lundi 9 juin 2008

Pour une rupture historique playdoyer III

Pour une rupture historique

Plaidoyer III

Dans le concert des nations amplifié par la mondialisation se dessine de drôles de rôles celui des « Etats in » d’une part et le rôle des « Etats out » d’autre part. Les « Etats in » sont ceux qui de part leur puissance économique, leur savoir faire technique et technologique influent de manière décisive sur la mondialisation et en tirent profits. Les Etats out sont ceux, comme Haïti, qui ne font que subir les effets néfastes du développement de liens d'interdépendance entre hommes et femmes, des activités humaines et les systèmes politiques à l'échelle du monde. Notre pays est de la liste des derniers perdants.

Les blocages historiques font que nous sommes la première victime des brutalités d’un capitalisme financier mondial échappant à tout contrôle étatique, même les plus puissants. Nous ne sommes pas à la hauteur de l’enjeu mondial pour diverses raisons.

Aujourd’hui la logique mondialiste néolibérale dont le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM) servent de punching-ball veut que l’Etat remplisse les fonctions régaliennes – à savoir la sécurité territoriale, la sécurité publique intérieure, la justice et l’émission des billets (dans le cas de l’Europe la Banque Centrale est communautaire les Etats concernés, pris individuellement, semblent démis de cette dernière fonction)- et laisse les autres activités au marché, à des initiatives individuelles. Il s’agit donc d’un Etat minimal.

Un Etat minimal comme veulent l’imposer les institutions financières internationales à travers leurs programmes d’ajustement structurels ou stratégies globales de développement n’est possible que dans le cadre d’un Etat au sens moderne du terme. C'est-à-dire dans son acception wébérienne « une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé (…) revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. Ce qui est le propre de notre époque, c’est qu’elle n’accorde à tous les autres groupements, ou aux autres individus, le droit de faire appel à la violence que dans la mesure où l’Etat le tolère : celui-ci passe donc pour l’unique source du ‘droit’ à la violence »[1]. Si un Etat ne répond pas à ces critères c’est qu’il n’est pas non plus en mesure de remplir correctement ses fonctions régaliennes.

Notre pays est dans un piteux état qui fait qu’il ne pourra prétendre être un Etat minimal. On est donc dans le cadre d’un Etat insuffisamment centralisé ou la bureaucratisation et la spécialisation des taches sont inachevées. Si Haïti n’est pas moderne elle vit tout de même dans la modernité. A ce titre ses taches sont doublement complexes.

1) Elle doit marcher à pas de géants en vue de rattraper son retard séculaire

2) Elle doit être prête à affronter les exigences contemporaines (dans le cadre d’une globalisation non maitrisée)

Pour ce faire nous devons réformer l’Etat, mettre en place une politique économique adéquate, investir dans l’éducation et la formation technique.

Les racines du problème haïtien remontent très loin dans notre histoire. Notre seule chance est de briser, couper les racines de ce mal qui ronge notre pays. Il s’agira là sans doute d’une rupture qui aura une portée historique pour toutes les haïtiennes et tous les haïtiens. Elle ne sera rien d’autre qu’une rupture historique que l’histoire ne saura ignorer. Car elle devra déboucher sur un pays digne et fier, à la hauteur de son histoire.

C’est une rupture « diamétrique »[2] pour un rayonnement historique.

Renald L.



[1] voir le site http://www.conflits.org/document1885.html

[2] Il s’agit là d’un néologisme.

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