Ayons le courage de dire plus jamais ça
Peuple haïtien, hommes et femmes conscient-e-s ayons le courage de dire : non, nous ne revivrons pas les vingt dernières années qui viennent de s’écouler. Ayons le courage de dire non à l’amnésie qui gangrène notre nation. Ayons le courage de dire tant que les voyous, tant que les criminels n’ont pas été jugés ils ne peuvent pas être réhabilités sur la scène publique comme si de rien n’était. N’allons pas chercher les causes de la débâcle nationale dans l’au-delà. Car elles se trouvent dans la gestion et l’instauration de la voyoucratie dans notre pays ces 20 dernières années.
Oh oui, je me rappelle ce jour-là. J’étais encore en terminale ! Il pleuvait. Après une sieste de 30 minutes, je m’apprêtais à travailler quelques exercices de chimie organique avec des condisciples. Quand soudain j’entendais des tirs sur le toit de ma maison. Celle-ci n’était pas clôturée seul le trottoir la séparait de la rue. La porte de ma chambre donnait sur celle-ci. Pris de panique on voulait sortir pour aller s’abriter chez un ami qui habite un peu plus profond. On allait très vite se rendre compte qu’il était impossible d’ouvrir la porte. Car il y avait des gens qui s’appuyaient dessus. En regardant par la fenêtre nous avons vu 3 chefs de fils du « parti » fanmi lavalas, bien connus, en tenue swat-team lourdement armés accompagnés de deux policiers.
Point n’est besoin de vous dire que la seule légitimité de ces chefs locaux lavalas de terroriser la population est leur appartenance au parti du Président. Ce jour-là, il s’agissait du début d’un simple règlement de compte entre le député et le maire Lavalas de la commune. Cela n’allait pas s’arrêter là. Deux semaines plus tard c’est le local de la mairie, le commissariat, et le local de la délégation dont la réparation venait tout juste d’être financée par un organisme étranger qui allait être incendiés. Une personne (membre du parti fanmi lavalas) a été tuée. elle était coupable d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment !
Après ces tragédies tout se passe comme si de rien n’était. On est au cœur d’une voyoucratie institutionnalisée. Si vous êtes du bon côté, vous pouvez tuer, détruire voler en toute quiétude. C’est le propre de la voyoucratie.
Peuple haïtien, hommes et femmes conscient-e-s, nous avons longtemps accepté que l’inadmissible soit la règle. Êtes-vous prêts à recommencer à nouveau ? Êtes-vous prêts à assister impuissants à l’égorgement de vos enfants, au pillage des deniers publics ? êtes-vous prêts à commencer à supporter la terreur de la voyoucratie ? Allons-nous laisser Lavalas reprendre le pouvoir (directement) pour ensuite descendre dans la rue avec la certitude de voir des manifestants assassinés ?
Mon intérêt n’est franchement autre qu’Haïti. Je sais que vous êtes nombreux à avoir le même intérêt que moi, mais n’oubliez jamais que la passivité tue. Elle tue vos enfants, vos parents, vos amis. N’oublions pas ceux/celles qui se sont faits assassiné-e-s ces vingt dernières années. Pour elles/eux et nos enfants nous nous devons d’agir