jeudi 22 octobre 2009

Les vrais nouveaux faux patriotes ou les pompiers pyromanes ?

Les vrais nouveaux faux patriotes ou les pompiers pyromanes ?



Haïti, je t’aime. Je me protège. Si tu m’aimes comme je t’aime, sacrifie-toi. Sur mes lamentations, tu pourras toujours compter en échange. Telle est l’idéologie des vrais nouveaux faux patriotes. Ils ne se sacrifient pas pour la patrie, mais demandent à la patrie de se sacrifier pendant qu’ils la regardent gémie et pétrie. Pour rendre acceptable leur absurde position, ils évoquent un passé glorieux mais révolu. Un passé glorieux terni par les actes de leurs propres compères. Pour prouver la justesse de leur position, ils nous invitent à considérer les choses telles qu’elles furent et telles qu’elles devraient être et non telles qu’elles sont. Si nous ne faisons pas comme eux, c'est-à-dire réfléchir avec nos tripes et non avec nos têtes, alors nous ne sommes pas des patriotes. Laissez-moi vous décrire les vrais faux nouveaux patriotes.


Quand l’insécurité grimpe en Haïti, tu leur dis : « il est inadmissible que quels que bandits prennent en otage toute une population, il nous faut nous armer de courage et jouer notre rôle de citoyen ». Ils te répondent : « c’est vrai, tu as raison. Men sak mouri, mouri pou je pal ». Quand l’insécurité baisse, ils te parlent des incompétents au pouvoir qui n’arrivent pas à améliorer les conditions matérielles d’existence de la population, tu leur réponds : « nous avons les capitaux culturels nécessaires. Haïti est notre pays, même si nous n’avons pas d’argent, nous pouvons y retourner et participer à la vie de la cité ». « Oui, mais tu sais, on a des responsabilités, des enfants à nourrir, à éduquer, nous ne pouvons pas retourner en Haïti comme ça », rétorquent-ils. En gros, en ce qui a trait à leur vie privée, ils sont prévoyants, ils évitent tant que faire se peut les incertitudes. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de la patrie ?


C’est le « j’m’enfoutisme» : agissons et on verra après. Ça donnera s’que ça donnera ! Lorsqu’il s’agit du pays, ils ne sont plus prévoyants. Ils n’ont que faire du chaos. De toute façon, ils ne sont pas en Haïti. S’ils y sont, les membres de leurs familles sont à l’étranger. Ils ne jurent que par le chaos. Pour eux, la lutte politique n’a qu’un sens : la perpétuation du chaos permanent engendré par l’éternel recommencement. Ils veulent nous faire croire que si on demande la préparation du départ de la MINUSTHA, c’est parce qu’on n’est pas des patriotes ! Etre patriote, c’est faire sa vie à l’étranger et participer sporadiquement aux gouvernements de ses compères. Une fois qu’on a plus de poste gouvernemental, on est « opposant diasporique » ! On ne sait pas construire mais déconstruire : on demande le départ d’Aristide, puis celui de Latortue, ensuite Alexis et aujourd’hui celui de la MINUSTHA.


L’« après » nous importe peu, seul le départ nous intéresse : on est des vrais faux patriotes. Or, ce que je dis – et si cela vous plaît de croire que je suis naïf au point de penser que la MINUSTHA n’est pas là pour défendre l’intérêt de ceux qui l’entretiennent, tant mieux pour vous ! – c’est que la MINUSTHA a su tirer sa légitimé (sa raison d’être) de faits réels. Ces faits-là n’ont pas été inventés (je ne parle pas de leur causalité) : instabilité politique chronique, perte quasiment complète du monopole de la violence physique tenue pour légitime.


Nous avons deux options. Soit nous nous disons que tout allait très bien jusqu’à ce que la MINUSTHA ne gâte tout (option très peu crédible). Soit nous nous disons que même si la MINUSTAH n’est pas à la hauteur de ses prétentions (et que si l’ONU savait stabiliser des pays en situation d’instabilité ça s’saurait !), les problèmes dont l’occupation tire sa légitimité sont réels et nous causent vraiment des difficultés. Je pense que les gens sensés se retrouvent dans cette option. Donc attaquons la MINUSTHA à partir de ces mêmes éléments légitimants. Exigeons la création d’une force publique capable de maintenir la violence physique légitime, orientons l’ensemble de nos actions politiques dans le sens de la stabilité politique et de la continuité institutionnelle. Dès que l’Etat aura récupéré le monopole de la violence physique légitime, il remerciera la MINUSTHA.


Et si les autorités haïtiennes, notamment l’exécutif, ne se résolvent pas à créer cette force publique, la Constitution nous donne les moyens de les poursuivre pour « haute trahison ». Là on est dans une situation d’illégalité, on demande la normalisation.


Un vrai nouveau faux patriote est un fondamentaliste, il ne délibère pas ! Pourtant la chose est claire :

1) La création d’une force publique haïtienne aux cotés de la PNH

2) Le départ des soldats étrangers

3) La fin de la Mission des Nations Unies.


Si vous vous planifiez avant de prendre une décision d’ordre privé, pourquoi vouloir à tout prix l’incertitude pour Haïti ? Moi, je veux, avant de traverser le pont de connaître sa structure et sa capacité à supporter les poids des gens qui m’accompagnent. Arrêtez de jouer les pompiers pyromanes !





Je m’appelle Renald,

Je ne suis pas vrai nouveau faux patriote ni pompier pyromane. C’est grave, docteur ?

Aucun commentaire: