Les Faiseurs de Camp
Croire que la réalité (sociopolitico-économique) ne conditionne pas le jugement de valeur, la prise de position éthique dans une société donnée est tout simplement une aberration. Dire que les pratiques discursives, où le locuteur essaie généralement de gommer sa subjectivité, n’ont pas d’incidences sur la réalité est extrêmement réducteur et ne permet pas de prévenir certains fléaux que peut causer le discours. Un discours politique procédant d’une vision binaire, voire manichéenne, de la société et qui la divise en Camp doit nous interpeller. Il doit nous interpeller en tant que citoyen-ne-s mais aussi en tant qu’observateur de la réalité « sociétale ».
Souvent on ne mesure toute la perversité d’un discours qu’a postériori. C’est à dire trop tard. A la publication de Mein Kampf (1924-1925), on n’avait pas suffisamment pris en compte toute la capacité destructrice du discours nationaliste hitlérien. La haine qu’il a permis de cristalliser a été une condition nécessaire à l’expansion du nazisme.
En lisant mon courriel, lorsque j’ai remarqué pour la première fois le titre « Camp patriotique », j’ai dit en plaisantant à la personne qui était assise à coté de moi que depuis Auschwitz j’ai une peur viscérale des Camps et le Goulag n’a fait que l’amplifier !
Ensuite je me suis dit que peut être ils n’ont pas le discours nationaliste qui va avec, c’est probablement un groupe de concitoyen animé de bonne volonté mais en manque d’inspiration. Toutefois, vu la violence verbale de ces faiseurs de Camp sur le net envers quiconque ose les critiquer ou ne pas signer leur pétition, je me dis qu’ils ont vraiment leur « Mon Combat ».
La vérité est qu’il s’agit d’un groupe de combattants virtuel qui pensent que la démission de Préval n’est qu’une question d’heure et que naturellement les meilleurs successeurs de l’actuel Président ce sont eux… Ils sont dans leur bulle. Si des mauvaises comédies n’avons-nous pas horreur, nous en rions. Si tel n’est pas le cas, nous nous exaspérons.
Critiquer un Camp patriotique transformé en UMPP, qui n’a de force et de représentativité que les quatre lettres composant l’acronyme est une perte de temps. Une perte de temps qui est de nature à renforcer ce qui ne mérite pas de l’être. Mais vu qu’ils prennent d’assaut les forums et que leur « Mon Combat » est susceptible d’être lu par nombre de compatriotes, mettons en exergue le danger qu’aurait pu représenter un tel discours si la force de frappe du camp pouvait aller au-delà des quatre lettres de l’acronyme UMPP.
Meilleurs vœux à tous-tes, y compris les faiseurs de Camp !
Renald LUBERICE
jeudi 31 décembre 2009
dimanche 13 décembre 2009
Allocution du président Barack Obama à l'occasion de son acceptation du prix Nobel de la paix
Allocution du président Barack Obama des E.-U. à l'occasion de son acceptation du prix Nobel de la paix
La Maison-Blanche Bureau du secrétaire de presse
Le 10 décembre 2009
L'Hôtel de ville d'Oslo Norvège
Le Président - Vos Majestés, vos Altesses royales, Membres distingués du Comité Nobel de Norvège, citoyens des États-Unis et citoyens du monde :
Je reçois cet honneur avec une profonde gratitude et une grande humilité. C'est un prix qui fait appel à nos plus hautes aspirations : malgré la cruauté et la dureté de notre monde, nous ne sommes pas de simples prisonniers du destin. Nos actes comptent, et nous pouvons infléchir le cours de l'histoire vers davantage de justice.
Et pourtant, j'aurais tort d'ignorer la controverse considérable que votre décision généreuse a soulevée : d'une part, parce que je suis au début, non à la fin, de mes efforts sur la scène mondiale. En comparaison de certains des géants qui ont reçu ce prix - Schweitzer et King ; Marshall et Mandela - mes réalisations sont faibles. D'autre part, il y a les hommes et les femmes de par le monde qui ont subi la prison et essuyé des coups dans leur quête de justice ; il y a ceux qui œuvrent au sein des organisations humanitaires à apaiser les souffrances, les millions d'inconnus dont les discrets actes de courage et de compassion inspirent jusqu'aux cyniques les plus endurcis. Je ne saurais en vouloir à ceux qui trouvent ces hommes et ces femmes - certains bien connus, d'autres obscurs pour tous, hormis ceux qu'ils aident - bien plus dignes que moi de mériter cet honneur.
Mais l'interrogation la plus profonde peut-être qui entoure mon attribution de ce prix a trait au fait que je suis le commandant en chef d'une nation engagée dans deux guerres. L'une de ces guerres est en voie d'achèvement. L'autre est un conflit que l'Amérique n'a pas cherché et auquel quarante-deux autres pays - dont la Norvège - se sont joints afin de se défendre et de défendre toutes les nations contre de nouvelles attaques.
Néanmoins, nous sommes en guerre, et je suis responsable du déploiement de milliers de jeunes Américains sur un champ de bataille lointain. Certains d'entre eux vont tuer, certains vont être tués. C'est pourquoi je me présente ici avec un sens profond du coût des conflits armés - rempli d'interrogations difficiles sur les relations entre la guerre et la paix et sur nos efforts visant à passer de l'une à l'autre.
Certes, ces questions n'ont rien de nouveau. La guerre, sous une forme ou sous une autre, est apparue avec le premier homme. À l'aube de l'histoire, sa moralité n'était pas mise en doute ; c'était un simple fait, comme la sécheresse ou la maladie, c'était la façon dont les tribus puis les civilisations recherchaient la puissance et réglaient leurs différends.
Avec le temps, à mesure que des codes de loi ont visé à maîtriser la violence parmi les groupes, de même des philosophes, des religieux et des hommes d'État ont cherché à maîtriser le pouvoir destructif de la guerre. On a vu naître la conception d'une « juste guerre », ce qui laissait à penser que la guerre n'était justifiée que lorsque certaines conditions étaient remplies : si on s'y résolvait en dernier recours, ou en cas de légitime défense ; si la force employée était proportionnelle ; et si, chaque fois que possible, on épargnait les populations civiles.
Il est vrai, comme chacun le sait, que pendant la majeure partie de l'histoire, cette conception de la « juste guerre » a rarement été appliquée. La capacité des êtres humains d'inventer de nouveaux moyens de s'entretuer s'est révélée inépuisable, de même que leur aptitude à exempter de toute merci ceux qui ne leur ressemblaient pas, ou qui priaient un Dieu différent. Les guerres entre armées a cédé la place aux guerres entre nations - des guerres totales où s'est estompée la distinction entre civil et combattant. En l'espace de trente ans, un tel carnage devait engloutir ce continent même. Et s'il est difficile de songer à une cause plus juste que la défaite du Troisième Reich et des puissances de l'Axe, la Deuxième Guerre mondiale fut un conflit dans le lequel le nombre total de civils qui ont péri a dépassé celui des soldats.
Dans le sillage d'une telle destruction et avec l'avènement de l'ère nucléaire, il est apparu clairement aux vainqueurs comme aux vaincus que le monde avait besoin d'institutions afin de prévenir une autre guerre mondiale. C'est ainsi qu'un quart de siècle après que les États-Unis eurent rejeté la Société des Nations - une idée qui avait valu à Woodrow Wilson ce prix Nobel - les États-Unis ont conduit le monde à la construction d'une architecture destinée à maintenir la paix : un plan Marshall et une Organisation des nations unies, des mécanismes gouvernant les règles de la guerre, et des traités pour protéger les droits de l'homme, prévenir le génocide et limiter les armes les plus dangereuses.
À de nombreux égards, ces efforts ont été couronnés de succès. Certes, des guerres terribles ont eu lieu et des atrocités ont été commises. Mais il n'y a pas eu de Troisième Guerre mondiale. La guerre froide s'est terminée lorsque des foules en jubilation ont fait tomber un mur. Le commerce a recousu la plupart des parties du monde. Des milliards d'êtres humains sont sortis de la pauvreté. Les idéaux de la liberté et de l'autodétermination, de l'égalité et de la règle du droit ont progressé tant bien que mal. Nous sommes les héritiers de la force d'âme et de la perspicacité des générations passées et c'est un héritage dont mon propre pays est fier à juste titre.
Pourtant, dans la première décennie d'un siècle nouveau, cette vieille architecture ploie sous le poids de nouvelles menaces. Le monde n'a sans doute plus à redouter la perspective d'une guerre entre deux superpuissances nucléaires, mais la prolifération pourrait aggraver le risque d'une catastrophe. Le terrorisme est une tactique très ancienne, mais les techniques modernes permettent à quelques petits hommes saisis d'une rage démesurée d'assassiner des innocents à une échelle horrifiante.
D'autre part, les guerres entre nations ont de plus en plus cédé la place à des conflits internes. La résurgence de conflits ethniques ou sectaires, la montée de mouvements sécessionnistes, les insurrections, les États défaillants : toutes ces choses enserrent les populations civiles, de plus en plus, dans un chaos sans issue. Dans les guerres d'aujourd'hui, il meurt bien plus de civils que de soldats, et on voit les graines de conflits futurs semées, des économies ruinées, des sociétés civiles en lambeaux, des réfugiés entassés, des enfants balafrés.
Je n'apporte pas aujourd'hui avec moi une solution définitive de ces problèmes de guerre. Ce que je sais, cependant, c'est que la réponse à ces défis exigera la même clairvoyance, le même labeur et la même opiniâtreté que possédaient les hommes et les femmes qui ont agi de façon si audacieuse il y a quelques décennies. Et elle exigera que nous repensions les notions de guerre juste ainsi que les impératifs d'une juste paix.
Nous devons tout d'abord admettre une dure vérité : nous n'allons pas éradiquer les conflits violents de notre vivant. Il y aura des moments où des nations, agissant seules ou de concert, trouveront le recours à la force non seulement nécessaire mais aussi moralement justifié.
Cela, je le dis pleinement conscient de ce que Martin Luther King déclara jadis, dans le cadre de cette même cérémonie : « La violence n'apporte jamais la paix permanente. Elle ne règle aucun problème social : elle ne fait qu'en créer de nouveaux et de plus compliqués. » Moi qui me trouve ici en conséquence directe de l'œuvre de Martin Luther King, je suis la preuve vivante de la force morale de la non-violence. Je sais qu'il n'y a rien de faible, rien de passif, rien de naïf, dans le credo et dans la vie de Gandhi et de Martin Luther King.
