dimanche 31 janvier 2010

Carte de risque sismique de l'ile d'Haïti

Carte de risque sismique de l'ile d'Haïti

samedi 30 janvier 2010

La stupidité a désormais un nom, elle s'appelle Georges Samuel Antoine, consul haïtien au Brésil

La stupidité a désormais un nom, elle s'appelle Georges Samuel Antoine, consul haïtien au Brésil.

Scandale autour des déclarations d’un diplomate haïtien au Brésil

vendredi 29 janvier 2010

P-au-P, 28 janvier 2010 [AlterPresse] --- Un scandale a éclaté autour des déclarations du consul haïtien au Brésil, Georges Samuel Antoine, qui a affirmé que le séisme du 12 janvier a été bénéfique pour son pays et que l’héritage culturel africain d’Haïti est une malédiction.
Le tremblement de terre est « bon » pour Haïti parce que grâce à lui « nous sommes plus connus », déclare le diplomate. Il ajoute que « tout lieu habité par des africains est maudit », selon ce que rapporte le correspondant du quotidien espagnol El Pais à Rio de Janeiro.
Ignorant que les microphones étaient ouverts, le diplomate s’est laissé aller peu avant d’accorder une interview.
Georges Samuel Antoine assimile la mort soudaine de près de 200.000 personnes et la destruction d’innombrables biens à un bon catalyseur de publicité.
Selon lui, la cause du séisme du 12 janvier est à chercher dans la pratique du vaudou. Les Haïtiens et Haïtiennes « pratiquent tant le vaudou qu’ils ne comprennent plus ce que cela représente. L’africain en soi est porteur de malédiction », renchérit-il.
Au Brésil où les pratiques vaudou existent également sous la forme du Macumba, l’on s’attend à ce que le gouvernement haïtien prenne position contre ces propos considérés comme une injure au peuple haïtien et aux Africains.
Georges Samuel Antoine a présenté des excuses, tout en affirmant que ses propos ont été mal interprétés. Le diplomate, qui vit au Brésil depuis 35 ans, a également prétendu ne pas maitriser le Portugais. [kft gp apr 29/01/2010 12:00]

vendredi 29 janvier 2010

Brady, H.E. & Collier, D., 2004. Rethinking social inquiry. Diverse tools, shared standards, New York: Rowman

Brady, H.E. & Collier, D., 2004. Rethinking social inquiry. Diverse tools, shared standards, New York: Rowman and Littlefield Publishers.

Par Renald Lubérice


Cet ouvrage constitue véritablement une réponse au livre de S. Verba, R.O Keohane, G. King, Designing Social Inquiry: Scientific Inference in Qualitative Research. Les termes de l’ouvrage que nous commenterons sont : La recherche scientifique, « Problemation » et théorisation déductive (76), le compromis.

La recherche scientifique (p. 22) suppose, au premier abord, la capacité à faire une certaine opération mentale permettant de tirer une conclusion (qui peut être provisoire) à partir d’une série de propositions considérées comme étant vraies. Autrement dit, elle tend à faire des inférences en essayant de déduire à partir de données immédiates quelque chose de plus large qui n'est pas directement observé (ou observable). L’idée d’inférence est ici centrale.

Ensuite, une autre caractéristique de la recherche scientifique est qu’elle révèle publiquement ses modalités de travail, en précisant comment les cas ont été sélectionnés, comment les données ont été recueillies, etc. c’est important, voire nécessaire, pour que la recherche puisse être soumise au jugement de la communauté scientifique. C’est, entre autre, à partir de ces éléments qu’elle en jugera les qualités et la plausibilité des conclusions.
Citant S. Verba, R.O Keohane, G. King, Designing Social Inquiry: Scientific Inference in Qualitative Research, Brady, H.E. & Collier, D. affirment « If analyst do not report how they conduct their research, then ‘‘ [w]e cannot evaluate the principles of sélection that were used to record observations, the way in wich observations were processed, and the logic by wich conclusions were drawn » (p.23).

L’accent est également mis sur le degré d’incertitude des inférences en sciences sociales. L’aspect de l’évaluation de la recherche scientifique est avant tout la méthode utilisée. C’est probablement l’un des aspects distinctifs entre le travail du chercheur en sciences sociales et celui du journaliste qui, lui, n’est pas tenu de révéler ses sources ni ses méthodes.

