La servitude « capitaliste » volontaire
« Il ne faut plus rien donner » au capitalisme ! Si ce mode de production (et son système de valeur) perdure, se maintient, se consolide ce n’est pas parce qu’il est doté d’une force extraordinaire intérieurement, ce n’est pas grâce au génie de ses promoteurs mais à cause de ses plus virulents ennemis dont Marx et Engels. Le capitalisme ne puise pas sa force dans le marché mais dans les mouvements contestataires, dans les luttes pour la réduction du temps de travail, le pouvoir d’achat, l’augmentation de salaires, les congés payés etc.
Le capitalisme contient effectivement en lui « les germes de sa propre destruction », mais ces germes ne germeront pas parce que les différentes luttes susmentionnées écrasent paradoxalement les germes destructifs. La capacité de régénération du capitalisme vient de ces luttes, de bon nombre de mouvements sociaux, etc. Le capitalisme ne subsiste pas parce « qu’il a vaincu ses contradicteurs » mais parce que ceux-ci se mettent volontairement à son service. Adresser des critiques au capitalisme, c’est lui montrer son point faible. Ce qui lui permet de « mieux » s’améliorer.
Pourtant le capitalisme « connexionniste » mondial n’a jamais été si « faible » et fragile. La crise de 1929 corolaire d’un endettement américain supérieur à 130 % du produit national n’a rien à envier à la situation actuelle. La dette des E.U est de 230 % avec un emprunt (« de maintien ») journalier de 2 milliards de dollars ! L’interdépendance économique mondiale s’est accrue. « La crise des subprimes » est une bonne illustration de cette fragilité mondiale. Mais le capitalisme continuera de se maintenir grâce à ses ennemis qui ont donné à ses défenseurs les moyens de l’humaniser, les astuces de le consolider.
Les théoriciens qui ont permis la mise en œuvre de ces astuces, de la transformation des coups des ennemis en « cure de consolidation » ont fait écoles. Les plus importants sont : Lord Beveridge qui a permis d’humaniser le système en inventant la sécurité sociale, soutenant la demande cela permet de le stabiliser ; Lord Maynard Keynes qui préconise l’utilisation de la politique monétaire et budgétaire comme instruments d’accélération ou de décélération des secousses venant du marché mondial ; et Henry Ford qui préfère payer ses ouvriers pour qu’ils puissent lui acheter des voitures. En « humanisant », régulant, permettant les salariés de consommer, le système se perpétue et se consolide. Ce qui a pour effet de conquérir la confiance des gens et de masquer ses vices.
Les salariés habitués à d’importants salaires et à la sécurité sociale, les chômeurs habitués au RMI, les citoyens qui ont pris le goût des minimas sociaux n’accepteront à nullement de perdre ces « avantages » ou du moins ce qu’ils croient être des avantages. Ils n’imaginent pas une seule seconde que ces pseudos avantagent permettent au capitalisme de se maintenir. Que si on attaque aux salaires c’est à la demande qu’on attaque donc à la consommation, ce sur quoi le capitalisme repose. Quand des groupes sociaux descendent dans la rue pour demander plus de pouvoirs d’achat, la conservation des acquis sociaux, ils ont l’impression de militer pour leur propre compte en harcelant le système. Mais en vérité ils militent surtout et avant tout pour que le système se maintienne.
Le capitalisme n’a pas d’yeux pour voir ses absurdités, mais il peut toujours compter sur « les mouvements sociaux » qui lui dictent ce qu’il doit faire pour sa pérennité. On se met volontairement au service du capitalisme, qui lui n’a qu’à s’en réjouir ! Les règles du jeu capitaliste semblent universellement partagées.
Renald LUBERICE
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