Mais en ma qualité de chef d'État qui a juré de protéger et de défendre son pays, je ne puis me guider d'après leurs seuls exemples. Je suis confronté au monde tel qu'il est et ne puis rester passif face aux menaces qui pèsent sur le peuple américain. Car ne vous leurrez pas : le mal existe dans le monde. Ce n'est pas un mouvement non violent qui aurait pu arrêter les armées d'Hitler. Aucune négociation ne saurait convaincre les chefs d'Al-Qaïda de déposer leurs armes. Dire que la guerre est parfois nécessaire n'est pas un appel au cynisme, c'est la reconnaissance de l'histoire, des imperfections de l'homme et des limites de la raison.
Je soulève ce point, je commence par ce point parce que dans de nombreux pays on éprouve actuellement une profonde ambivalence au sujet de toute action militaire, quelle qu'en soit la cause. Parfois, il s'y greffe une méfiance réflexive à l'égard de l'Amérique, la seule superpuissance militaire du monde.
Mais le monde doit se rappeler que ce ne sont pas que les institutions internationales, les traités et les déclarations, qui lui ont apporté la stabilité après la Deuxième Guerre mondiale. Quelques erreurs que nous ayons commises, la vérité toute simple est celle-ci : les États-Unis d'Amérique ont contribué à garantir la sécurité mondiale pendant plus de soixante ans par le sang de leurs citoyens et par la force de leurs armes. Le service, le sacrifice de nos hommes et femmes qui portent l'uniforme a promu la paix et la prospérité de l'Allemagne à la Corée et a permis à la démocratie de prendre pied dans des endroits tels que les Balkans. Nous avons assumé ce fardeau non pas parce que nous cherchons à imposer notre volonté, mais en raison de notre intérêt éclairé : parce que nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants, et que nous pensons que leurs vies seront meilleures si les autres enfants et petits-enfants du monde peuvent vivre dans la liberté et dans la prospérité.
Donc oui, les outils de guerre ont un rôle à jouer pour préserver la paix. Et pourtant cette vérité doit coexister avec une autre : aussi justifiée soit-elle, la guerre promet une tragédie humaine. Par son courage et par son sacrifice, le soldat se couvre de gloire car il exprime son dévouement à sa patrie, à sa cause, à ses camarades de combat. Mais la guerre elle-même n'est jamais glorieuse et nous ne devons jamais la claironner comme telle.
C'est ainsi que notre défi consiste en partie à concilier ces deux vérités apparemment inconciliables, à savoir que la guerre est parfois nécessaire et qu'elle est, à un certain niveau, une expression de la folie humaine. Concrètement, nous devons centrer nos efforts sur la tâche à laquelle le président Kennedy nous a appelés, il y a longtemps : « Concentrons-nous, dit-il, sur une paix plus pratique, plus réalisable, basée non sur une soudaine révolution de la nature humaine, mais sur une évolution progressive des institutions humaines. »
Une évolution progressive des institutions humaines : quelle forme cette évolution pourrait-elle prendre ? Et quelles pourraient être ces mesures pratiques ?
Tout d'abord, je crois que toutes les nations - qu'elles soient puissantes ou faibles - doivent adhérer aux normes qui s'appliquent à l'usage de la force. Comme tout chef d'État, je me réserve le droit d'agir unilatéralement si cela s'avère nécessaire pour défendre mon pays. Néanmoins, je suis convaincu qu'adhérer à ces normes, à ces normes internationales, renforce ceux qui le font, et isole et affaiblit ceux qui ne le font pas.
Le monde a soutenu les États-Unis au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, et continue d'appuyer nos efforts en Afghanistan, sur la base de l'horreur causée par ces attaques insensées et du principe reconnu d'autodéfense. Le monde avait pareillement reconnu la nécessité d'affronter Saddam Hussein quand il avait envahi le Koweït - un consensus qui a transmis un message clair quant aux conséquences de toute agression.
En outre, les États-Unis ne peuvent pas exiger des autres de respecter un code de conduite que nous refuserions d'appliquer nous-mêmes. Notre action, dans ce cas, semblerait arbitraire et saperait la légitimité de toute intervention future - même quand elle serait des plus justifiées.
Ce principe devient particulièrement important quand l'objectif d'une action militaire va au-delà de l'autodéfense ou de la défense d'une nation contre un agresseur. De plus en plus souvent, nous sommes confrontés à des questions telles que celle de savoir comment prévenir le massacre de civils par leur propre gouvernement, ou comment mettre fin à une guerre civile dont la violence et les souffrances risquent de dévaster une région tout entière.
Je crois que l'usage de la force peut être justifié pour des raisons humanitaires, comme cela l'a été dans les Balkans, ou dans d'autres régions ravagées par la guerre. L'inaction déchire notre conscience et peut conduire plus tard à une intervention militaire plus coûteuse. C'est pourquoi toutes les nations responsables doivent postuler qu'une force militaire dotée d'un mandat clairement établi a un rôle à jouer pour maintenir la paix.
Les États-Unis ne vacilleront jamais dans leur engagement en faveur de la sécurité internationale. Mais dans un monde où les menaces sont plus répandues et les missions plus complexes, l'Amérique ne peut pas agir dans l'isolement. L'Amérique ne peut à elle seule assurer la paix. C'est vrai pour l'Afghanistan ; c'est vrai aussi pour les États déstructurés, telle la Somalie, où le terrorisme et la piraterie sévissent aux côtés de la famine et des souffrances humaines. Et malheureusement, cela restera vrai pour des régions instables du monde pour de nombreuses années à venir.
Les dirigeants et les soldats des États membres de l'OTAN - et des autres pays amis et alliés - prouvent la véracité de ce principe grâce aux capacités et au courage dont ils font montre en Afghanistan. Mais dans de nombreux pays, il y a une certaine fracture entre les efforts de ceux qui servent sous les drapeaux et l'ambivalence du public. Je comprends pourquoi la guerre n'est pas populaire. Mais je sais aussi ceci : le seul fait de souhaiter la paix suffit rarement à la concrétiser. La paix exige d'assumer des responsabilités. La paix requiert des sacrifices. C'est pourquoi l'OTAN continuera d'être indispensable. C'est pourquoi nous devons renforcer les missions de maintien de la paix de l'ONU et d'organismes régionaux, et ne pas laisser cette tâche à quelques pays seulement. C'est pourquoi nous accueillons avec des honneurs ceux qui, après avoir servi dans des missions de maintien de la paix et d'entraînement à l'étranger, rentrent chez eux, à Oslo et à Rome, à Ottawa et à Sydney, à Dhaka et à Kigali : nous les saluons non pas comme des faiseurs de guerre mais comme des artisans de paix.
Permettez-moi de souligner un dernier point au sujet de l'usage de la force. Quand nous prenons les décisions difficiles relatives à l'entrée en guerre, nous devons en même temps réfléchir posément à la façon dont nous la mènerons. Le comité Nobel a reconnu cette vérité en décernant son premier prix de la paix à Henry Dunant - le fondateur de la Croix-Rouge et l'un des grands promoteurs des Conventions de Genève.
Quand la force s'avère nécessaire, nous avons un intérêt moral et stratégique à respecter strictement certaines règles de conduite. Et même lorsque nous sommes face à face avec un adversaire féroce qui ne suit aucune règle, je pense que les États-Unis d'Amérique doivent demeurer le porte-étendard des principes de la guerre. C'est cela qui nous distingue de ceux contre lesquels nous luttons. C'est cela la source de notre force. C'est pourquoi j'ai interdit la torture. C'est pourquoi j'ai ordonné la fermeture de la prison à Guantanamo Bay. Et c'est pourquoi j'ai réaffirmé la détermination des États-Unis de respecter les Conventions de Genève. Nous perdons notre âme lorsque nous transigeons avec les idéaux pour lesquels nous nous battons. Et nous honorons ces idéaux si nous les respectons non seulement quand il est facile de le faire mais aussi quand ce ne l'est pas.
J'ai parlé des questions que nous devons examiner dans notre esprit et dans notre cœur quand nous choisissons d'aller en guerre. Je voudrais maintenant parler des efforts à déployer afin d'éviter d'avoir à faire ces choix tragiques, et des trois moyens que nous pouvons employer pour bâtir une paix juste et durable.
Premièrement, à l'égard des pays qui enfreignent les règles et les lois, je crois que nous devons mettre au point des alternatives à la violence qui soient assez musclées pour modifier leur comportement - car si notre objectif est une paix durable, la parole de la communauté internationale doit valoir quelque chose. Les gouvernements qui font fi des règles doivent être tenus responsables de leurs actes. Les sanctions doivent infliger un coût réel. L'intransigeance doit être contrée par des pressions croissantes - et celles-ci ne peuvent exister que lorsque le monde entier parle d'une seule voix.
Un exemple urgent d'un tel effort est celui qui vise à prévenir la prolifération des armes nucléaires et à réaliser un monde dépourvu de ces armes. Au milieu du siècle dernier, de nombreux pays sont convenus de respecter un traité dont l'offre était claire : tous auraient accès à l'énergie nucléaire à vocation pacifique ; ceux qui n'avaient pas d'armes nucléaires ne chercheraient pas à s'en doter ; ceux qui en possédaient œuvreraient en faveur du désarmement. Je suis déterminé à respecter ce traité. C'est l'un des éléments centraux de ma politique étrangère. Et j'œuvre de concert avec le président Medvedev pour réduire les arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Russie.
Mais il nous incombe aussi à tous de faire en sorte que certains pays, tels l'Iran et la Corée du Nord, ne contournent pas ce système. Ceux qui se disent respectueux du droit international ne peuvent pas détourner leur regard lorsque ce droit est bafoué. Ceux qui se préoccupent de leur sécurité ne peuvent pas négliger le danger d'une course aux armements au Moyen-Orient ou en Asie de l'Est. Ceux qui œuvrent pour la paix ne peuvent pas rester les bras croisés pendant que d'autres se dotent d'armes pour une guerre nucléaire.
Le même principe s'applique à ceux qui enfreignent le droit international en brutalisant leur propre peuple. Quand un génocide a lieu au Darfour, que des viols systématiques sont perpétrés au Congo et que la répression sévit en Birmanie, il faut que cela ait des conséquences. Oui, nous engagerons la discussion ; oui, il y aura de la diplomatie ; mais il doit y avoir des conséquences lorsque ces moyens échouent. Et plus nous agirons de concert, moins nous aurons à faire le choix entre l'intervention armée et la complicité avec l'oppression.
Ceci me mène à un deuxième point : le genre de paix que nous poursuivons. Car la paix ne consiste pas seulement en l'absence de conflits visibles. Seule une paix juste fondée sur les droits et la dignité inhérents à toute personne peut vraiment perdurer.
C'est cette idée fondamentale qui a inspiré les auteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. A la suite de ses dévastations, ils s'étaient rendu compte que si les droits de l'homme n'étaient pas protégés, la paix ne serait qu'une promesse vide.