Quant à ‘‘la’’ vérité scientifique, qu’il s’agit des sciences dites dures ou celles dites molles, il faut, à notre sens, la considérer dans sa « provisoirité ». Toute vérité scientifique est provisoire, car elle susceptible d’être remise en question par une nouvelle vérité. Le géocentrisme a été la vérité jusqu’à ce que l’héliocentrisme ne vienne le remettre en question. La recherche scientifique ne devrait faire l’économie de cette donnée inhérente à la nature même de la science, au-delà des distinctions entre différents « types » de sciences.

« Problemation » et théorisation déductive (76) : Tout comme dans les sciences naturelles, l’inférence se révèle plus efficace en procédant primo à l’élaboration d’un modèle claire tout en formulant des hypothèses de travail, secundo en testant les « implications déductives » de ce modèle tout en mettant particulièrement accent sur les implications apparaissant a priori les moins plausibles, tertio en mettant à l’épreuve (empirie) ces implications a priori non plausibles.

Il s’agit là d’une proposition de rigueur qui ne s’éloigne pas, du moins dans l’esprit, des Règles de la méthode sociologique (1895) durkheimiennes. L’exemple cité ne cache pas un penchant à considérer un « fait social », objet du travail du politiste, comme une chose. La Théorie de Relativité d’Einstein est pris par les auteurs comme exemple classique versus le modèle classique newtonien.

Toutefois Ronald Rogowski conclut : « DSI, I contend, emphasizes the third part of scientific inquiry, the rigorous testing of hypotheses, almost to the exclusion of the first two - the elaboration of precise models and deduction of their (ideally, many) logical implications - and thus points us to a pure, but needlessly inefficient, path of social-scientific iquiry. » (77)

Compromis (221): Dans la méthodologie en science sociale, toutes les bonnes choses ne vont pas nécessairement de paire. D’où la nécessité de compromis que prônent les auteurs dans les recherches en sciences sociales. Cette idée est également exprimée par John Gerring (2001), Social Science Methodology : A criterial Framework. Travailler avec des concepts, développer des propositions et mener des recherches impliquent l’existence de terrain d’ententes entre les différents chercheurs de la discipline, au-delà des écoles qui, parfois, peuvent s’apparenter à de véritables chapelles (voir Salvador JUAN, Méthodes de recherche en sciences socio-humaines. Exploration critique des techniques. Paris, Presses Universitaires de France, coll. Le Sociologue, 1999).

Proposant des compromis méthodologiques, les auteurs soulignent que Gerring avait déjà proposé des compromis quant aux concepts de différenciation, d’opérationnalité, de familiarité, de résonance, d’utilité théorique, etc. Toutefois le compromis ne doit pas avoir d’incidences négatives sur le but poursuivi par le chercheur. Il doit se faire dans le respect des outils théoriques utilisés.

S’il faut incontestablement une « méthodologie standard » qui puisse faire office de terrain commun aux différents chercheurs en sciences socio-humaines – Juan propose le terme Sciences Socio-humaines en vue dépasser le clivage entre sciences humaines d’une part et sciences sociales de l’autre – il est un versant du problème qui est lié à la nature même de l’objet. Notre objet d’étude est étonnamment mouvant et ce sont de surcroît des « êtres parlants » ou des objets produits par eux et par leurs interactions. Nous sommes à la fois sujet et objet des sciences « socio-humaines ». Ces différents facteurs peuvent concourir à donner une explication satisfaisante des difficultés rencontrées.

Par ailleurs une bonne partie de l’impossibilité du compris pourrait provenir des différentes visions que les chercheurs ont eux-mêmes de la réalité et du monde, visions qui ne sont pas sans interférences sur nos choix méthodologiques et épistémiques. Dire que les sciences socio-humaines peuvent être une science dans la mesure où on peut mener des Enquêtes, qu’il existe une relation avec l’empirie, qu’on peut faire de l’expérience et après généraliser (voir Mortimer J. Adler, 1993. The four dimensions of philosophy. Methaphysical moral objective categorical) ou, à l’inverse dire qu’on ne peut pas faire tout cela, procède de visions spécifiques du monde. Peut-être en reconnaissant que nos approches méthodologiques ne sont pas totalement neutres, nous serons conduits à systématiser la « réflexivité » (P. Bourdieu) dans nos entreprises scientifiques.

dimanche 24 janvier 2010

samedi 16 janvier 2010

Pour Welmid Ravix

Mi Hermano, mi monje, mi anacoreta…

A tout jamais, me dire que tu disparais? Toi, Welmid ? Non, je ne peux pas… Non. Je ne pourrai pas !

Tu es de ces êtres si précieux, si rares que nul n’acceptera de perdre. Je ne peux pas… je ne veux pas te perdre. Tu as été mon frère, mon ami, mon confident. Tu es mon frère, mon ami, mon confident. Tu seras mon frère, mon ami, mon confident. Cette affreuse douleur, cette pénible existence ne me laisse guère les mots. Des mots qui seraient de toute façon impuissants à décrire mes maux.

Je t’aime !

J’ai envie de le crier à la face du monde entier. Si seulement toi, tu pouvais l’entendre… Fort aurais-tu voulu que je sois, mais la force me fait défaut.

Welmid L’IRREMPLAçABLE

C’est grâce à toi que j’ai su que la bonté, la sincérité, l’amitié, la ténacité et toutes ces choses rares que n’arrive plus à énumérer existent. Je l’ai su, parce que tu étais, tu es et tu seras toujours tous les adjectifs dérivés de ces noms. Que dis-je ? Tu es ces noms !

Tu as tellement de qualités, que tu as d’ailleurs toujours voulues me transmettre. Je n’en ai jamais été, néanmoins, à la hauteur. Ce qui t’arrive, ce qui m’arrive, ce qui nous arrive rappelle combien la vie est éphémère, combien fragile est-elle.
Pour ton fils Wedson, je tacherai d’être là. Bien que je sois véritablement impuissant et que je ne pourrai jamais faire tout ce que toi, si les rôles avaient été inversés, tu aurais pu faire.

Seulement, je te fais une dernière promesse avec sincérité, comme on a toujours su l’être l’un envers l’autre, que tu restes et resteras gravé à tout jamais dans ma mémoire, dans mes pensées, dans mon cœur… Si ce n’est pour toujours, du moins le restant de mes jours…

Ton R-Lub, ton hermano
Nunca te olvidare !!!!

Mi Hermano, mi monje, mi anacoreta…

A tout jamais, me dire que tu disparais? Toi, Welmid ? Non, je ne peux pas… Non. Je ne pourrai pas !

Tu es de ces êtres si précieux, si rares que nul n’acceptera de perdre. Je ne peux pas… je ne veux pas te perdre. Tu as été mon frère, mon ami, mon confident. Tu es mon frère, mon ami, mon confident. Tu seras mon frère, mon ami, mon confident. Cette affreuse douleur, cette pénible existence ne me laisse guère les mots. Des mots qui seraient de toute façon impuissants à décrire mes maux.

Je t’aime !

J’ai envie de le crier à la face du monde entier. Si seulement toi, tu pouvais l’entendre… Fort aurais-tu voulu que je sois, mais la force me fait défaut.

Welmid L’IRREMPLAçABLE

C’est grâce à toi que j’ai su que la bonté, la sincérité, l’amitié, la ténacité et toutes ces choses rares que n’arrive plus à énumérer existent. Je l’ai su, parce que tu étais, tu es et tu seras toujours tous les adjectifs dérivés de ces noms. Que dis-je ? Tu es ces noms !

Tu as tellement de qualités, que tu as d’ailleurs toujours voulues me transmettre. Je n’en ai jamais été, néanmoins, à la hauteur. Ce qui t’arrive, ce qui m’arrive, ce qui nous arrive rappelle combien la vie est éphémère, combien fragile est-elle.
Pour ton fils Wedson, je tacherai d’être là. Bien que je sois véritablement impuissant et que je ne pourrai jamais faire tout ce que toi, si les rôles avaient été inversés, tu aurais pu faire.

Seulement, je te fais une dernière promesse avec sincérité, comme on a toujours su l’être l’un envers l’autre, que tu restes et resteras graver à tout jamais dans ma mémoire, dans mes pensées, dans mon cœur… Si ce n’est pas pour toujours, du moins le restant de mes jours…

Ton R-Lub, ton hermano

mardi 12 janvier 2010

réप : science et idéologie

Cher-ère-s ami-e-s,

D’un excellent esprit de synthèse, Paul Angeline a mis en exergue les points essentiels de la discussion en cours relative à l’épistémologie et le parallèle (le lien, suis-je tenté de dire) entre science et idéologie. L’épistémologie est ici prise dans un sens plus large que l’« épistémé » foucaldien. Schématiquement pour Foucault l’épistémologie est l’étude d’un « corps de principes », analogues aux paradigmes de Kuhn et dont la variation avec le temps se fait de manière discontinue. Elle concerne en même temps une pluralité de discipline. Ici j’entends précisément, à la suite de Barreau, par Epistémologie l’étude de nos connaissances scientifiques ou plutôt l’étude des sciences. Le lecteur intéressé par cette question peut consulter le « Que sais-je » des PUF, L’épistémologie, par H. Barreau.

