrême » droite- qu’il a écrits dans certains petits journaux d’extrême droite sur notamment la franc-maçonnerie, comme si son rôle, à l'intérieur du parti, avait pris une tournure littéraire et idéologique. Or, nous avons tendance à considérer cette posture comme une volonté consciente ou inconsciente de se valoriser à nos yeux comme homme de lettre. Néanmoins les oeuvres qu'il nous a présentées, comme faisant partie de sa bibliothèque, traitent toutes majoritairement de la franc-maçonnerie et parfois du système financier « mondialiste ».

L’organisation du parti se veut hiérarchique. Mais celle-ci est moins rigide que certains autres partis. Cela est dû au fait que les adhérents et militants sont moins nombreux et que les représentants sont plus accessibles, donc plus proches des électeurs : M. Le Pen a déjà apporté physiquement son soutien à Patrick D. lors de certaines élections locales. Les militants et certains élus distribuent ensemble des tracts, collent des affiches…

B/ Adhérent d’un parti anti-système ?

A la question : « C’est quoi pour vous être de gauche/de droite/communiste/ vert/etc. aujourd’hui ? Patrick D. argue l’inexistence de différence aucune entre la gauche et la droite.

« Sur le fond idéologique, il n’y a pas de différence entre la gauche et la droite. Pourquoi ? Parce que ce sont des gens qui obéissent à quelque chose de beaucoup plus important. Qui obéissent, un à Bruxelles mais qui obéissent au dessus d’eux à d’autres structures beaucoup plus importantes, beaucoup plus cachées et qui sont « les maîtres du monde ». Je vais prendre un exemple beaucoup plus simple. Vous avez probablement étudier dans vos études ce qu’est la Trilatérale. C’est un organisme mondialiste dans lequel siègent un certain nombre de capitaine d’industrie, des PDG de grands groupes industriels : américains, etc. qui font « l’omnipotence de la trilatérale » Cela a donné naissance au sommet de Davos et au CFR (Council Foreign Relation) où vous avez des gens de la trilatérale qui siègent dedans. C’est là où tout se décide. Il faut savoir que tous les présidents américains sont issus du CFR. C’est-à-dire c’est une entité idéologique et financière pro-sionniste. Et là on pourra parler d’antisémitisme ! Tout est issu de là. Et ils sont tous issus de cette branche. Donc déjà il ne faut pas s’étonner forcément des relations que les américains ont avec Israël parce que…voilà. En France au niveau de la trilatérale, vous avez Dominique Strauss Kahn qui siège à la trilatérale. Comme Pierre Lelouch qui est le conseiller des affaires étrangères de Sarkozy. Ils siègent dans les mêmes groupes. Donc, comment voulez vous que ces gens dans les mêmes groupes puissent après nous dire, en France, nous expliquer qu’il y a une gauche, qu’il y a une droite. Bien sûr y’a une gauche parce que des fois il faut un peu plus de rose, une droite on lui fout un peu plus de blanc pour dire à ce bon peuple qui écoute tous les jours à la télévision : mais dans ce pays il y a une gauche et une droite. Par relation, on parlait des extrêmes tout à l’heure, par relation on vous dit, oui mais Le Pen c’est l’extrême droite parce que eux il faut bien qu’ils justifient qu’il y a une gauche et qu’il y a une droite. En réalité, ils sont issus de la même chose. C'est-à-dire que le mondialisme, la trilatérale, le CFR et d’autres organisations tiennent en main un système. […]»

L’interviewé part dans un long discours qui peut avoir plusieurs effets sur nous en tant qu’apprentis « socio-politologue ». Soit on « acquiesce » et il poursuit sa thèse qui vise essentiellement à nous montrer que tous les autres sont du même moule et que le FN est le seul « vrai » opposant, c’est-à-dire « anti-système ». Soit on l’interrompt avec des questions qui révèleraient notre « désapprobation ». Soit on se comporte comme des élèves face à leur maître qui leur inculque un savoir leur étant jusque-là étranger. Nous avons choisi la stratégie de ne pas l’interrompre. D’ailleurs, il est important de considérer qu’au moment où nous menions l’entretien (deux semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle), nous étions tous les deux des électeurs potentiels. La stratégie de Patrick D. visait aussi à nous convaincre. C’est probablement pour cette raison qu’il insistait à nous demander ce que nous en pensions.