Et pourtant, ces mots sont trop souvent ignorés. Certains pays excusent leur inaction en faveur des droits de l'homme en prétendant, à tort, qu'il s'agit de principes en quelque sorte occidentaux, inappropriés à la culture locale ou à leur stade de développement. Et aux États-Unis, il y a longtemps eu une tension entre ceux qui se décrivent comme réalistes ou comme idéalistes - une tension révélatrice d'une alternative douloureuse entre la poursuite d'intérêts étroits ou d'une campagne sans fin pour imposer nos valeurs au reste du monde.
Je rejette cette alternative. Je crois que la paix est instable lorsque les citoyens sont privés du droit de s'exprimer librement ou de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent ; du droit de choisir leurs dirigeants ou de se rassembler sans crainte. Les griefs réprimés s'enveniment et l'élimination de l'identité tribale ou religieuse peut conduire à la violence. Nous savons aussi que l'inverse est vrai. C'est seulement quand l'Europe est devenue libre qu'elle a enfin pu vivre en paix. Les États-Unis n'ont jamais mené de guerre contre une démocratie, et nos amis les plus proches sont des gouvernements qui protègent les droits de leurs citoyens. Aussi cyniquement qu'on voudrait les interpréter, ni les intérêts des États-Unis, ni ceux du monde entier, ne seront servis par le déni des aspirations humaines.
Donc, tout en respectant la culture et les traditions des différents pays, l'Amérique sera toujours la voix des aspirations qui sont universelles. Nous témoignerons de la tranquille dignité de réformateurs comme Aung Sang Suu Kyi ; de la bravoure des Zimbabwéens qui sont allés voter malgré les passages à tabac ; des centaines de milliers de personnes qui ont défilé silencieusement dans les rues de l'Iran. Il est révélateur que les dirigeants de ces gouvernements craignent plus les aspirations de leur propre peuple que la puissance d'une autre nation. Et tous les peuples libres ont le devoir de clairement signifier que ces mouvements - ces mouvements porteurs d'espoir et d'histoire - nous ont à leurs côtés.
Permettez-moi de dire ceci : la promotion des droits de l'homme ne peut pas relever de la seule exhortation. Elle doit parfois être associée à une diplomatie méticuleuse. Je sais que la communication avec des régimes répressifs n'offre pas la pureté satisfaisante de l'indignation. Mais je sais aussi que les sanctions sans main tendue - et la condamnation sans discussion - peuvent conduire à un statu quo paralysant. Aucun régime répressif ne peut s'acheminer sur une nouvelle voie si on ne lui ouvre pas une porte. À la lumière des horreurs de la révolution culturelle, la rencontre de Nixon avec Mao semblait inexcusable - et pourtant, elle a assurément contribué à orienter la Chine sur une nouvelle voie, où des millions de ses citoyens ont été sortis de la pauvreté et liés à des sociétés ouvertes. L'engagement du pape Jean-Paul II auprès de la Pologne a permis non seulement à l'église catholique, mais aussi à des chefs du mouvement ouvrier comme Lech Walesa, de prendre leur place. Les efforts déployés par Ronald Reagan dans le domaine du contrôle des armements et son acceptation de la perestroïka ont permis non seulement d'améliorer les relations avec l'Union soviétique, mais aussi d'encourager les dissidents dans l'ensemble de l'Europe de l'Est. Il n'existe pas de formule magique dans ce domaine. Mais nous devons faire de notre mieux pour trouver un équilibre entre isolement et engagement, entre pressions et incitations, de façon que les droits de l'homme et la dignité progressent au fil du temps.
Troisièmement, une paix juste ne comprend pas seulement des droits civils et politiques ; elle doit englober la sécurité économique et l'ouverture de possibilités. Parce que la paix réelle ne se résume jamais à l'élimination de la peur, mais elle doit aussi mettre à l'abri du besoin.
Il ne fait aucun doute que le développement prend rarement racine sans sécurité ; il est également vrai que la sécurité n'existe pas là où les êtres humains n'ont pas accès à la nourriture, à l'eau potable, aux médicaments ou aux logements dont ils ont besoin pour survivre. Il n'y a pas de sécurité lorsque les enfants ne peuvent pas aspirer à une éducation digne de ce nom ni à un emploi qui leur permettra de soutenir une famille. L'absence d'espoir peut pourrir une société de l'intérieur.
C'est pourquoi aider les agriculteurs à nourrir leurs populations - ou les pays à éduquer leurs enfants et à soigner leurs malades - ne relève pas de la simple charité. C'est également pourquoi le monde doit s'unir pour lutter contre le changement climatique. Il existe peu de doute scientifique sur le fait que si nous ne faisons rien, nous devrons faire face à des sécheresses, à des famines et à des déplacements massifs de populations plus nombreux, ce qui alimentera plus de conflits pendant des décennies. Pour cette raison, ce ne sont pas seulement les scientifiques et les militants écologistes qui réclament des actions rapides et puissantes - ce sont les cadres militaires de mon pays et d'autres, qui comprennent que notre sécurité collective est en jeu.
Des accords entre nations. De fermes institutions. Le soutien aux droits de l'homme. Des investissements dans le développement. Ce sont là les ingrédients essentiels de l'évolution qu'avait évoquée le président Kennedy. Et pourtant, je ne crois pas que nous ayons la volonté, la force, le courage d'achever cette œuvre sans quelque chose de plus - à savoir l'expansion continue de notre imagination morale ; l'insistance sur le principe qu'il existe quelque chose d'irréductible que nous partageons tous.
Au fur et à mesure que le monde rapetisse, on pourrait penser qu'il est plus facile aux êtres humains de reconnaître à quel point ils sont semblables ; de comprendre que nous voulons tous essentiellement la même chose ; que nous espérons tous avoir la chance de vivre notre vie dans une certaine mesure de bonheur et de réalisation de nos aspirations et de celles de nos familles.
Et pourtant, vu le rythme étourdissant de la mondialisation, le nivellement culturel de la modernité, il n'est sans doute pas surprenant que les gens craignent de perdre ce qu'ils chérissent dans leur identité particulière - leur race, leur tribu, et peut-être encore plus leur religion. Dans certains endroits, cette crainte a conduit au conflit. Parfois, on a l'impression de reculer. Nous le constatons au Moyen-Orient, où le conflit entre Arabes et Juifs semble se durcir. Nous le voyons dans les pays qui sont déchirés par des clivages tribaux.
Mais ce qui est plus dangereux encore, c'est que nous le voyons dans la façon dont la foi est utilisée pour justifier le meurtre d'innocents par ceux qui ont déformé et souillé la grande religion qu'est l'islam, et qui ont attaqué mon pays depuis l'Afghanistan. Ces extrémistes ne sont pas les premiers à tuer au nom de Dieu ; la cruauté des Croisades est amplement documentée. Mais cela nous rappelle qu'une guerre sainte ne peut jamais être une guerre juste. Parce que si vous croyez réellement que vous exécutez la volonté divine, alors il n'y a pas besoin de retenue - pas besoin d'épargner la femme enceinte, ni le médecin, ni même la personne qui professe la même foi que vous. Une vue aussi déformée de la religion est incompatible non seulement avec le concept de la paix, mais aussi avec celui de l'objet même de la foi. Parce que la règle d'or qui est au cœur de chaque grande religion veut que nous traitions les autres comme nous aimerions qu'ils nous traitent.
Respecter cette loi d'amour du prochain a toujours été la principale lutte de la nature humaine. Nous sommes faillibles. Nous faisons des erreurs, nous cédons à la tentation de la fierté, du pouvoir, voire du mal. Parfois, même ceux d'entre nous qui sont armés des meilleures intentions n'arrivent pas à redresser les injustices. Mais nous n'avons pas besoin de penser que la nature humaine est parfaite pour continuer à croire que la condition humaine peut être améliorée. Nous n'avons pas besoin de vivre dans un monde idéalisé pour aspirer à ces idéaux. La non-violence pratiquée par des hommes comme Gandhi et Martin Luther King ne serait sans doute pas adéquate ou possible dans toutes les circonstances, mais l'amour qu'ils ont prêché - leur foi dans le progrès humain - doit toujours être l'étoile polaire qui guide notre propre périple. Parce que si nous perdons cette foi - si nous l'écartons par sottise ou naïveté ; si nous la séparons des décisions que nous devons prendre sur des questions comme la guerre et la paix - alors nous perdrons ce qu'il y a de plus précieux dans l'humanité. Nous perdrons notre sens des possibilités. Nous perdrons notre direction morale.
Comme les générations qui nous ont précédés, nous devons rejeter un tel avenir. Comme Martin Luther King l'a dit en cette occasion il y a tant d'années, « Je refuse d'accepter le désespoir comme réponse ultime aux ambiguïtés de l'histoire. Je refuse d'accepter l'idée que "l'être" de la condition actuelle de l'homme le rend moralement incapable de tendre vers le "devenir" éternel qui l'interpelle toujours. »
Alors, aspirons tous au monde qui devrait être - à cette étincelle de divin qui est toujours présente dans chacune de nos âmes. Quelque part, aujourd'hui, dans ce monde, une jeune militante s'expose à la brutalité de son gouvernement, mais a le courage de continuer. Quelque part aujourd'hui, une mère en proie à une pauvreté cruelle prend le temps d'enseigner à son enfant, ramasse les quelques sous qu'elle a pour envoyer son enfant à l'école, parce qu'elle est convaincue que dans ce monde cruel, cet enfant trouvera encore de la place pour ses rêves.
Inspirons-nous de ces exemples. Tout en admettant que l'oppression sera toujours parmi nous, nous pouvons continuer de rechercher la justice. Tout en admettant l'irréductibilité de la dépravation, nous pouvons continuer à tendre vers la dignité. Tout en comprenant qu'il y aura toujours des guerres, nous pouvons rechercher la paix. Nous pouvons le faire, parce que c'est l'histoire du progrès humain ; c'est l'espoir du monde entier ; et en ces moments difficiles, nous devons accomplir notre œuvre ici sur terre.
La Maison-Blanche Bureau du secrétaire de presse
Le 10 décembre 2009
L'Hôtel de ville d'Oslo Norvège
Le Président - Vos Majestés, vos Altesses royales, Membres distingués du Comité Nobel de Norvège, citoyens des États-Unis et citoyens du monde :
Je reçois cet honneur avec une profonde gratitude et une grande humilité. C'est un prix qui fait appel à nos plus hautes aspirations : malgré la cruauté et la dureté de notre monde, nous ne sommes pas de simples prisonniers du destin. Nos actes comptent, et nous pouvons infléchir le cours de l'histoire vers davantage de justice.