Angeline affirme judicieusement, car c’est aussi mon point de vue, sur les traces de Ray : « tout ce qui est scientifiquement possible n’est pas forcément politiquement admissible ou autorisé, d’où l’intervention du profane pour dire stop ». La systématisation de cette question : « est-ce la science qui est idéologique ou les applications de la science ? » me convient parfaitement et nous permettra de prolonger la discussion sur une très bonne base, si vous le désirez.

La nature du sujet abordé peut naturellement ne pas susciter le même engouement qu’une discussion dont l’objet est la formation du nouveau gouvernement qui remplacera le gouvernement actuel une fois que Préval aura démissionné (c’est évidemment de l’hérésie, du messianisme primaire !). Mais je suis convaincu qu’il peut participer du dessein de la nouvelle Haïti.

Loin des affirmations péremptoires, Ray apporte une contribution documentée à la discussion qui met en évidence une grande culture scientifique sans qu’il n’ait besoin d’écrire « Dr. ou PH. D. » systématiquement devant son nom. Il a apporté des précisions et des corrections quant à l’appréciation de la théorie de la relativité générale d’Einstein, dont j’ai fait mention dans mon précédent texte, au moment de son édification. Je l’en remercie.

Quant à Vava, malgré tout ce qu’on peut penser à propos de son humilité affichée –qui au passage est loin, très loin d’être humble – il est chez lui une qualité qui, si chacun de nous pouvait la cultiver, fera le plus grand bien à notre chère Haïti : il n’insulte jamais ses contradicteurs (du moins pas à ma connaissance), il est capable de les féliciter quand il se retrouve dans leurs propos. A quoi bon de cultiver la rancune et l’arrogance ? Nous pouvons ne pas être d’accord sur un sujet et l’être sur un autre. C’est le but de la discussion. Comment peut-on avoir le culot de se faire appeler docteur et ne pas être capable de comprendre cette règle basique de la critique : on critique le texte de l’individu, son opinion mais pas sa personne.

Je reviendrai sur la question de la science et de l’épistémologie.

Bien cordialement

Renald LUBERICE
12 janvier 10

samedi 9 janvier 2010

science et Idéologie : la touche de Ray

Amis-lecteurs,
Renald,
Guichard,

Encore de très intéressantes réflexions de Renald qui ne cesse depuis quelques temps de nous transporter dans de plus hautes sphères de la pensée. Je l'en remercie infiniment. Ce genre d'échanges apporte un démenti flagrant à ceux qui pensent que nous sommes incapables de penser sans Google ou de composer toute pensée cohérente sans plagier. Comment peut-on entretenir de tels préjugés vis-à-vis de professionnels haïtiens qui produisent du savoir, du savoir-faire dans les boîtes occidentales et qui sont à l'avant-garde de la spécification des nouvelles technologies de pointe ? C'est à croire que tout ce qui vient de l'Haïtien ne peut être que du réchauffé sans originalité aucune. Ce genre d'attitude traduit le mépris inculqué sur les bancs de l'école élitiste haïtienne où l'esprit déformé par la formation importée glorifie tout ce qui est étranger au détriment de ce qui provient de l'Haïtien. C'est là un trait étranger aux Chinois et aux Indiens avec lesquels j'ai travaillé toute ma vie et qui croient en leur capacité à faire entendre leur propre voix parmi les premières du monde. Ceux qui sont vraiment cultivés apprécieront avec respect les efforts de réflexion et de composition de leurs compatriotes qui les invitent à la réflexion sérieuse sur des sujets divers. Bref, passons à ce débat science-idéologie.

Je dois noter toutefois, avant d'aborder le vif du sujet, que le prix Nobel de 1921 décerné à Einstein en 1922, ne fut nullement une acceptation de sa théorie (relativité générale) que seulement une poignée de physiciens comprenaient vraiment à l'époque. La relativité générale n'a jamais été célébrée par un prix Nobel par jalousie, mauvaise foi, antisémitisme et obscurantisme combinés des savants du comité Nobel. Le prix de 1921 lui fut décerné pour ses "services à la physique théorique (theoritical physics) et surtout pour sa découverte de l'effet photoélectrique" qui n'est qu'une goutte dans l'océan par rapport au monument éternel qu'est la relativité générale. Les membres du comité du Nobel étaient incapables d'apprécier la relativité que l'un de leurs membres, le détracteur le plus perfide et le plus puissant d'Einstein, Philipp Lenard se plaisait à dénigrer. De fait, quand un journaliste approcha Sir Arthur Eddington au sujet de la relativité, il lui demanda :

-- On dit qu'il n'y a que trois physiciens sur Terre à comprendre la relativité générale (1915), Einstein, un autre et vous.
-- Je ne connais pas l'autre, répondit Eddington, pour signifier qu'on était aux cîmes glaciales de la pensée humaine.

