Que veut dire autonomie ?
Je suis depuis quelques temps de manière un peu passionnée la mobilisation au sein de l’UEH. Je suis moi-même universitaire et ai participé à de nombreux mouvements étudiants. Je ne me suis pas exprimé là-dessus du fait que je suis ignare quant au mode de fonctionnement de l’UEH et que je ne l’ai jamais fréquentée. J’ai néanmoins lu de nombreux rapports qui l’accablent. On peut dire que la gestion et la gouvernance n’est pas son point fort.
J’ai appris dernièrement, après plusieurs mois de tergiversation et de brigandage, que la présidence a nommé un comité de facilitation en vue d’une solution à la crise de l’université. Je me dis en voilà une bonne nouvelle, et c’est l’un des grands mérites de Préval, en dehors du fait que sa capacité d’exécution, de problématisation et de résolutions des questions sociétales soient très limitées, il a le goût du dialogue et de la « démocratie participative ». C’est une attitude très bénéfique pour le pays et la stabilité politique. Cette démarche devra être poursuivie si nous voulons sortir Haïti de l’éternel cycle du « recommencement ». A mon grand étonnement, je viens de lire sur le net qu’un certain « comité de suivi de crise » rejette le principe du « comité de facilitation » au nom de l’autonomie. Que veut donc dire autonomie ?
Si je me trompe n’hésitez surtout à me le faire savoir. Mais je croyais qu’ « Autonomos » (auto nomos) se rapportait avant tout à la faculté d’agir par soi-même, se donner ses propres lois (règles). Elle pourvoirait la liberté intérieure, permettrait d’agir de son propre chef sans se laisser asservi par une instance extérieure. Qu’en est-il quand on est incapable de se donner ses propres règles (ou de les suivre) et de répondre à ses obligations (ses fonctions) ? Si l’UEH n’arrive pas à s’autogérer et à répondre à ses missions, si elle n’arrive pas à coordonner ses différentes unités et que l’Etat ne peut pas intervenir au nom d’une soi-disant autonomie, que fait-on ? En tant que citoyen, l’UEH fonctionne grâce à mon argent, son autonomie l’empêche aussi de me rendre des comptes ? Dans quelle mesure peut-on être autonome quand on ne sait pas ou ne veut pas se gérer ?
Il faut vraiment un type de raisonnement par l’absurde pour dire que l’Etat ne peut aucunement intervenir au sein d’une université en crise, prétextant que c’est la constitution qui le dit. Apparemment on n’a pas lu la même constitution et on n’entend pas la même chose quand on parle d’autonomie.
Je m’arrête ici, j’espère que ceux qui se sentent concernés par mes propos réagiront.
Bien cordialement
Renald.
mercredi 30 septembre 2009
lundi 7 septembre 2009
Du camp des déçus au camp patriotique : Haïti, tu pourras à nouveau être perdante !
Du camp des déçus au camp patriotique : Haïti, tu pourras à nouveau être perdante !
Avant tout postulat, mettons les choses au clair pour éviter les amalgames :
1) Je suis contre l’occupation de mon pays
2) Je critique, comme bon nombre d’internautes, l’ « autodéresponsabilisation » des responsables et la corruption en Haïti.
3) Je suis toujours fier de voir des concitoyen-ne-s conscient-e-s du monde qui les entoure et qui agissent en conséquence. En ce sens je ne peux que féliciter l’initiative du « camp » autodésigné « patriotique ».
Cependant j’aimerais attirer l’attention sur le fait qu’une position politique sensée est une position conforme à la finalité recherchée. L’agent sensé utilise toutes les informations dont il dispose en vue de maximiser ses chances de parvenir au résultat souhaité. L’expérience montre qu’en Haïti on fait souvent l’inverse. On concentre toute son énergie à l’action comme si l’action était l’unique but recherché sans se préoccuper de la finalité. Or l’agent devrait se demander instamment : « mon action est-elle conforme à ce que je désire ? » Pour parler plus concrètement, j’ai eu l’occasion de discuter, notamment à Paris, avec des compatriotes qui se sont, à juste titre, mobilisés contre le « voyoucrate » dénommé Aristide. Force est aujourd’hui de constater leur amertume et leur déception. Il ne pensait jamais que la finalité réelle de leur action allait être en fait la substitution d’Aristide par la Minustah et Préval !
Je n’ai pas tous les éléments qui me permettraient de rendre compte de manière très objective de l’initiative du camp autodésigné patriotique en République Dominicaine. J’aurais toutefois pu me questionner sur le sens du lieu choisi eu égard au traitement que réservent les autorités dominicaines à nos compatriotes haïtiens, m’interroger sur l’opportunité éventuelle que représentent les prochaines élections pour un groupe autodésigné patriotique probablement en quête d’existence et de « devenir ». J’aurai pu aussi me demander dans quelle mesure « l’amour patriotique » est-il mobilisable à d’autres fins dans la configuration actuelle. Mais je me garde de le faire. Parce que, si je ne me trompe pas, je crois connaître certains des initiateurs et avoir rencontré quelques uns ou débattu avec eux. Je préfère donc croire à la sincérité de la démarche et me questionner de préférence sur ses finalités éventuelles en partant des postulats des agents initiateurs.
Des considérations très faciles nous ont portés à croire que pour sortir Haïti delà, il suffit de se réveiller un bon matin et d’appeler à « koupe tèt boule ». Cet appel peut se faire en des termes différents mais les finalités sont les mêmes : l’instabilité chronique ! Nous avons été déçus. Soit. Si nous ne voulons pas que Haïti soit à nouveau perdante, nous devons tabler sur la continuité institutionnelle et l’institutionnalisation de la démocratie. Nous pouvons avoir les meilleurs démocrates du monde mais nous n’aurons pas de démocratie sans les institutions démocratiques. La Minustah doit certes partir. Mais demander le non-renouvellement de son mandat est tout simplement irresponsable. Ce qu’il nous faut c’est une feuille de route sérieuse élaborée pas les haïtiens avec l’appui des pays qui s’engagent au sein de cette force d’occupation, en fonction de nos besoins actuels. Le départ de la Minustah devra être graduel. Haïti n’est pas un pays en guerre, nous n’avons donc pas besoin de petits soldats « volò kabrit » qui violent nos sœurs, nos enfants et qui tirent sur nos compatriotes. Nous devrons prioriser au sein de la Minustah des techniciens de haut calibre qui peuvent participer au renforcement institutionnel et non des soldats qui reproduisent en Haïti les pratiques barbares de chez eux.
Nous ne nous débarrasserons pas des forces de la corruption en renversant Préval et/ou son gouvernement. Nous devons en toute circonstance prioriser la stabilité politique si nous voulons que Haïti ait une chance de s’en sortir. Si la demande du Camp autodésigné patriotique est le renforcement institutionnel et la stabilité politique (négociation, compromis, délibération), alors nous pouvons minimiser les petits manquements qu’on leur reproche par-ci par-là et les soutenir. Si ce n’est pas le cas, nous sommes en face du camp des déçus et Haïti sera perdante dans cette affaire !
Renald LUBERICE
Québec, le 07/09/09
Avant tout postulat, mettons les choses au clair pour éviter les amalgames :
1) Je suis contre l’occupation de mon pays
2) Je critique, comme bon nombre d’internautes, l’ « autodéresponsabilisation » des responsables et la corruption en Haïti.
3) Je suis toujours fier de voir des concitoyen-ne-s conscient-e-s du monde qui les entoure et qui agissent en conséquence. En ce sens je ne peux que féliciter l’initiative du « camp » autodésigné « patriotique ».
Cependant j’aimerais attirer l’attention sur le fait qu’une position politique sensée est une position conforme à la finalité recherchée. L’agent sensé utilise toutes les informations dont il dispose en vue de maximiser ses chances de parvenir au résultat souhaité. L’expérience montre qu’en Haïti on fait souvent l’inverse. On concentre toute son énergie à l’action comme si l’action était l’unique but recherché sans se préoccuper de la finalité. Or l’agent devrait se demander instamment : « mon action est-elle conforme à ce que je désire ? » Pour parler plus concrètement, j’ai eu l’occasion de discuter, notamment à Paris, avec des compatriotes qui se sont, à juste titre, mobilisés contre le « voyoucrate » dénommé Aristide. Force est aujourd’hui de constater leur amertume et leur déception. Il ne pensait jamais que la finalité réelle de leur action allait être en fait la substitution d’Aristide par la Minustah et Préval !
Je n’ai pas tous les éléments qui me permettraient de rendre compte de manière très objective de l’initiative du camp autodésigné patriotique en République Dominicaine. J’aurais toutefois pu me questionner sur le sens du lieu choisi eu égard au traitement que réservent les autorités dominicaines à nos compatriotes haïtiens, m’interroger sur l’opportunité éventuelle que représentent les prochaines élections pour un groupe autodésigné patriotique probablement en quête d’existence et de « devenir ». J’aurai pu aussi me demander dans quelle mesure « l’amour patriotique » est-il mobilisable à d’autres fins dans la configuration actuelle. Mais je me garde de le faire. Parce que, si je ne me trompe pas, je crois connaître certains des initiateurs et avoir rencontré quelques uns ou débattu avec eux. Je préfère donc croire à la sincérité de la démarche et me questionner de préférence sur ses finalités éventuelles en partant des postulats des agents initiateurs.
Des considérations très faciles nous ont portés à croire que pour sortir Haïti delà, il suffit de se réveiller un bon matin et d’appeler à « koupe tèt boule ». Cet appel peut se faire en des termes différents mais les finalités sont les mêmes : l’instabilité chronique ! Nous avons été déçus. Soit. Si nous ne voulons pas que Haïti soit à nouveau perdante, nous devons tabler sur la continuité institutionnelle et l’institutionnalisation de la démocratie. Nous pouvons avoir les meilleurs démocrates du monde mais nous n’aurons pas de démocratie sans les institutions démocratiques. La Minustah doit certes partir. Mais demander le non-renouvellement de son mandat est tout simplement irresponsable. Ce qu’il nous faut c’est une feuille de route sérieuse élaborée pas les haïtiens avec l’appui des pays qui s’engagent au sein de cette force d’occupation, en fonction de nos besoins actuels. Le départ de la Minustah devra être graduel. Haïti n’est pas un pays en guerre, nous n’avons donc pas besoin de petits soldats « volò kabrit » qui violent nos sœurs, nos enfants et qui tirent sur nos compatriotes. Nous devrons prioriser au sein de la Minustah des techniciens de haut calibre qui peuvent participer au renforcement institutionnel et non des soldats qui reproduisent en Haïti les pratiques barbares de chez eux.
Nous ne nous débarrasserons pas des forces de la corruption en renversant Préval et/ou son gouvernement. Nous devons en toute circonstance prioriser la stabilité politique si nous voulons que Haïti ait une chance de s’en sortir. Si la demande du Camp autodésigné patriotique est le renforcement institutionnel et la stabilité politique (négociation, compromis, délibération), alors nous pouvons minimiser les petits manquements qu’on leur reproche par-ci par-là et les soutenir. Si ce n’est pas le cas, nous sommes en face du camp des déçus et Haïti sera perdante dans cette affaire !
Renald LUBERICE
Québec, le 07/09/09
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