Et pourtant, j'aurais tort d'ignorer la controverse considérable que votre décision généreuse a soulevée : d'une part, parce que je suis au début, non à la fin, de mes efforts sur la scène mondiale. En comparaison de certains des géants qui ont reçu ce prix - Schweitzer et King ; Marshall et Mandela - mes réalisations sont faibles. D'autre part, il y a les hommes et les femmes de par le monde qui ont subi la prison et essuyé des coups dans leur quête de justice ; il y a ceux qui œuvrent au sein des organisations humanitaires à apaiser les souffrances, les millions d'inconnus dont les discrets actes de courage et de compassion inspirent jusqu'aux cyniques les plus endurcis. Je ne saurais en vouloir à ceux qui trouvent ces hommes et ces femmes - certains bien connus, d'autres obscurs pour tous, hormis ceux qu'ils aident - bien plus dignes que moi de mériter cet honneur.
Mais l'interrogation la plus profonde peut-être qui entoure mon attribution de ce prix a trait au fait que je suis le commandant en chef d'une nation engagée dans deux guerres. L'une de ces guerres est en voie d'achèvement. L'autre est un conflit que l'Amérique n'a pas cherché et auquel quarante-deux autres pays - dont la Norvège - se sont joints afin de se défendre et de défendre toutes les nations contre de nouvelles attaques.
Néanmoins, nous sommes en guerre, et je suis responsable du déploiement de milliers de jeunes Américains sur un champ de bataille lointain. Certains d'entre eux vont tuer, certains vont être tués. C'est pourquoi je me présente ici avec un sens profond du coût des conflits armés - rempli d'interrogations difficiles sur les relations entre la guerre et la paix et sur nos efforts visant à passer de l'une à l'autre.
Certes, ces questions n'ont rien de nouveau. La guerre, sous une forme ou sous une autre, est apparue avec le premier homme. À l'aube de l'histoire, sa moralité n'était pas mise en doute ; c'était un simple fait, comme la sécheresse ou la maladie, c'était la façon dont les tribus puis les civilisations recherchaient la puissance et réglaient leurs différends.
Avec le temps, à mesure que des codes de loi ont visé à maîtriser la violence parmi les groupes, de même des philosophes, des religieux et des hommes d'État ont cherché à maîtriser le pouvoir destructif de la guerre. On a vu naître la conception d'une « juste guerre », ce qui laissait à penser que la guerre n'était justifiée que lorsque certaines conditions étaient remplies : si on s'y résolvait en dernier recours, ou en cas de légitime défense ; si la force employée était proportionnelle ; et si, chaque fois que possible, on épargnait les populations civiles.
Il est vrai, comme chacun le sait, que pendant la majeure partie de l'histoire, cette conception de la « juste guerre » a rarement été appliquée. La capacité des êtres humains d'inventer de nouveaux moyens de s'entretuer s'est révélée inépuisable, de même que leur aptitude à exempter de toute merci ceux qui ne leur ressemblaient pas, ou qui priaient un Dieu différent. Les guerres entre armées a cédé la place aux guerres entre nations - des guerres totales où s'est estompée la distinction entre civil et combattant. En l'espace de trente ans, un tel carnage devait engloutir ce continent même. Et s'il est difficile de songer à une cause plus juste que la défaite du Troisième Reich et des puissances de l'Axe, la Deuxième Guerre mondiale fut un conflit dans le lequel le nombre total de civils qui ont péri a dépassé celui des soldats.
Dans le sillage d'une telle destruction et avec l'avènement de l'ère nucléaire, il est apparu clairement aux vainqueurs comme aux vaincus que le monde avait besoin d'institutions afin de prévenir une autre guerre mondiale. C'est ainsi qu'un quart de siècle après que les États-Unis eurent rejeté la Société des Nations - une idée qui avait valu à Woodrow Wilson ce prix Nobel - les États-Unis ont conduit le monde à la construction d'une architecture destinée à maintenir la paix : un plan Marshall et une Organisation des nations unies, des mécanismes gouvernant les règles de la guerre, et des traités pour protéger les droits de l'homme, prévenir le génocide et limiter les armes les plus dangereuses.
À de nombreux égards, ces efforts ont été couronnés de succès. Certes, des guerres terribles ont eu lieu et des atrocités ont été commises. Mais il n'y a pas eu de Troisième Guerre mondiale. La guerre froide s'est terminée lorsque des foules en jubilation ont fait tomber un mur. Le commerce a recousu la plupart des parties du monde. Des milliards d'êtres humains sont sortis de la pauvreté. Les idéaux de la liberté et de l'autodétermination, de l'égalité et de la règle du droit ont progressé tant bien que mal. Nous sommes les héritiers de la force d'âme et de la perspicacité des générations passées et c'est un héritage dont mon propre pays est fier à juste titre.
Pourtant, dans la première décennie d'un siècle nouveau, cette vieille architecture ploie sous le poids de nouvelles menaces. Le monde n'a sans doute plus à redouter la perspective d'une guerre entre deux superpuissances nucléaires, mais la prolifération pourrait aggraver le risque d'une catastrophe. Le terrorisme est une tactique très ancienne, mais les techniques modernes permettent à quelques petits hommes saisis d'une rage démesurée d'assassiner des innocents à une échelle horrifiante.
D'autre part, les guerres entre nations ont de plus en plus cédé la place à des conflits internes. La résurgence de conflits ethniques ou sectaires, la montée de mouvements sécessionnistes, les insurrections, les États défaillants : toutes ces choses enserrent les populations civiles, de plus en plus, dans un chaos sans issue. Dans les guerres d'aujourd'hui, il meurt bien plus de civils que de soldats, et on voit les graines de conflits futurs semées, des économies ruinées, des sociétés civiles en lambeaux, des réfugiés entassés, des enfants balafrés.
Je n'apporte pas aujourd'hui avec moi une solution définitive de ces problèmes de guerre. Ce que je sais, cependant, c'est que la réponse à ces défis exigera la même clairvoyance, le même labeur et la même opiniâtreté que possédaient les hommes et les femmes qui ont agi de façon si audacieuse il y a quelques décennies. Et elle exigera que nous repensions les notions de guerre juste ainsi que les impératifs d'une juste paix.
Nous devons tout d'abord admettre une dure vérité : nous n'allons pas éradiquer les conflits violents de notre vivant. Il y aura des moments où des nations, agissant seules ou de concert, trouveront le recours à la force non seulement nécessaire mais aussi moralement justifié.
Cela, je le dis pleinement conscient de ce que Martin Luther King déclara jadis, dans le cadre de cette même cérémonie : « La violence n'apporte jamais la paix permanente. Elle ne règle aucun problème social : elle ne fait qu'en créer de nouveaux et de plus compliqués. » Moi qui me trouve ici en conséquence directe de l'œuvre de Martin Luther King, je suis la preuve vivante de la force morale de la non-violence. Je sais qu'il n'y a rien de faible, rien de passif, rien de naïf, dans le credo et dans la vie de Gandhi et de Martin Luther King.
Mais en ma qualité de chef d'État qui a juré de protéger et de défendre son pays, je ne puis me guider d'après leurs seuls exemples. Je suis confronté au monde tel qu'il est et ne puis rester passif face aux menaces qui pèsent sur le peuple américain. Car ne vous leurrez pas : le mal existe dans le monde. Ce n'est pas un mouvement non violent qui aurait pu arrêter les armées d'Hitler. Aucune négociation ne saurait convaincre les chefs d'Al-Qaïda de déposer leurs armes. Dire que la guerre est parfois nécessaire n'est pas un appel au cynisme, c'est la reconnaissance de l'histoire, des imperfections de l'homme et des limites de la raison.
Je soulève ce point, je commence par ce point parce que dans de nombreux pays on éprouve actuellement une profonde ambivalence au sujet de toute action militaire, quelle qu'en soit la cause. Parfois, il s'y greffe une méfiance réflexive à l'égard de l'Amérique, la seule superpuissance militaire du monde.
Mais le monde doit se rappeler que ce ne sont pas que les institutions internationales, les traités et les déclarations, qui lui ont apporté la stabilité après la Deuxième Guerre mondiale. Quelques erreurs que nous ayons commises, la vérité toute simple est celle-ci : les États-Unis d'Amérique ont contribué à garantir la sécurité mondiale pendant plus de soixante ans par le sang de leurs citoyens et par la force de leurs armes. Le service, le sacrifice de nos hommes et femmes qui portent l'uniforme a promu la paix et la prospérité de l'Allemagne à la Corée et a permis à la démocratie de prendre pied dans des endroits tels que les Balkans. Nous avons assumé ce fardeau non pas parce que nous cherchons à imposer notre volonté, mais en raison de notre intérêt éclairé : parce que nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants, et que nous pensons que leurs vies seront meilleures si les autres enfants et petits-enfants du monde peuvent vivre dans la liberté et dans la prospérité.
Donc oui, les outils de guerre ont un rôle à jouer pour préserver la paix. Et pourtant cette vérité doit coexister avec une autre : aussi justifiée soit-elle, la guerre promet une tragédie humaine. Par son courage et par son sacrifice, le soldat se couvre de gloire car il exprime son dévouement à sa patrie, à sa cause, à ses camarades de combat. Mais la guerre elle-même n'est jamais glorieuse et nous ne devons jamais la claironner comme telle.
C'est ainsi que notre défi consiste en partie à concilier ces deux vérités apparemment inconciliables, à savoir que la guerre est parfois nécessaire et qu'elle est, à un certain niveau, une expression de la folie humaine. Concrètement, nous devons centrer nos efforts sur la tâche à laquelle le président Kennedy nous a appelés, il y a longtemps : « Concentrons-nous, dit-il, sur une paix plus pratique, plus réalisable, basée non sur une soudaine révolution de la nature humaine, mais sur une évolution progressive des institutions humaines. »
Une évolution progressive des institutions humaines : quelle forme cette évolution pourrait-elle prendre ? Et quelles pourraient être ces mesures pratiques ?
Tout d'abord, je crois que toutes les nations - qu'elles soient puissantes ou faibles - doivent adhérer aux normes qui s'appliquent à l'usage de la force. Comme tout chef d'État, je me réserve le droit d'agir unilatéralement si cela s'avère nécessaire pour défendre mon pays. Néanmoins, je suis convaincu qu'adhérer à ces normes, à ces normes internationales, renforce ceux qui le font, et isole et affaiblit ceux qui ne le font pas.
Le monde a soutenu les États-Unis au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, et continue d'appuyer nos efforts en Afghanistan, sur la base de l'horreur causée par ces attaques insensées et du principe reconnu d'autodéfense. Le monde avait pareillement reconnu la nécessité d'affronter Saddam Hussein quand il avait envahi le Koweït - un consensus qui a transmis un message clair quant aux conséquences de toute agression.
En outre, les États-Unis ne peuvent pas exiger des autres de respecter un code de conduite que nous refuserions d'appliquer nous-mêmes. Notre action, dans ce cas, semblerait arbitraire et saperait la légitimité de toute intervention future - même quand elle serait des plus justifiées.