(Un peu exagéré, mais proche de la réalité.)

La théorie de la relativité demeure toujours difficile. On ne l'enseigne d'ailleurs pas dans le cursus du premier cycle universitaire (B.S.) où Newton est toujours de vigueur même dans les écoles polytechniques. On enseigne Newton à l'école secondaire, car l'univers newtonnien est un modèle mathématique effectif de notre univers de tous les jours même s'il manque de précision en Cosmologie. C'est pour cela que les écoliers du secondaire et la majorité des étudiants des premier et deuxième cycles universitaires sont enseignés et régurgitent des concepts érronés tels, par exemple, cette notion de force gravitationnelle (pesanteur) qu'exerceraient deux corps célestes l'un sur l'autre et la Terre sur tout être ou object dans son champ; il n'en est rien. Einstein a renversé ce concept de force en le remplaçant par l'effet due à la courbure de l'espace-temps (the curvature of space-time), elle-même causée par l'énergie sombre et la matière (sombre et visible) ambiantes. Pour Newton, l'espace (3 dimensions) et le temps ne participent pas aux événements de l'univers. Pour Einstein, ils en font partie inhérente, acteurs de tout décor; il remplace le temps absolu de Newton par le temps personnel; ce qui importe est le mouvement relatif des objects. Deux observateurs qui se déplacent l'un par rapport à l'autre ont chacun leur propre temps. C'est d'ailleurs ce qu'illustre le paradoxe (qui n'en est pas un) des frères jumeaux (twin paradox); un qui reste sur Terre et l'autre qui voyage à la vitesse de la lumière vers le Cosmos en direction de l'Alpha du Centaure, l'étoile la plus proche de notre étoile solaire. Celui qui voyage retourne environ 4 ans 2 mois plus jeune que celui qui reste sur Terre.

Quand l'église catholique voulut passer à la vitesse supérieure au-delà de la preuve scientifique d'un commencement de l'univers pour prouver l'existence de Dieu, le Vatican a voulu utiliser les résultats de George Lemaître (atome premier/primeval atom).

Cependant, ces remarques prouvent-elles que la science se fait mal ? Pourquoi ne remplace-t-on pas Newton à l'école (là où il avait tort) ? Tout simplement parce qu'au delà des concepts erronés, Newton est toujours effectif pour nos besoins quotidiens, même quand, par exemple, son modèle prédit seulement la moitié de ce que la déviation de la lumière devrait être dans le champ gravitationnel solaire. Alors que le modèle d'Einstein la prédit correctement. Il faudrait qu'on réécrive tous les livres de physique. Mais à quoi bon ? Quand l'église s'appuyant sur la preuve scientifique d'un commencement (Big Bang), pour prouver l'existence de Dieu, la science est-elle imputable ?

Doit-on blâmer la science ou les scientifiques ou ceux qui influencent ces derniers ? Pour répondre à cette question, il faut d'abord se demander qu'est-ce que la science ? La définition adoptée par la majorité des scientifiques nous vient de celui qui est considéré comme le plus grand philosophe de la science, Karl Popper. Cependant, il est préférable avant de comprendre la démarche de Popper de revoir comment Popper est interprété par Stephen Hawking, professeur Lucasien de mathématiques à Cambridge et celui qui avec Roger Penrose a établi que les équations d'Einstein montrent que l'univers a un commencement dans le Big Bang (the primeval atom de George Lemaître du Vatican) et une fin : "Une théorie scientifique est un modèle mathématique qui décrit et codifie nos observations. Une bonne théorie décrit une multitude de phénomènes sur la base de quelques postulats simples et fait des prédictions qui peuvent être vérifiés. Si les prédictions sont en accord avec les observations, la théorie survit ce test, quoiqu'on ne puisse jamais prouver qu'elle est correcte. Si les observations contredisent les prédictions, la théorie doit être rejetée ou modifiée. (C'est ce qui devrait se passer. Cependant, dans la pratique, on questionne souvent la qualité des observations et la fiabilité et le caractère moral de ceux qui les conduisent.)" (Stephen Hawking, The Universe in a Nutshell, Cambridge, May 2, 2001).

