(Note de presse)
Suite aux requêtes continues de plusieurs organisations de la société civile, l’Association haïtienne des économistes (AHE) voudrait formuler, par cette présente note de presse, certaines observations concernant le Budget 2008-2009.
L’association reconnaît que la préparation et le vote d’un budget ne sont pas un exercice facile quel que soit le pays, que la dépendance de la communauté internationale s’est relativement réduite par rapport à l’ancien exercice, et qu’il y un souci croissant de plusieurs secteurs de voter le budget avant le 30 septembre de l’exercice fiscal.
Cependant, l’AHE considère que la dynamique de la préparation et du vote du Budget 2008-2009 en Haïti est des plus questionnables et n’augure nullement de la finalisation de ce que les spécialistes caractérisent comme les quatre éléments fondamentaux d’un bon budget. Un budget adéquat doit avoir en effet quatre particularité
être discuté et voté le plus tôt possible quels que soient les aléas politiques.
être un outil stratégique pour stimuler le développement économique, réduire la pauvreté, l’extrême pauvreté, relancer la consommation, et l’amélioration des conditions de vie de la population.
être réalisable et faisable, autrement dit, il faut que ceux qui conçoivent le budget soient sûrs qu’il sera financé dans sa quasimajorité
établir comment répartir les ressources de ce budget dans des dépenses de caractère social et déterminer de manière réaliste le volume possible de ces dépenses. La contrainte classique, c’est que presque tous les budgets nationaux, et en particulier ceux des pays pauvres, accusent toujours toutes sortes de déficits.
Il est regrettable ces quatre particularité
Tout d’abord, l’Exécutif a pris trop de temps pour proposer ce budget et d’autre part, un consensus parlementaire sur le budget 2008-2009, quatre mois après l’installation d’un nouveau Premier Ministre, n’est jusqu’à présent ni finalisé ni en passe d’être voté.
Ce budget a été conceptualisé de manière précipitée avec toutes les déficiences classiques traditionnelles: à savoir des ressources nettement insuffisantes et en contradiction avec les nombreuses déclarations des autorités principales du pays en faveur de la production nationale, de l’environnement : avec seulement 6% du budget pour l’agriculture, 2% pour l’environnement, et un budget hypertrophié pour les secteurs politiques et la bureaucratie anti-développement.
Il n’est pas du tout sur que 60% ou plus des ressources seront effectivement financées par la communauté internationale compte tenu de la fatigue des donateurs avec la conjoncture de stagnation économique actuelle et l’absence de stratégie. Le budget n’est pas garanti financièrement. Cette situation, où le budget n’est pas garanti financièrement, hypothèque les marges de manœuvre de l’État qui deviennent de plus en plus limitées dans un tel contexte.
Dans des conditions aussi incertaines, les ressources pour le social seront difficilement mobilisables pendant les prochains mois.
Un bon budget doit être un mélange de vision, de logique temporelle et un reflet de bonne gouvernance. La République d’Haïti a un besoin urgent de ces pratiques rationnelles. Leur absence explique pourquoi notre revenu par habitant a régressé pendant ces dernières années, contrairement à celui de nos voisins.
Claude Beauboeuf
Président provisoire AHE
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