Ce principe devient particulièrement important quand l'objectif d'une action militaire va au-delà de l'autodéfense ou de la défense d'une nation contre un agresseur. De plus en plus souvent, nous sommes confrontés à des questions telles que celle de savoir comment prévenir le massacre de civils par leur propre gouvernement, ou comment mettre fin à une guerre civile dont la violence et les souffrances risquent de dévaster une région tout entière.
Je crois que l'usage de la force peut être justifié pour des raisons humanitaires, comme cela l'a été dans les Balkans, ou dans d'autres régions ravagées par la guerre. L'inaction déchire notre conscience et peut conduire plus tard à une intervention militaire plus coûteuse. C'est pourquoi toutes les nations responsables doivent postuler qu'une force militaire dotée d'un mandat clairement établi a un rôle à jouer pour maintenir la paix.
Les États-Unis ne vacilleront jamais dans leur engagement en faveur de la sécurité internationale. Mais dans un monde où les menaces sont plus répandues et les missions plus complexes, l'Amérique ne peut pas agir dans l'isolement. L'Amérique ne peut à elle seule assurer la paix. C'est vrai pour l'Afghanistan ; c'est vrai aussi pour les États déstructurés, telle la Somalie, où le terrorisme et la piraterie sévissent aux côtés de la famine et des souffrances humaines. Et malheureusement, cela restera vrai pour des régions instables du monde pour de nombreuses années à venir.
Les dirigeants et les soldats des États membres de l'OTAN - et des autres pays amis et alliés - prouvent la véracité de ce principe grâce aux capacités et au courage dont ils font montre en Afghanistan. Mais dans de nombreux pays, il y a une certaine fracture entre les efforts de ceux qui servent sous les drapeaux et l'ambivalence du public. Je comprends pourquoi la guerre n'est pas populaire. Mais je sais aussi ceci : le seul fait de souhaiter la paix suffit rarement à la concrétiser. La paix exige d'assumer des responsabilités. La paix requiert des sacrifices. C'est pourquoi l'OTAN continuera d'être indispensable. C'est pourquoi nous devons renforcer les missions de maintien de la paix de l'ONU et d'organismes régionaux, et ne pas laisser cette tâche à quelques pays seulement. C'est pourquoi nous accueillons avec des honneurs ceux qui, après avoir servi dans des missions de maintien de la paix et d'entraînement à l'étranger, rentrent chez eux, à Oslo et à Rome, à Ottawa et à Sydney, à Dhaka et à Kigali : nous les saluons non pas comme des faiseurs de guerre mais comme des artisans de paix.
Permettez-moi de souligner un dernier point au sujet de l'usage de la force. Quand nous prenons les décisions difficiles relatives à l'entrée en guerre, nous devons en même temps réfléchir posément à la façon dont nous la mènerons. Le comité Nobel a reconnu cette vérité en décernant son premier prix de la paix à Henry Dunant - le fondateur de la Croix-Rouge et l'un des grands promoteurs des Conventions de Genève.
Quand la force s'avère nécessaire, nous avons un intérêt moral et stratégique à respecter strictement certaines règles de conduite. Et même lorsque nous sommes face à face avec un adversaire féroce qui ne suit aucune règle, je pense que les États-Unis d'Amérique doivent demeurer le porte-étendard des principes de la guerre. C'est cela qui nous distingue de ceux contre lesquels nous luttons. C'est cela la source de notre force. C'est pourquoi j'ai interdit la torture. C'est pourquoi j'ai ordonné la fermeture de la prison à Guantanamo Bay. Et c'est pourquoi j'ai réaffirmé la détermination des États-Unis de respecter les Conventions de Genève. Nous perdons notre âme lorsque nous transigeons avec les idéaux pour lesquels nous nous battons. Et nous honorons ces idéaux si nous les respectons non seulement quand il est facile de le faire mais aussi quand ce ne l'est pas.
J'ai parlé des questions que nous devons examiner dans notre esprit et dans notre cœur quand nous choisissons d'aller en guerre. Je voudrais maintenant parler des efforts à déployer afin d'éviter d'avoir à faire ces choix tragiques, et des trois moyens que nous pouvons employer pour bâtir une paix juste et durable.
Premièrement, à l'égard des pays qui enfreignent les règles et les lois, je crois que nous devons mettre au point des alternatives à la violence qui soient assez musclées pour modifier leur comportement - car si notre objectif est une paix durable, la parole de la communauté internationale doit valoir quelque chose. Les gouvernements qui font fi des règles doivent être tenus responsables de leurs actes. Les sanctions doivent infliger un coût réel. L'intransigeance doit être contrée par des pressions croissantes - et celles-ci ne peuvent exister que lorsque le monde entier parle d'une seule voix.
Un exemple urgent d'un tel effort est celui qui vise à prévenir la prolifération des armes nucléaires et à réaliser un monde dépourvu de ces armes. Au milieu du siècle dernier, de nombreux pays sont convenus de respecter un traité dont l'offre était claire : tous auraient accès à l'énergie nucléaire à vocation pacifique ; ceux qui n'avaient pas d'armes nucléaires ne chercheraient pas à s'en doter ; ceux qui en possédaient œuvreraient en faveur du désarmement. Je suis déterminé à respecter ce traité. C'est l'un des éléments centraux de ma politique étrangère. Et j'œuvre de concert avec le président Medvedev pour réduire les arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Russie.
Mais il nous incombe aussi à tous de faire en sorte que certains pays, tels l'Iran et la Corée du Nord, ne contournent pas ce système. Ceux qui se disent respectueux du droit international ne peuvent pas détourner leur regard lorsque ce droit est bafoué. Ceux qui se préoccupent de leur sécurité ne peuvent pas négliger le danger d'une course aux armements au Moyen-Orient ou en Asie de l'Est. Ceux qui œuvrent pour la paix ne peuvent pas rester les bras croisés pendant que d'autres se dotent d'armes pour une guerre nucléaire.
Le même principe s'applique à ceux qui enfreignent le droit international en brutalisant leur propre peuple. Quand un génocide a lieu au Darfour, que des viols systématiques sont perpétrés au Congo et que la répression sévit en Birmanie, il faut que cela ait des conséquences. Oui, nous engagerons la discussion ; oui, il y aura de la diplomatie ; mais il doit y avoir des conséquences lorsque ces moyens échouent. Et plus nous agirons de concert, moins nous aurons à faire le choix entre l'intervention armée et la complicité avec l'oppression.
Ceci me mène à un deuxième point : le genre de paix que nous poursuivons. Car la paix ne consiste pas seulement en l'absence de conflits visibles. Seule une paix juste fondée sur les droits et la dignité inhérents à toute personne peut vraiment perdurer.
C'est cette idée fondamentale qui a inspiré les auteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. A la suite de ses dévastations, ils s'étaient rendu compte que si les droits de l'homme n'étaient pas protégés, la paix ne serait qu'une promesse vide.
Et pourtant, ces mots sont trop souvent ignorés. Certains pays excusent leur inaction en faveur des droits de l'homme en prétendant, à tort, qu'il s'agit de principes en quelque sorte occidentaux, inappropriés à la culture locale ou à leur stade de développement. Et aux États-Unis, il y a longtemps eu une tension entre ceux qui se décrivent comme réalistes ou comme idéalistes - une tension révélatrice d'une alternative douloureuse entre la poursuite d'intérêts étroits ou d'une campagne sans fin pour imposer nos valeurs au reste du monde.
Je rejette cette alternative. Je crois que la paix est instable lorsque les citoyens sont privés du droit de s'exprimer librement ou de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent ; du droit de choisir leurs dirigeants ou de se rassembler sans crainte. Les griefs réprimés s'enveniment et l'élimination de l'identité tribale ou religieuse peut conduire à la violence. Nous savons aussi que l'inverse est vrai. C'est seulement quand l'Europe est devenue libre qu'elle a enfin pu vivre en paix. Les États-Unis n'ont jamais mené de guerre contre une démocratie, et nos amis les plus proches sont des gouvernements qui protègent les droits de leurs citoyens. Aussi cyniquement qu'on voudrait les interpréter, ni les intérêts des États-Unis, ni ceux du monde entier, ne seront servis par le déni des aspirations humaines.
Donc, tout en respectant la culture et les traditions des différents pays, l'Amérique sera toujours la voix des aspirations qui sont universelles. Nous témoignerons de la tranquille dignité de réformateurs comme Aung Sang Suu Kyi ; de la bravoure des Zimbabwéens qui sont allés voter malgré les passages à tabac ; des centaines de milliers de personnes qui ont défilé silencieusement dans les rues de l'Iran. Il est révélateur que les dirigeants de ces gouvernements craignent plus les aspirations de leur propre peuple que la puissance d'une autre nation. Et tous les peuples libres ont le devoir de clairement signifier que ces mouvements - ces mouvements porteurs d'espoir et d'histoire - nous ont à leurs côtés.
Permettez-moi de dire ceci : la promotion des droits de l'homme ne peut pas relever de la seule exhortation. Elle doit parfois être associée à une diplomatie méticuleuse. Je sais que la communication avec des régimes répressifs n'offre pas la pureté satisfaisante de l'indignation. Mais je sais aussi que les sanctions sans main tendue - et la condamnation sans discussion - peuvent conduire à un statu quo paralysant. Aucun régime répressif ne peut s'acheminer sur une nouvelle voie si on ne lui ouvre pas une porte. À la lumière des horreurs de la révolution culturelle, la rencontre de Nixon avec Mao semblait inexcusable - et pourtant, elle a assurément contribué à orienter la Chine sur une nouvelle voie, où des millions de ses citoyens ont été sortis de la pauvreté et liés à des sociétés ouvertes. L'engagement du pape Jean-Paul II auprès de la Pologne a permis non seulement à l'église catholique, mais aussi à des chefs du mouvement ouvrier comme Lech Walesa, de prendre leur place. Les efforts déployés par Ronald Reagan dans le domaine du contrôle des armements et son acceptation de la perestroïka ont permis non seulement d'améliorer les relations avec l'Union soviétique, mais aussi d'encourager les dissidents dans l'ensemble de l'Europe de l'Est. Il n'existe pas de formule magique dans ce domaine. Mais nous devons faire de notre mieux pour trouver un équilibre entre isolement et engagement, entre pressions et incitations, de façon que les droits de l'homme et la dignité progressent au fil du temps.
Troisièmement, une paix juste ne comprend pas seulement des droits civils et politiques ; elle doit englober la sécurité économique et l'ouverture de possibilités. Parce que la paix réelle ne se résume jamais à l'élimination de la peur, mais elle doit aussi mettre à l'abri du besoin.