Cet énoncé de Stephen Hawking illustre bien la philosophie de la science de Popper qui se base sur le caractère réfutable de la théorie scientifique. Toute assertion ou théorie ne peut être scientifique que si elle est capable d'être réfutée par l'observation, c'est-à-dire si on peut la tester. Si on accepte une telle définition de la science, une idéologie qui établit sa vérité indiscutable ne peut pas être scientifique car elle ne permet pas qu'on la réfute. Une idéologie de la science ne serait pas non plus scientifique (???)

Par exemple, l'attitude du Vatican visant à prouver par la science l'existence de Dieu participe de l'influence religieuse sur la conduite du scientifique. La proposition que notre univers n'est qu'un parmi tant d'autres d'un multiverse passe-t-elle le test de Popper ? Les "clinical trials" des grandes firmes pharmaceutiques ou de biotechnologie sont-ils à l'abri des influences de ces dernières ? Dans tous ces cas, il s'agit d'interventions externes relatives à la méthodologie scientifique qui peuvent l'altérer et dont les conséquences sont donc susceptibles d'être identifiées et corrigées éventuellement.

Quand les physiciens de la théorie de la gravitation quantique ajoutent 6 ou 7 dimensions supplémentaires qu'ils n'ont jamais observées aux quatre dimensions de la relativité générale, font-ils de la science ou pas ? (Gravitation quantique : théorie qui vise à unifier la relativité générale et la mécanique quantique au voisinage des "trous noirs" [Black Holes] où les deux effets se manifestent.)

Oui, selon Hawking qui déclare que cette théorie et les autres théories rivales telles que Super-string Theory présentent ce qu'on appelle des dualités entre elles qui, si on s'en foutait serait "équivalent à penser que Dieu a placé des fossiles dans les strates géologiques rien que pour induire Darwin en erreur quant à l'évolution des espèces". Et non, selon ceux qui pensent qu'on introduit des dimensions non observables donc non-réfutables selon le critère de Popper. Mais une telle conclusion pourrait se révéler prématurée selon des observations planifiées pour 2010.

Il y a d'autres philosophies de la science telles que celle d'Howson basée sur une approche Bayésienne (ceux qui ont étudié la théorie des probabilités connaissent le théorème de Bayes/conditional probability). En un mot, ici le travail des scientifiques n'est pas de réfuter comme chez Popper mais d'accumuler les évidences en faveur d'une théorie. Et quand il y a des théories rivales comme c'est le cas en physique théorique recherchant une théorie du champ unitaire, les scientifiques les évaluent l'une par rapport à l'autre en accumulant les évidences.

En fin de compte, quelle que soit la philosophie de la science, aucune thérorie scientifique ne peut être acceptée sans l'observation empirique. Et c'est justement ce qui différencie la science des autres activités de la pensée humaine qui restent hermétiques à toute critique. Qu'on l'oriente selon une idéologie ou des intérêts économiques et stratégiques, ce qui arrive d'ailleurs le plus clair du temps, la méthodologie employée reste sujette à la critique, et les observations à la réfutation éventuelle ou la vérification des prédictions. C'est dans cette optique que Renald dit judicieusement : "Il faut concevoir la vérité scientifique dans sa provisoirité. C’était vrai en 1600, c’est encore vrai aujourd’hui et ce sera probablement vrai demain." (Je dirais certainement.)

On ne peut pas dire autant pour l'idéologie. Les idéologies meurent d'ailleurs, mais la science, si elle mourrait, ce serait la fin de l'humain, de la pensée.

Renald poursuit : "Or la principale idéologie de la science constituée est le fait de faire croire qu’elle n’a pas d’idéologie." La science est une idéologie dans le sens qu'il y a une manière de faire la science (méthodologie propre à chaque science) qui n'a pas changé et qui ne se laisse pas changer faute d'alternatives valables jusqu'ici. (Évidemment, après 3 révolutions industrielles spectaculaires qui ont causé la crise de l'environnement, le moment n'est-il pas venu d'apporter de nouvelles dimensions à la pratique de la science ? Une théorie scientifique est-elle acceptable si elle ignore le paramètre environnement ou débouche sur des pratiques qui portent atteinte à notre écosystème ?) L'épistémologie est également idéologie. Nous éduquons nos jeunes scientifiques et ingénieurs dans la manière de pratiquer la science. Il n'y a pas à sortir de là. Par contre, une théorie scientifique n'est pas une idéologie dans le sens que ses démonstrations et ses prédictions restent sujettes à la réfutation ou à la vérification empirique. La théorie scientifique peut être réfutée ou modifiée.

Par contre, l'idéologie n'est pas la science en ce sens qu'elle ne laisse pas changer ses observations, prédictions et représentations. Et ceci même si l'idéologie emprunte une méthodologie scientifique, une fois son modèle formulé, ce modèle est au-dessus de toute critique.