Par ailleurs, notre interviewé n’est pas sans savoir qu’il y a eu dans le temps (lors des élections régionales de 1986 par exemple) des listes RPR-FN. Franz-Olivier Giesbert[6] rapporte qu’en 1988, il y avait en perspective une alliance entre Chirac et Le Pen, le futur président l’a finalement refusée et a écarté toute possibilité d’alliance avec FN pendant ses deux mandats présidentiels. De ce point de vue le FN et notre ami ne sont pas si « anti-systèmes » que ça. Si FN est « anti-système », il l’est de facto. C’est-à-dire à cause des raisons que nous venons d’évoquer. N’est-ce pas Pierre Bourdieu qui nous a faits la démonstration que le fait qu’un parti politique quel qu’il soit accepte de concourir aux élections est la preuve de l’acceptation implicite ou explicite des « règles du jeu », sinon il ne concourrait pas.

Ce refus de se situer dans des bloques gauche/droite s’inscrit dans une autre dynamique binaire qui fait qu’on est soit « mondialiste » soit « anti-mondialiste ». Selon Patrick D. « l’altermondialisme n’existe pas ». C’est une autre façon de désigner un ennemi qui n’est pas de l’intérieur mais de l’extérieur. Les concurrents de l’intérieur sont critiqués parce qu’ils acceptent de coopérer avec les ennemis de l’extérieur qui vont conduire tôt ou tard à la « suppression de la France en tant que nation ». Le positionnement du FN par rapport aux autres partis vise à légitimer et crédibiliser originalement son « essence » dans le champ politique et par là donner l’espoir à celles et ceux qui perdent espoir – un espoir qui n’est pas forcément justifié d’ailleurs- dans les partis dits institutionnels.

B/Divergence et convergence internes

Patrick D. se sent plus proche de Bruno Gollnisch que tout autre personnalité du Front. Parce qu’ils partagent un même point de vue de la façon dont il faut mener la bataille pour pouvoir la gagner. La victoire ne serait possible qu’après avoir mené un combat idéologique en vue « d’expliquer au français ce qu’est le système ». Ces derniers n’y comprennent rien, pour la seule et bonne raison qu’ils « lisent pas ou très peu ». Ils se contentent de « regarder la télé » qui est un outil du système. « […] j’ai appris, je me suis formé et je pense aujourd’hui que j’ai bien identifié le système, que les français eux n’ont pas autant identifié et c’est pour ça que des fois je ne suis pas tout à fait d’accord avec certaines choses au Front National et je suis de ceux qui disent que…Yen a chez nous, c’est le cas de Marine Le Pen par exemple qui considèrent qu’il ne faut pas mélanger idéologie et politique. Moi je suis de ceux qui disent qu’on ne peut pas mener un combat politique sans mener un combat idéologique. C’est mon créneau. Moi je pense qu’on arrivera un jour à gagner que si on explique aux français quel est ce système et comment il fonctionne c'est-à-dire qu’il faut…Vous voyez la réaction : Le Pen a été l’autre jour devant les étudiants de Sciences-Po, ils l’ont hué. Je n’ai pas été surpris. Ils sont formatés, ils sont formatés à l’idéologie ambiante, ils sont formatés au libéralisme, ils sont formatés au mondialisme, ils sont formatés à la nécessité de l’immigration donc ils sont idéologiquement… » Patrick D. ne se revendique pas d’un courant particulier au sein de son parti. Mais il se reconnaît éloigner de Le pen et de sa fille, lesquels, contrairement à lui, sont trop favorables à l’arrivée des francs-maçons au sein du parti. Il est de ceux qui revendiquent l’instauration d’un pouvoir fort qui soit capable de restaurer un « certains nombre de valeurs ». Il dénonce par exemple la loi de 1905 relative à la séparation de l’église et de l’Etat.

