lundi 5 mai 2008

Culture et Inculture

Chers-ères amis-es,

Mon ambition est de sortir de ce « lieu commun » qui veut que la culture soit l’emmagasinement d’un certain type de savoirs techniques et sociaux spécifiques socialement valorisés. Ce faisant nous sommes condamnés à choisir entre une forme de savoirs qui nous appartient à nous et d’autres formes de savoirs qui nous sont étrangères. Le choix qu’on fera sera forcément centré sur notre culture, c’est-à-dire les formes de savoir socialement valorisées dans nos sociétés telles que la lecture, l’écriture, une façon particulière de connaître la matière, de se questionner sur l’existence, de professer sa religion, d’être au monde en rejetant dans d’autres catégories les peuples qui ne répondent pas à ces critères-là. Or force est de constater que les possibilités de savoirs sont diverses et que la compréhension du fonctionnement de la matière n’engendre pas forcément « l’humanité ». L’Europe des derniers siècles écoulés l’en témoigne.

A cette conception de la culture j’oppose une autre qui est la capacité à apprécier l’autre non en fonction de ce qu’il a pu emmagasiner comme savoirs et son degré de ressemblance à soi mais de ce qu’il a d’humanité. C’est en quelque sorte le refus de l’ethnocentrisme culturel. Vous dites que le problème « en est un rapport de soi à l’autre ». Je ne vois pas en quoi cette affirmation est différente de ce que j’essaie de développer dès le départ. A moins que vous n’ayez pas suffisamment développé votre pensée pour la rendre intelligible.

Le fait que Ray ait choisi ses propres expériences pour illustrer sa démonstration c’est une très bonne chose. Cela prouve qu’on a affaire à un homme expérimenté. Cependant cette façon de faire c’est tout le contraire de ce que nous faisons en sciences humaines et sociales et prouve l’utilité du texte de Dore intitulé « L’idéologue est-il un scientifique ? », que j’ai d’ailleurs critiqué. Je pense que l’enjeu est plus large et global pour vouloir le corroborer à partir d’expérience personnelle et individuelle.

L’expérience personnelle de notre ami Ray n’est pas non plus suffisante en vue de l’élaboration théorique des causes de ce qu’il appelle blocage culturel empêchant « la collaboration entre Haïtiens en général ». On ne saurait par ailleurs lui reprocher d’avoir essayé.

On peut utiliser ces lieux de débats pour s’envoyer des injures ou des fleurs les uns aux autres, cela ne nous fera avancer d’un iota. Je souhaiterais donc que nous puisons nous contredire, faire des erreurs comme tout être humain sans que nous ayons à nous fâcher. Tolérons-nous, les uns, les autres.

Cordialement

Renald L.

Paris 30/04/08

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