mardi 29 avril 2008

LA QUESTION DE COULEUR ou Opium des Misérables

Renald,
Merci d'avoir soulevé ces points. Cela nous permettra certainement d'avoir des échanges fructueux. Vous dites: "J'établis une différence nette entre la connaissance du fonctionnement de la matière (qui n'est autre qu'une connaissance technique issue de l'expérience) et la capacité à accepter l'autre..."
Dans l'acquisition de la "connaissance technique" (know-how), l'humain désormais collabore avec l'autre, le découvre, apprend à le connaître, etc. Les technologies de pointe, par exemple, favorisent ce melting pot où toutes les races du monde se rencontrent pour enfin produire, créer ensemble, et ce faisant, apprennent à se découvrir, à s'apprécier, à s'acculturer. Et à mesure qu'on s'enfonce dans cette nécessité historique, économique, sautent graduellement les barrières, les préjugés, etc. La mondialisation n'est pas qu'économique et technologique. Elle a des ramifications socio-culturelles qui font éclater beaucoup de tabous.
L'acquisition du know-how et la "capacité à accepter" l'autre sont intimement liées.
Avant la prise du pouvoir par Hitler, l'Allemagne fut le centre de la culture, de la philosophie, de la science, de la technologie. Philosophes et scientifiques allemands collaboraient avec leurs collègues d'Europe. Les congrès Solvay de physique où les Paul Langevin, les Louis de Broglie, Einstein, Borh, Heisenberg, Planck, (juifs et non-juifs) se rencontraient, caratérisaient une période prolifique et exceptionnelle de la pensée humaine. Sans oublier les nombreux clubs Science et Philosophie. C'était une période de grands débats scientifiques et philosophiques.
Et si un tel pays s'est laissé prendre au viol nazi, quelle société est à l'abri des récessions économiques exploitées par les racistes, les xénophobes?
Quelques individus ont saisi l'opportunité que présentaient des difficultés économiques pour cibler les juifs et entonner le chant de destruction en substituant habilement la suprématie d'une race à la collaboration fructueuse par delà les frontières. Désormais, soudainement, les collaborateurs d'hier se retrouvaient dans des camps opposés. Martin Heidegger, Max Planck, Heisenberg dans le camp nazi, Einstein, Borh contre la folie hitlérienne.
Autrement dit, les choses sont autrement complexes. Il faut mettre plutôt l'accent sur l'acquisition de la connaissance technique, son comment, ce processus de collaboration intense qui fait intervenir non seulement des talents mais ce que nous appelons à corporate America "how to deal with people" (the people process of the culture of execution). Il faut mettre l'accent sur les difficultés économiques et les politiciens qui les exploitent à des fins égoïstes. Une poignée d'hommes peuvent tout chambarder.
Et c'est pour cela que nos sociétés doivent empêcher "qu'un seul homme ne détienne de pouvoirs tels qu'il puisse usurper la liberté publique".
Cordialement,
Ray

Mon cher Ray,

Mon affirmation est loin d'être une définition complète ni une réflexion achevée. C'était une manière de corroborer autrement ce qu'avait avancé Gérard Étienne et que vous avez complété. En revanche, sans toutefois vouloir apporter une définition définitive au terme de "culture" qui demeurera encore longtemps problématique, j'appelle inculture l'incapacité à aller vers l'autre, à comprendre ce qui n'est pas nôtre (soi), la volonté de hiérarchiser les modes de vie et les cultures. J'établis une différence nette entre la connaissance du fonctionnement de la matière (qui n'est autre qu'une connaissance technique issue de l'expérience) et la capacité à accepter l'autre dans sa différence et les valeurs qui sont les siennes. L'inculture est avant la volonté d'uniformiser l'humanité, de comprendre qu'un élément n'existe dans un "univers d'objets" que par sa capacité innée ou acquise à se différencier des autres éléments. Sinon tout est confus. Or l'Allemagne Hitlérienne avait été guidée par cette volonté d'uniformisation poussée jusqu'à l'absurde (c'est un déficit de culture aigu engendrant l'inhumanité, mettant particulièrement accent sur l'altérité).

Une connaissance technique n'est, à mon sens, pas preuve de culture puisque c'est le résultat de l'expérience issue de la manipulation de la matière. C'est discutable me diriez vous... c'est bien pour cela que je l'affirme et que j'y crois.

(Jacob, vous semblez reproduire ce que nous sommes entrain de dénoncer? Vous savez ce que cela peut engendrer comme conséquence en imputant le malheur d'une nation à un groupe d'individus constitués en fonction de leur caractéristiques morphologiques?
)


Cordialement

Renald L.

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