Conclusion

Cette enquête n’a pas su –et n’avait pas non plus la prétention- révéler des mécanismes universels qui seraient à la base du militantisme ou de la décision d’adhérer à un parti politique. Elle ne donne pas d’indication qui permettrait d’établir de loi sociale, de théorie générale, ni quelconque généralité pouvant expliquer « comment on devient militant ». En revanche, après l’analyse du parcours et des motivations de notre enquêté et surtout en nous appuyant sur les études sociologiques qui ont été préalablement faites sur la question, nous pouvons dire que l’origine sociale (suivant que les parents s’intéressaient à la politique ou non), la religion, les parcours individuels, les participations syndicales ou associatives, etc. sont autant d’éléments qui jouent un rôle déterminant dans le choix d’adhésion à un parti politique. Toute la difficulté est de déterminer l’exact rôle de chacun de ces éléments dans le choix d’adhésion et de militantisme.

Dans le cas de Patrick D. l’engouement de sa famille pour la politique est sûrement l’élément déclencheur de son adhésion et son choix de militer. Son origine sociale a déterminé (ou conditionné) son orientation à droite. Son expulsion de l’UDR, sa foi catholique (conservateur), son patriotisme accru, sa peur de voir « disparaître » ‘l’identité française’ et, probablement, les possibilités de carrière politique que lui a offertes le FN sont des éléments pouvant expliquer son durcissement idéologique.

Le degré de pugnacité de chaque individu, qui peut être dopé par l’environnement social, ne serait-t-il pas plus approprié à expliquer pourquoi certains s’engagent au sein d’un parti politique et pas d’autre ? La psychologie, en particulier le béhaviorisme, pourrait apporter d’importante contribution à notre réflexion.

Bibliographie

- Giesbert (F), La tragédie du président, « scène de la vie politique » (1986-2006), Flammarion, 2006

- Bourdieu (P) (dir.), La Misère du monde, Paris, Le Seuil, 1993

- Mayer (N.), Perrineau (P.) (dir.), Le Front national à découvert, Paris, Presses de la fondation national des sciences politiques, seconde édition, 1996.

- Kaufmann (J.C.), L'entretien compréhensif, Paris, Nathan, collection « sociologie 128 », 1996

- Lagroye (J), François (B), Sawicki (F), Sociologie politique, presses de sciences Po et Dalloz, cinquième édition, 2006

Vidéographie

- Pierre Carles, La sociologie est un sport de combat - Pierre Bourdieu - durée 2h26, France 2001. Sortie nationale le 2 mai 2001, C-P productions, Distribution : Cara M

Site Internet

http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/DEA/antoniettig/these_notes.html (Consulté le 11/05/05)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Gollnisch (consulté le 11/05/07)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_(parti_fran%C3%A7ais (consulté le 5/04/07)



[1] Au départ on avait prévu une enquête semi directif qui s’est à peu près transformée en une enquête biographique. C’était important en vue de la compréhension de la trajectoire de notre enquêté.

[2] Lagroye (J), François (B), Sawicki (F), Sociologie politique, presses de sciences Po et Dalloz, cinquième édition, 2006

[3] Le terme est bourdieusien

[4] Il y a des gens qui adhèrent au FN parce qu’ils sont tout simplement déçus des offres politiques des autres partis. Voir J. Blondelet et B. Lacroix in N. Mayer et P. Perrineau (dir.), Le Front National à découvert, Paris Presses de la FNSP, 1989

[5] Pierre Carles, La sociologie est un sport de combat - Pierre Bourdieu - durée 2h26, France 2001. Sortie nationale le 2 mai 2001, C-P productions, Distribution : Cara M

[6] Franz-Olivier Giesbert, La tragédie du président, « scène de la vie politique » (1986-2006), Flammarion, 2006