Privatisation : des débats en boucle pour nous distraire
Des débats qui nous distraient, qui nous donnent l’impression d’être utiles, qui nous détournent du vrai problème. Des débats qui nous permettent d’exister tout simplement. C’est à cela que je pense quant à la récurrence des discussions relatives à la privatisation.
Je suis sûrement parmi les moins âgés de ces forums, sûrement parmi ceux qui n’ont pas assisté aux débats concernant les vagues de privatisation des années 90, parce que trop jeune. En tant que fils de paysans, je suis également des premières victimes de ces privatisations. Quels en ont été les résultats ? Pourquoi ont-elles ou n’ont-elles pas réussi ?
En effet, je me suis, depuis deux ans, inscrit sur ces forums en y apportant activement ma contribution. Je ne pourrai rien vous apprendre en ce qui a trait des débats cycliques. La privatisation fait partie de ces termes qui viennent, font du bruit et soudain disparaissent. Nous avons beaucoup discuté de la réalité des privatisations, des conditions qui pourraient permettre à la collectivité d’en tirer profit. Cependant, nombre d’entre nous préfèrent soutenir les idées de leur clan en faisant croire qu’ils parlent dans l’intérêt de la collectivité. Il y en a d’autres qui ont l’impression de connaître le système haïtien et qui lancent des idées dans l’air espérant qu’elles y trouvent application.
Nous n’avons eu de cesse de mettre accent sur les faiblesses structurelles qui empêchent d’appréhender l’Etat haïtien de la même manière que les Etats-Unis d’Amérique qui servent de modèle à plus d’un. La privatisation se fait dans le cadre d’une production capitaliste (rationalisation) et de l’existence réelle de l’Etat. On a tous constaté l’échec des privatisations enclenchées vers la deuxième moitié des années 90. Deux raisons majeures ont occasionné cet échec. D’une part la privatisation se faisait dans un contexte de non-existence de l’Etat, d’autre part les acquéreurs s’apparentaient plus à des bandes de mafias qu’à des capitalistes qui visaient la rentabilité des entreprises acquises.
La faiblesse de l’Etat, l’esprit patrimonialiste et sultanique des gouvernants que nous avons eus ces vingt dernières années rendait impossible le prélèvement de taxes sur les entreprises vendues. Taxe qui allaient, je vous le rappelle combler le manque à gagner de l’Etat. Les entreprises vendues ou volées n’ont pas pu servir la collectivité.
Par ailleurs les conditions dans les quelles ces privatisations se font rendent difficilement crédibles tous ceux qui ont appelé et qui appellent à la privatisation. La cession ou vente des entreprises ne se font pas de manière ouverte, c'est-à-dire suite à une discussion parlementaire suivie d’un appel d’offre où l’acquéreur donnant à l’Etat le plus de garantie est privilégié. Les ventes se font de manière tribale où le règlement se fait en espèce ! Tout le monde, à part les complices, ignore les modalités de vente.
Au moment où vous vous demandez si on doit ou non privatiser la privatisation a presque terminé. Ça se passe dans le monde tribal de la République d’Haïti qui réunit les élites politiques et économiques.
Nous pouvons tout de même continuer à en discuter en jouant sur les tableau d’absence et de présence à la fois, en nous distrayant, en réfutant d’assumer nos responsabilités, en jouant au cache-cache, en attendant que les professionnels de la politique du ventre nous construisent une Haïti paradisiaque. Pendant ce temps la descente aux enfers suit son cours !
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