Il faut noter que Thomas Khun (The Structure of Scientific Revolutions) s'était intéressé aux processus historiques qui pourraient permettre à une idéologie de s'adapter à la réalité socio-politique et économique. Cependant, nous savons empiriquement que cela s'est jusqu'ici révélé futile, car la tendance historique générale est que les idéologies meurent et se remplacent à mesure que leurs modèles statiques ne répondent plus aux besoins de la société ou du groupe.

Ray H. Killick

jeudi 7 janvier 2010

Science et idéologie

Science et idéologie

Voilà maintenant deux ans que Dore a publié dans Le Matin l’article intitulé « l’idéologue est il un scientifique?». M’appuyant sur Callon et Latour, j’y ai répondu en mettant accent sur certaines controverses en cours à propos de la sacrosainte neutralité scientifique. Dore a jugé bon de republier sur le net ces articles, ce qui ne peut être que salutaire pour tous ceux et toutes celles s’intéressant à la question. Ray Killick a apporté une judicieuse touche à l’édifice. Je ne m’efforcerai pas ici de contredire ce qui a été judicieusement dit mais de prolonger la discussion.

En effet, la perception, la lecture du réel quadridimensionnel (trois d’espaces et un de temps) qu’est la réalité n’est pas dépourvue d’enjeu de pouvoir, de prestige réel et/ou symbolique. Elle ne l’est pas moins lorsqu’elle est appréhendée par la science. Il faut concevoir la vérité scientifique dans sa provisoirité. C’était vrai en 1600, c’est encore vrai aujourd’hui et ce sera probablement vrai demain.

Lorsque Bruno Giordano adhéra au système de Copernic il fut brulé. Il fut, avant Einstein, des notions physiques qu’on croyait des mieux établies. Pourtant en 1921, la communauté scientifique, à travers le prix Nobel, approuve sa théorie qui bouleversera la physique et le monde.

La position de Giordano Bruno par rapport à la découverte copernicienne fut punie parce qu’elle ne correspondait à « l’idéologie scientifique » ou l’idéologie tout court de l’époque. Elle remit en cause une vérité sur laquelle l’église pensa devoir compter.

J’utilise volontiers ce thème de Ganguilhem, « idéologie scientifique » pour marquer mon opposition à l’opposition tranchée entre Science et Idéologie. Ganguilhem a fait remarquer qu’une idéologie scientifique est une proto-science dans la mesure où elle est immature et qu’elle se repose sur une science constituée. Les méthodes utilisées en proto-science sont approximatives. L’idéologie comble le manque de précisions de la proto-science.

Là où Ganguilhem s’est probablement fourvoyé c’est en laissant entendre que la science constituée du fait de l’utilisation de méthode précise n’a pas d’idéologie. Or la principale idéologie de la science constituée est le fait de faire croire qu’elle n’a pas d’idéologie. La situation est encore plus préoccupante lorsque les sciences humaines et sociales, c’est surtout le cas en Amérique du Nord, « pensent » devoir utiliser des méthodes de sciences dites dures pour se faire une stature de science constituée et de ce fait dépourvue d’idéologie.

La science qu’on croit constituée l’est en fonction des acquis du moment. Il peut ne plus l’être demain. C’était le cas pour la médecine, la biologie et l’anthropologie du XIXe siècle lorsque leurs objets d’étude étaient les non-européens. Pourtant ces sciences-là revendiquaient pour la plupart le statut de science « constituée ».
Du fait qu’on ne fait pas de science pour la science, que la science a des applications sociotechniques, c’est être idéologue que de dire que la science n’est pas idéologique.

jeudi 7 janvier 2010
Renald LUBERICE

dimanche 3 janvier 2010

La politique métaphysique

La politique métaphysique

Les dés sont jetés, dit l’un. Les jeux sont faits, dit l’autre. Les choses vont de mal en pis clame le pseudo analyste. De quelle chose parles-tu, suis-je tenté de lui demander ? Guidé par le sens commun, il m’aurait certainement répondu : toutes les choses, l’éducation, l’insécurité, la production nationale, la Minustah, etc. Il n’est pas ainsi guidé par ses observations, mais d’un certain habitus régi par l’affect qui fait que l’analyse de la chose ne se fait pas à partir de ce qui se voit, ce qui s’observe mais des idées générales, transmises au fil des ans, qui veulent que de toute façon rien ne peut s’améliorer en Haïti. Le temps et l’action sont faits pour détériorer les choses, le bilan du vivre ensemble ne peut être que négatif. C’est la vérité, leur vérité. Point n’est besoin de dissocier dans l’ensemble des actions d’un individu et/ou d’un groupe d’individu les actions positives des négatives. L’objet du discours de l’analyste n’est pas la réalité de mon pays, mais lui-même.