Il ne fait aucun doute que le développement prend rarement racine sans sécurité ; il est également vrai que la sécurité n'existe pas là où les êtres humains n'ont pas accès à la nourriture, à l'eau potable, aux médicaments ou aux logements dont ils ont besoin pour survivre. Il n'y a pas de sécurité lorsque les enfants ne peuvent pas aspirer à une éducation digne de ce nom ni à un emploi qui leur permettra de soutenir une famille. L'absence d'espoir peut pourrir une société de l'intérieur.
C'est pourquoi aider les agriculteurs à nourrir leurs populations - ou les pays à éduquer leurs enfants et à soigner leurs malades - ne relève pas de la simple charité. C'est également pourquoi le monde doit s'unir pour lutter contre le changement climatique. Il existe peu de doute scientifique sur le fait que si nous ne faisons rien, nous devrons faire face à des sécheresses, à des famines et à des déplacements massifs de populations plus nombreux, ce qui alimentera plus de conflits pendant des décennies. Pour cette raison, ce ne sont pas seulement les scientifiques et les militants écologistes qui réclament des actions rapides et puissantes - ce sont les cadres militaires de mon pays et d'autres, qui comprennent que notre sécurité collective est en jeu.
Des accords entre nations. De fermes institutions. Le soutien aux droits de l'homme. Des investissements dans le développement. Ce sont là les ingrédients essentiels de l'évolution qu'avait évoquée le président Kennedy. Et pourtant, je ne crois pas que nous ayons la volonté, la force, le courage d'achever cette œuvre sans quelque chose de plus - à savoir l'expansion continue de notre imagination morale ; l'insistance sur le principe qu'il existe quelque chose d'irréductible que nous partageons tous.
Au fur et à mesure que le monde rapetisse, on pourrait penser qu'il est plus facile aux êtres humains de reconnaître à quel point ils sont semblables ; de comprendre que nous voulons tous essentiellement la même chose ; que nous espérons tous avoir la chance de vivre notre vie dans une certaine mesure de bonheur et de réalisation de nos aspirations et de celles de nos familles.
Et pourtant, vu le rythme étourdissant de la mondialisation, le nivellement culturel de la modernité, il n'est sans doute pas surprenant que les gens craignent de perdre ce qu'ils chérissent dans leur identité particulière - leur race, leur tribu, et peut-être encore plus leur religion. Dans certains endroits, cette crainte a conduit au conflit. Parfois, on a l'impression de reculer. Nous le constatons au Moyen-Orient, où le conflit entre Arabes et Juifs semble se durcir. Nous le voyons dans les pays qui sont déchirés par des clivages tribaux.
Mais ce qui est plus dangereux encore, c'est que nous le voyons dans la façon dont la foi est utilisée pour justifier le meurtre d'innocents par ceux qui ont déformé et souillé la grande religion qu'est l'islam, et qui ont attaqué mon pays depuis l'Afghanistan. Ces extrémistes ne sont pas les premiers à tuer au nom de Dieu ; la cruauté des Croisades est amplement documentée. Mais cela nous rappelle qu'une guerre sainte ne peut jamais être une guerre juste. Parce que si vous croyez réellement que vous exécutez la volonté divine, alors il n'y a pas besoin de retenue - pas besoin d'épargner la femme enceinte, ni le médecin, ni même la personne qui professe la même foi que vous. Une vue aussi déformée de la religion est incompatible non seulement avec le concept de la paix, mais aussi avec celui de l'objet même de la foi. Parce que la règle d'or qui est au cœur de chaque grande religion veut que nous traitions les autres comme nous aimerions qu'ils nous traitent.
Respecter cette loi d'amour du prochain a toujours été la principale lutte de la nature humaine. Nous sommes faillibles. Nous faisons des erreurs, nous cédons à la tentation de la fierté, du pouvoir, voire du mal. Parfois, même ceux d'entre nous qui sont armés des meilleures intentions n'arrivent pas à redresser les injustices. Mais nous n'avons pas besoin de penser que la nature humaine est parfaite pour continuer à croire que la condition humaine peut être améliorée. Nous n'avons pas besoin de vivre dans un monde idéalisé pour aspirer à ces idéaux. La non-violence pratiquée par des hommes comme Gandhi et Martin Luther King ne serait sans doute pas adéquate ou possible dans toutes les circonstances, mais l'amour qu'ils ont prêché - leur foi dans le progrès humain - doit toujours être l'étoile polaire qui guide notre propre périple. Parce que si nous perdons cette foi - si nous l'écartons par sottise ou naïveté ; si nous la séparons des décisions que nous devons prendre sur des questions comme la guerre et la paix - alors nous perdrons ce qu'il y a de plus précieux dans l'humanité. Nous perdrons notre sens des possibilités. Nous perdrons notre direction morale.
Comme les générations qui nous ont précédés, nous devons rejeter un tel avenir. Comme Martin Luther King l'a dit en cette occasion il y a tant d'années, « Je refuse d'accepter le désespoir comme réponse ultime aux ambiguïtés de l'histoire. Je refuse d'accepter l'idée que "l'être" de la condition actuelle de l'homme le rend moralement incapable de tendre vers le "devenir" éternel qui l'interpelle toujours. »
Alors, aspirons tous au monde qui devrait être - à cette étincelle de divin qui est toujours présente dans chacune de nos âmes. Quelque part, aujourd'hui, dans ce monde, une jeune militante s'expose à la brutalité de son gouvernement, mais a le courage de continuer. Quelque part aujourd'hui, une mère en proie à une pauvreté cruelle prend le temps d'enseigner à son enfant, ramasse les quelques sous qu'elle a pour envoyer son enfant à l'école, parce qu'elle est convaincue que dans ce monde cruel, cet enfant trouvera encore de la place pour ses rêves.
Inspirons-nous de ces exemples. Tout en admettant que l'oppression sera toujours parmi nous, nous pouvons continuer de rechercher la justice. Tout en admettant l'irréductibilité de la dépravation, nous pouvons continuer à tendre vers la dignité. Tout en comprenant qu'il y aura toujours des guerres, nous pouvons rechercher la paix. Nous pouvons le faire, parce que c'est l'histoire du progrès humain ; c'est l'espoir du monde entier ; et en ces moments difficiles, nous devons accomplir notre œuvre ici sur terre.
mercredi 9 décembre 2009
Je suis né dedans, j’ai grandi avec… ya basta !
Je suis né dedans, j’ai grandi avec… ya basta !
Toutes celles, tous ceux qui, comme moi, sont né-e-s dans les années 80 n’ont vécu et ne vivent qu’une seule et même situation, elles/ils n’ont fait et ne font qu’un seul et même constat : la politique haïtienne est une entreprise de perpétuation du chaos rythmé par l’éternel recommencement. Cette politique n’est pas politique mais « monolitique », dans la mesure où elle forme un bloc rigide attaché à Haïti chérie accélérant sa descente aux enfers.
Une politique (politea) dont le but est la constitution et la consolidation du chaos ne saurait être politique. Une politique (politikè) qui a pour essence la production et la reproduction du chaos comme pratique de pouvoir n’a rien de politique. Une politique remplaçant la praxis par l’hexis n’est pas politique. Ces politiques qui ne font jamais de compromis lorsqu’il s’agit de l’intérêt national mais qui en font s’agissant de l’intérêt de leurs poches, ces politiques qui psalmodient leur devise qui est « tout ou rien » lorsqu’il s’agit d’une question nationale et qui pourtant n’hésitent pas à trainer leur dignité dans toutes les ambassades étrangères s’agissant de l’obtention de quelques « grapiay » ont produit cette Haïti-là.
A force de répéter leurs pratiques monolitiques ils ne sont capables d’aucune réflexivité. Ils ne se questionnent guère sur leurs actions passées et présentes, ni sur leurs finalités. L’histoire récente se répète sous formes de farce mais ils sont incapables de s’en rendre compte. Ensemble, gouvernants et soi-disant opposition s’apprêtent à reproduire 2000 et 2001. Comme si les résultats de leurs actions et non-actions durant ces dernières années n’avait pas suffi ! Après le scandale du tirage au sort (où le CEP est accusé à tort ou à raison d’avoir favorisé le parti INITE), des partis et regroupement politiques qui protestaient (ils en ont le droit) avaient promis une réponse politique concertée au CEP. Ayant entendu cela, je me suis dit qu’ils ont enfin compris qu’il faut faire de la politique, c’est un bon signe.
A peine 24 heures plus tard, ils ont annoncé leur verdict : ils conditionnent leur participation aux joutes à la démission du CEP. Ils appellent ça une réponse politique, parce que dans leur tête c’est ça la politique ! En réalité c’est une réponse qui procède de l’habitus haïtien : lorsque le paysan pense que la vielle voisine est un loup-garou et qu’elle est la cause des maux dont souffre son enfant, il ne cherche pas à prouver que ce qu’il pense est vrai, le seul fait de l’avoir pensé est déjà une vérité. Alors il aiguise sa machette et s’apprête à décapiter la pauvre voisine. Il se fait justice.
Des partis politiques pensent que le CEP a favorisé un autre parti, ils ne cherchent pas à le prouver, ils ne portent pas plainte devant les instances compétentes. Ils ne se demandent pas qui est coupable de quoi au sein du CEP, ils se réunissent et se font justice ! Après, ils vont nous parler de démocratie, patati patata…. Etant donné que c’est une « réponse politique » ils ne prouveront jamais leurs allégations, ils sont prêts à aller jusqu’au bout quitte à mettre en péril nos maigres acquis institutionnels.
On peut dire que si effectivement le CEP favorisait de cette manière un parti politique ce serait très plat, très plat et stupide. Mais la sanction ne devrait pas être juste une démission, ce serait trop facile. Les fautifs devraient répondre de leurs actes par devant la juste.
Cependant la réponse des partis politiques est aussi stupide et ce sont ces genres de pratiques devenant traditions qui ont plombé le pays ces 20 dernières années. On ne peut pas prononcer un châtiment de groupe de cette manière. Or la démission collective ne serait rien de plus qu’un châtiment de groupe. Il faut déterminer le degré de responsabilité de chaque membre du CEP.
De toute façon une réponse politique ne saurait dans ces circonstances être « capitale ». Il faudrait prévoir une réponse graduelle. Si bien sûr ces politiciens (péjoratifs) ne pensaient pas à leurs intérêts de poche et de chapelle mais à l’intérêt national. Ils ne comprennent pas que leurs actes sont performatifs et participent du procès de constitution de la réalité haïtienne tant du point de vue matériel qu’immatériel.
