Un « parti unique »ou le fuit de la procrastination ?
L’annonce de la création d’un « parti unique » qui aurait été faite par le Président René G. Préval, que l’intéressé dément, a ébranlé plus d’un. Effectivement il aurait été absurde qu’un président demande que tous les partis – groupuscules politiques, pardon ! – se transforment en un seul parti politique à la solde. de son pouvoir. Comparant les partis à « des autobus », il rapprocherait la rationalité des voyageurs, qui montent tous dans un « seul autobus » au lien d’en avoir un pour chacun, à celle des membres de ces partis qu’il exhorterait à faire pareil.
Si cette comparaison a été effectivement faite, elle caractériserait la vision du président des partis politiques et de la politique elle-même. Une vision qui est à la base des grands problèmes que rencontrent les partis politiques en vue de discipliner leurs élus. Cette vision a pour essence l’absence d’opinions et de convictions liées à la manière d’organiser la société, la production et la reproduction tant au niveau de l’humain que de l’économie, absence d’opinions et de convictions quant à la répartition des richesses, des pouvoirs, etc.
Ce sont les opinions, la manière de voir et de concevoir le monde et les convictions qui différencient les partis entre eux. Lorsque ces opinions et convictions n’existent pas on peut se permettre de croire, à tort évidemment, que tous les partis peuvent se fondre dans un seul parti, que toutes les alliances sont possibles et qu’un parti et un autobus c’est pareil.
Sur le fond la manière dont le Président conçoit les partis n’est pas une production ex nihilo. Elle correspond à la réalité des groupuscules politiques de notre pays qui se font malheureusement appelés partis. Des groupuscules sans idéologie, sans vision, sans structure de partis. Ils ne se différencient pas par leur vision du monde mais par l’intérêt de poches et de ventre de leurs leaders, qui sont, pour la plupart, des leaders officiellement ou officieusement à vie ! Dans ce cas-là, tout le monde peut effectivement monter dans le même autobus. Mais si tout le monde monte dans l’autobus du Président cela peut causer de gros ennuis aux institutions du pays. Pour éviter cela et vu l’impérieuse nécessité de doter le pays de deux ou trois vrais partis politiques, Il apparaîtrait alors évident que tout le monde monte dans un même autobus, mais différent de celui du Président.
Urbi et orbi ces mêmes leaders clament haut et fort la nécessité de former deux ou trois partis politiques, de réduire leur arsenal d’autobus. Or ils ne le font pas, préférant se contenter de plateformes électoralistes. On est tenté d’affirmer que ces leaders souffrent de procrastination, ils remettent éternellement au lendemain ce qu’ils peuvent faire aujourd’hui. Cette pathologie donnerait en quelque sorte raison au Président.
Mais à regarder la chose de plus près on comprend vite pourquoi ces leaders ne se résolvent pas à fusionner leurs autobus : ils ont des femmes et des enfants à nourrir, ces autobus sont des outils de production marchande, s’ils les fusionnent ce sera un manque à gagner. Grangou nan vant pa dous, chen grangou pa jwe, yon ti pati politik asire-w yon ti grapiay kan-menm. Alors chaque leader s’accroche à son autobus quand d’autres s’obstinent à vouloir en construire d’autres autobus qui s’annoncent pourtant pires que ceux existant !
dimanche 29 novembre 2009
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