L’opposition politique et le discours politique procède des mêmes schèmes. Le programme d’un candidat à la présidence sera Exempli Gratia : l’éducation, l’insécurité, la production nationale, peut être le tourisme aussi. C’est ce qui se dit à la radio et ailleurs, alors le dit-il également. Lui demandant qu’est-ce qu’il compte faire au juste pour améliorer l’éducation des haïtien-n-e-s ? Combien cela coutera-t-il ? Pour quel résultat ? Sur combien d’années ? Comment compte-t-il procéder ? D’où proviendront les fonds ? etc. il marmotte ou bredouille. Ainsi sera-t-il pour tous les autres thèmes.

N’ayant cure de la réalité, le discours de l’analyste susmentionné, celui de l’opposition et/ou du candidat procède d’une même métaphysique politique : la divagation. Puisque la réalité observable n’est pas prise en compte dans leurs analyses et dans l’offre politique, tous les discours se valent (tout voum se do). On ne mesure pas les cotes de popularité de tel ou tel homme politique, de telle ou telle proposition ou position politique, on traite des choses politiques comme on traite des affaires relatives à l’invisible et à l’au-delà.

Le meilleur exemple en date est la posture de certaines personnalités politiques ou de certains regroupements politiques face au Président Préval et son « Inite ». Préval s’apprête à voler les élections grâce à l’aide d’un CEP (Conseil Electoral Provisoire) soumis, nous disent-ils. Considérons provisoirement que ce postulat soit fondé.
Vu le passé de Préval, on peut croire qu’il est capable de tramer un tel complot. Car dans les années 2000, il s’est arrangé avec Aristide en vue de l’organisation d’élections truquées au profit de ce dernier. Cela a provoqué de graves problèmes et réintroduit une nouvelle mission des Nations Unies.

Mais pourquoi Préval voudrait-t-il refaire ces mêmes choses ? Telle est la question qu’on devrait se poser. Soit Préval est politiquement faible, dans ce cas là, pour gagner les élections il faut qu’il triche. Soit il est politiquement moyen, et vu ses ambitions politiques, il lui faut une majorité parlementaire confortable pour parvenir à réaliser ses objectifs. Si on considère que Préval est fort politiquement, il peut donc gagner. Ce serait crétin de sa part de vouloir tricher alors qu’il peut gagner. Sachant que la tricherie et la légitimité politique ne font pas bon ménage.

Au-delà des considérations métaphysiques sur quoi l’opposition (qui en réalité n’en est pas une) peut-elle se baser pour répondre à cette question ? En gouvernement représentatif, on se base sur des enquêtes de qualité. On sonde les cotes de popularité, on demande aux électeurs leur avis sur tel ou tel homme politique.
Si Préval est faible, cela voudrait-il dit dire que « l’opposition » est forte ? Comment peut on le savoir si cette opposition n’a pas d’offre politique ? Dire qu’il faut que la situation de la population soit améliorée, qu’il faut donner du travail au chômeur, résorber l’insécurité et la corruption, n’est pas une offre politique. C’est du blablabla, de la métaphysique. N’importe quel crétin peut le dire, et tout le monde sera d’accord. Il faut des chiffres e
t des propositions concrètes qui puissent cristalliser une opposition réelle.
Admettons que je sois considéré comme faisant partie des haïtien-n-es moyens. Si, moi, je ne suis pas capable de percevoir l’offre politique de l’Inite, de l’Alternative ou d’une autre plateforme électoraliste, croyez-vous que nos compatriotes dont la plupart ne savent ni lire ni écrire sauront le faire ?

Pour finir, revenons à notre postulat de trucage électoral manigancé par Préval. Posons la question suivante : si Préval ne triche pas, « l’opposition » sera-t-elle en mesure de gagner les élections ? (J’espère que les opposants auto-déclarés sauront y répondre). En fait, qui sont aujourd’hui les opposants de Préval ? Lavalas (exclus des législatives) et l’Alternative ? Au-delà de la métaphysique politique, cette opposition-là a-t-elle une offre politique valable à faire qui puisse avoir l’adhésion du plus grand nombre ? Rien n’est moins sûr !

Messieurs ne nous dites plus qu’il faut changer Haïti, ça nous le savons déjà. Dites-nous plutôt comment vous comptez vous y prendre.

Renald LUBERICE
3/01/2010