Ils ont l’âge de nos parents, ils agissent sans réfléchir à l’Haïti qu’ils vont nous léguer, sans réfléchir aux conséquences de leurs actes sur notre avenir. Ils ne font pas de politique pourtant ils prétendent le contraire. Nous ne voulons pas de cette Haïti qu’ils s’apprêtent à nous léguer tout en essayant de l’enfoncer un peu plus avant de partir, nous leur disons : Ya basta !
Renald LUBERICE
Toutes celles, tous ceux qui, comme moi, sont né-e-s dans les années 80 n’ont vécu et ne vivent qu’une seule et même situation, elles/ils n’ont fait et ne font qu’un seul et même constat : la politique haïtienne est une entreprise de perpétuation du chaos rythmé par l’éternel recommencement. Cette politique n’est pas politique mais « monolitique », dans la mesure où elle forme un bloc rigide attaché à Haïti chérie accélérant sa descente aux enfers.
Une politique (politea) dont le but est la constitution et la consolidation du chaos ne saurait être politique. Une politique (politikè) qui a pour essence la production et la reproduction du chaos comme pratique de pouvoir n’a rien de politique. Une politique remplaçant la praxis par l’hexis n’est pas politique. Ces politiques qui ne font jamais de compromis lorsqu’il s’agit de l’intérêt national mais qui en font s’agissant de l’intérêt de leurs poches, ces politiques qui psalmodient leur devise qui est « tout ou rien » lorsqu’il s’agit d’une question nationale et qui pourtant n’hésitent pas à trainer leur dignité dans toutes les ambassades étrangères s’agissant de l’obtention de quelques « grapiay » ont produit cette Haïti-là.
A force de répéter leurs pratiques monolitiques ils ne sont capables d’aucune réflexivité. Ils ne se questionnent guère sur leurs actions passées et présentes, ni sur leurs finalités. L’histoire récente se répète sous formes de farce mais ils sont incapables de s’en rendre compte. Ensemble, gouvernants et soi-disant opposition s’apprêtent à reproduire 2000 et 2001. Comme si les résultats de leurs actions et non-actions durant ces dernières années n’avait pas suffi ! Après le scandale du tirage au sort (où le CEP est accusé à tort ou à raison d’avoir favorisé le parti INITE), des partis et regroupement politiques qui protestaient (ils en ont le droit) avaient promis une réponse politique concertée au CEP. Ayant entendu cela, je me suis dit qu’ils ont enfin compris qu’il faut faire de la politique, c’est un bon signe.
A peine 24 heures plus tard, ils ont annoncé leur verdict : ils conditionnent leur participation aux joutes à la démission du CEP. Ils appellent ça une réponse politique, parce que dans leur tête c’est ça la politique ! En réalité c’est une réponse qui procède de l’habitus haïtien : lorsque le paysan pense que la vielle voisine est un loup-garou et qu’elle est la cause des maux dont souffre son enfant, il ne cherche pas à prouver que ce qu’il pense est vrai, le seul fait de l’avoir pensé est déjà une vérité. Alors il aiguise sa machette et s’apprête à décapiter la pauvre voisine. Il se fait justice.
Des partis politiques pensent que le CEP a favorisé un autre parti, ils ne cherchent pas à le prouver, ils ne portent pas plainte devant les instances compétentes. Ils ne se demandent pas qui est coupable de quoi au sein du CEP, ils se réunissent et se font justice ! Après, ils vont nous parler de démocratie, patati patata…. Etant donné que c’est une « réponse politique » ils ne prouveront jamais leurs allégations, ils sont prêts à aller jusqu’au bout quitte à mettre en péril nos maigres acquis institutionnels.
On peut dire que si effectivement le CEP favorisait de cette manière un parti politique ce serait très plat, très plat et stupide. Mais la sanction ne devrait pas être juste une démission, ce serait trop facile. Les fautifs devraient répondre de leurs actes par devant la juste.
Cependant la réponse des partis politiques est aussi stupide et ce sont ces genres de pratiques devenant traditions qui ont plombé le pays ces 20 dernières années. On ne peut pas prononcer un châtiment de groupe de cette manière. Or la démission collective ne serait rien de plus qu’un châtiment de groupe. Il faut déterminer le degré de responsabilité de chaque membre du CEP.
De toute façon une réponse politique ne saurait dans ces circonstances être « capitale ». Il faudrait prévoir une réponse graduelle. Si bien sûr ces politiciens (péjoratifs) ne pensaient pas à leurs intérêts de poche et de chapelle mais à l’intérêt national. Ils ne comprennent pas que leurs actes sont performatifs et participent du procès de constitution de la réalité haïtienne tant du point de vue matériel qu’immatériel.
Ils ont l’âge de nos parents, ils agissent sans réfléchir à l’Haïti qu’ils vont nous léguer, sans réfléchir aux conséquences de leurs actes sur notre avenir. Ils ne font pas de politique pourtant ils prétendent le contraire. Nous ne voulons pas de cette Haïti qu’ils s’apprêtent à nous léguer tout en essayant de l’enfoncer un peu plus avant de partir, nous leur disons : Ya basta !
Renald LUBERICE
vendredi 4 décembre 2009
Matièरे इत idéé
Matière et idée
Saint-Amour,
J’apprécie votre goût de la modération et la recherche de l’harmonie entre la réalité tangible résultant de la substance composant notre corps, nos systèmes sensoriels (extéroception, proprioception, intéroception) et nos facultés intellectuelles. Je réduis la portée de la notion « esprit » que vous utilisez du fait, me semble-t-il, que vous vous éloignez des spiritualistes qui, eux, opposent corps et esprit. Si je vous suis bien l’esprit ne saurait être antérieur à la matière. En ce sens il n’en est pas supérieur. C’est la condition, à mon sens, du principe de l’harmonie affirmé.
Vous n’êtes probablement pas si éloigné des matérialistes que vous le laisseriez entendre. Si oui, n’y a-t-il pas un flou dans votre position ? J’endosse la définition somme toute restrictive des matérialistes de l’homme que vous semblez endosser également : « nous sommes de la matière consciente ». Et c’est grâce à cette faculté (la conscience du monde qui nous entoure) que nous avons pu créer Dieu (dieux), la philosophie et tant d’autres choses.
Lorsque vous parlez de surnaturel je n’ai pas l’impression de vous suivre. S’il s’agit d’un ensemble de phénomènes dont n’arrivons pas à connaitre les causes et que par conséquent nous ne pouvons pas les reproduire à volonté, c’est dû simplement à la limite de nos connaissances actuelles. Il y a des phénomènes que l’homme ne savait pas expliquer hier et qu’il sait expliquer aujourd’hui, il y en a qu’il ne sait pas expliquer aujourd’hui qu’il saura expliquer demain. Si vous m’objectez qu’il y a des choses qu’il ne saura jamais expliquer, je vous répondrai d’une part que vous n’en savez absolument rien, d’autre part c’est parce qu’il y aura toujours des choses à expliquer que la science aura toujours de l’essence.
J’aime bien votre tentative dialectique voire dialogique en vue de réunir les opposés, mais cela peut bien être une tentative de faire l’économie d’une faiblesse liée à votre position. Si je vous dis qu’il y a un éléphant sur votre table, vous n’avez pas à vous torturer l’esprit pour me montrer qu’il ne peut y avoir d’éléphant dans un tel espace. C’est moi qui ai fait la proposition, c’est à moi de le prouver. Tant que je ne le prouve pas vous pouvez ignorer complètement ce que je vous ai dit, c’est du délire. Les athées n’ont rien à expliquer ni à prouver de leur athéisme, il incombe aux déistes de justifier leur choix. Les chrétiens ont eu plus de 2000 ans pour le faire, ils ne l’ont toujours pas fait. Entre temps les athées peuvent vaquer à leurs activités jusqu’à ce que cela soit prouvé !
La seule affirmation de l’existence de l’invisible ne prouve rien. Si invisible il y en a c’est grâce au visible, l’invisible est partout où il y a du visible. Si vous attribuez une supériorité ou une antériorité à l’invisible sur le visible vous êtes spiritualiste et votre position relative au principe de l’harmonie ne tient plus. Je ne pense pas faire œuvre de pionnier si j’affirme que la désolation de l’homme devant sa propre finitude le pousse à des inventions les plus extraordinaires comme les plus absurdes.
Saint-Amour vous affirmez : « On constate qu'on parle, mais personne n'a jamais vu les idees de la parole, donc un mystere. ». Hier on en était pas capable mais aujourd’hui on vous met dans un laboratoire, on est capable de vous dire à quoi vous pensez. Les Neurosciences apparues dans les années 1960 ont fait depuis d’énormes progrès dans ce domaine. La secte japonaise Aum n’était-elle pas sur le point de mettre en place un système permettant à ses membres de communiquer par la pensée ?
Si vous affirmez que la matière provient des idées ou des esprits vous ne saurez pas le prouver, en attendant on constate que la matière que je suis produit des idées (c’est simple hein ?) ! Je continuerai de le croire tant qu’on ne m’aura pas prouvé le contraire. J’attends donc.
Bien à vous
Renald LUBERICE
Renald LUBERICE
--- En date de : Ven 4.12.09, Edner Saint-amour a écrit :
De: Edner Saint-amour
Objet: Rép. : [Haïti-Nation:14771] Re : [Haïti-Nation:14760] eternite existe-elle
À: haiti-nation@googlegroups.com, rlub06@yahoo.fr
Date: Vendredi 4 Décembre 2009, 2h03
Croyant convaincu dans le principe de la moderation, de l'equilibre lie a la sagesse, pour moi la vie repose sur le principe de l'harmonie: entre matiere, sensation, emotion et esprit. L'exces ou la privation etant exclus. Bref, comme disent les materialistes, nous sommes une matiere consciente. Une definition logique. Matiere consciente, ou etre psychosomatique est la meilleure definition de l'homme qui soit.
Je ne crois pas dans un monde fige comme les idealistes. Je crois dans un monde dynamique, etant le rapport entre le surnaturel et le naturel. Comme quoi le surnaturel est present dans le naturel, sous forme de lois invisibles comme Dieu etant un esprit un invisible. L'intelligence, l'esprit, les idees, la pensee, c'est invisible. On constate qu'on parle, mais personne n'a jamais vu les idees de la parole, donc un mystere.
Je trouve que les materialistes ont trop cru dans la matiere et les idealistes ont trop cru dans les idees. En effet nul n'a la preuve que les idees proviennent de la matiere ou si la matiere provient des idees. La seule chose qu'on peut dire c'est que les idees et la matiere ont toujours cohabite ensemble. Est-ce que les idees ont preseance sur
sur la matiere ou si la matiere prime les idees, personne ne peut l'affirmer avec des preuves
Arrive a ce point je m'abstiens. Personne ne peut fournir des preuves a savoir si Dieu existe ou non. Par intuition deductive ou par deduction intuitive le savant peut affirmer l'existence de Dieu sous forme de soupcon. Une demarche de logique causale, de cause a effet. Ce qui est contraire au simple fidele qui croit en Dieu par tradition ou par les yeux de la foi.
Je ne crois pas dans la fantaisie abstractive, etant du fantasme humain derive du monde fige, contraire au monde dynamique. Le savant qui croit en Dieu ne croit pas necessairement dans la religion ou les religion. Dieu et religion sont deux realites differentes. Dieu est Universel alors que la religion est sectaire. Il existe un seul Dieu pour les monotheistes alors qu'il existe environs 10.000 religions differentes a travers le monde avec 19 grands courants religieux. La creation divine est egale, bien partagee dans le sens que tout humain independamment de la race ou du sexe comporte une tete, un tronc et des membres alors que la parole divine est discriminatoire dans le sens qu'elle une origine( orient, peuple juif), qu'elle une revelation divine a un peuple choisi au detriment des autres peuples. Si Dieu donne un esprit a tout peuple en termes de creation, je ne vois pourquoi il n'a pas choisi de reveler sa parole a tous les peuples de la terre. La discrimination de la parole divine entraine meme des guerres entre les peuples, les uns veulent imposer leur croyances sur les autres, par exportation de la parole sous forme d'evangelisation, de proselytisme. A mon sens la creation divine est parfaite dans le sens d'une partage egale ou chaque, blanc ou noir, jaune ou rouge, femelle ou male, a une tete, un tronc et des membres. Par contre tous les peuples ne possedent par la parole divine. Il existe par exemple des athees qui ne croient pas en Dieu. Deuxiement meme quant on croit en un meme, il existe differentes doctrines: catholicisme, protestanstisme, anglicanisme, baptiste, temoin de jehovah, adventiste pour le christianisme. Voltaire a consacre toute sa vie combattre la religion sans rejeter l'idee de l'existence de Dieu. Pour lui si Dieu n'existait pas il fallait l'inventer, s'il existe une horloge il faut qu'il existe un horloger. Le savant peut demontrer sur un plan logique en raisonnant de cause a effet, l'existence de Dieu. Par contre il ne peut jamais le prouver. Demontrer est different de prouver. Demontrer se situe dans une serie logique, une demarche rationnelle, pouvant etre vraie ou fausse, mais plausible. Prouver c'est absolument presenter des faits tires de la realite pour attester le bienfonde, la legitimite, l'authenticite d'une idee, d'une pensee, d'une parole, d'une affirmation. Parole ne prouve pas la parole. C'est l'erreur monumentale des idealistes utilisant toujours des idees comme preuves d'une affirmation a la maniere des chretiens qui se referent toujours a une parole publique comme reference pour prouver une realite. Monumentale absurdite.
Je n'ai pas besoin de recourir a un monde fige pour demontrer(non prouver) l'existence de Dieu. Dans la matiere, la vie, la loi, l"esprit, meme l'ampoule, je peux vous demontrer l'existence de Dieu en raisonnant de cause a effet. L'homme ne cree jamais de matiere mais il peut la transformer, donc un mystere. La vie est le resultat de l'amour d'une femelle et d'un male par l'union d'une ovule et du sperme, qui une fois tombe dans le ventre de la mere echappe au controle de la volonte humaine, c'est la nature qui se charge du processus de l'evolution du foetus jusqu'au neuf mois au moment de la naissance, donc un mystere. Les lois naturelles qui regissent l'ordre des vivants, sont invisvisbles, comme l'esprit de Dieu, donc un mystere. L'esprit, les idees sont invisibles comme dieu, donc un myst'ere. Le myst'ere existe parce que l'homme n'arrive pas a tout expliquer. A noter je ne crois pas ni dans les reveltions ou inspirations divines, ni dans les dogmes ou les decrets divins
Edner SaintAmour
Saint-Amour,
J’apprécie votre goût de la modération et la recherche de l’harmonie entre la réalité tangible résultant de la substance composant notre corps, nos systèmes sensoriels (extéroception, proprioception, intéroception) et nos facultés intellectuelles. Je réduis la portée de la notion « esprit » que vous utilisez du fait, me semble-t-il, que vous vous éloignez des spiritualistes qui, eux, opposent corps et esprit. Si je vous suis bien l’esprit ne saurait être antérieur à la matière. En ce sens il n’en est pas supérieur. C’est la condition, à mon sens, du principe de l’harmonie affirmé.
Vous n’êtes probablement pas si éloigné des matérialistes que vous le laisseriez entendre. Si oui, n’y a-t-il pas un flou dans votre position ? J’endosse la définition somme toute restrictive des matérialistes de l’homme que vous semblez endosser également : « nous sommes de la matière consciente ». Et c’est grâce à cette faculté (la conscience du monde qui nous entoure) que nous avons pu créer Dieu (dieux), la philosophie et tant d’autres choses.
Lorsque vous parlez de surnaturel je n’ai pas l’impression de vous suivre. S’il s’agit d’un ensemble de phénomènes dont n’arrivons pas à connaitre les causes et que par conséquent nous ne pouvons pas les reproduire à volonté, c’est dû simplement à la limite de nos connaissances actuelles. Il y a des phénomènes que l’homme ne savait pas expliquer hier et qu’il sait expliquer aujourd’hui, il y en a qu’il ne sait pas expliquer aujourd’hui qu’il saura expliquer demain. Si vous m’objectez qu’il y a des choses qu’il ne saura jamais expliquer, je vous répondrai d’une part que vous n’en savez absolument rien, d’autre part c’est parce qu’il y aura toujours des choses à expliquer que la science aura toujours de l’essence.
J’aime bien votre tentative dialectique voire dialogique en vue de réunir les opposés, mais cela peut bien être une tentative de faire l’économie d’une faiblesse liée à votre position. Si je vous dis qu’il y a un éléphant sur votre table, vous n’avez pas à vous torturer l’esprit pour me montrer qu’il ne peut y avoir d’éléphant dans un tel espace. C’est moi qui ai fait la proposition, c’est à moi de le prouver. Tant que je ne le prouve pas vous pouvez ignorer complètement ce que je vous ai dit, c’est du délire. Les athées n’ont rien à expliquer ni à prouver de leur athéisme, il incombe aux déistes de justifier leur choix. Les chrétiens ont eu plus de 2000 ans pour le faire, ils ne l’ont toujours pas fait. Entre temps les athées peuvent vaquer à leurs activités jusqu’à ce que cela soit prouvé !
La seule affirmation de l’existence de l’invisible ne prouve rien. Si invisible il y en a c’est grâce au visible, l’invisible est partout où il y a du visible. Si vous attribuez une supériorité ou une antériorité à l’invisible sur le visible vous êtes spiritualiste et votre position relative au principe de l’harmonie ne tient plus. Je ne pense pas faire œuvre de pionnier si j’affirme que la désolation de l’homme devant sa propre finitude le pousse à des inventions les plus extraordinaires comme les plus absurdes.
Saint-Amour vous affirmez : « On constate qu'on parle, mais personne n'a jamais vu les idees de la parole, donc un mystere. ». Hier on en était pas capable mais aujourd’hui on vous met dans un laboratoire, on est capable de vous dire à quoi vous pensez. Les Neurosciences apparues dans les années 1960 ont fait depuis d’énormes progrès dans ce domaine. La secte japonaise Aum n’était-elle pas sur le point de mettre en place un système permettant à ses membres de communiquer par la pensée ?
Si vous affirmez que la matière provient des idées ou des esprits vous ne saurez pas le prouver, en attendant on constate que la matière que je suis produit des idées (c’est simple hein ?) ! Je continuerai de le croire tant qu’on ne m’aura pas prouvé le contraire. J’attends donc.
Bien à vous
Renald LUBERICE
Renald LUBERICE
--- En date de : Ven 4.12.09, Edner Saint-amour
De: Edner Saint-amour
Objet: Rép. : [Haïti-Nation:14771] Re : [Haïti-Nation:14760] eternite existe-elle
À: haiti-nation@googlegroups.com, rlub06@yahoo.fr
Date: Vendredi 4 Décembre 2009, 2h03
Croyant convaincu dans le principe de la moderation, de l'equilibre lie a la sagesse, pour moi la vie repose sur le principe de l'harmonie: entre matiere, sensation, emotion et esprit. L'exces ou la privation etant exclus. Bref, comme disent les materialistes, nous sommes une matiere consciente. Une definition logique. Matiere consciente, ou etre psychosomatique est la meilleure definition de l'homme qui soit.
Je ne crois pas dans un monde fige comme les idealistes. Je crois dans un monde dynamique, etant le rapport entre le surnaturel et le naturel. Comme quoi le surnaturel est present dans le naturel, sous forme de lois invisibles comme Dieu etant un esprit un invisible. L'intelligence, l'esprit, les idees, la pensee, c'est invisible. On constate qu'on parle, mais personne n'a jamais vu les idees de la parole, donc un mystere.
Je trouve que les materialistes ont trop cru dans la matiere
sur la matiere ou si la matiere prime les idees, personne ne peut l'affirmer avec des preuves
Arrive a ce point je m'abstiens. Personne ne peut fournir des preuves a savoir si Dieu existe ou non. Par intuition deductive ou par deduction intuitive le savant peut affirmer l'existence de Dieu sous forme de soupcon. Une demarche de logique causale, de cause a effet. Ce qui est contraire au simple fidele qui croit en Dieu par tradition ou par les yeux de la foi.
Je ne crois pas dans la fantaisie abstractive, etant du fantasme humain derive du monde fige, contraire au monde dynamique. Le savant qui croit en Dieu ne croit pas necessairement dans la religion ou les religion. Dieu et religion sont deux realites differentes. Dieu est Universel alors que la religion est sectaire. Il existe un seul Dieu pour les monotheistes alors qu'il existe environs 10.000 religions differentes a travers le monde avec 19 grands courants religieux. La creation divine est egale, bien partagee dans le sens que tout humain independamment de la race ou du sexe comporte une tete, un tronc et des membres alors que la parole divine est discriminatoire dans le sens qu'elle une origine( orient, peuple juif), qu'elle une revelation divine a un peuple choisi au detriment des autres peuples. Si Dieu donne un esprit a tout peuple en termes de creation, je ne vois pourquoi il n'a pas choisi de reveler sa parole a tous les peuples de la terre. La discrimination de la parole divine entraine meme des guerres entre les peuples, les uns veulent imposer leur croyances sur les autres, par exportation de la parole sous forme d'evangelisation, de proselytisme. A mon sens la creation divine est parfaite dans le sens d'une partage egale ou chaque, blanc ou noir, jaune ou rouge, femelle ou male, a une tete, un tronc et des membres. Par contre tous les peuples ne possedent par la parole divine. Il existe par exemple des athees qui ne croient pas en Dieu. Deuxiement meme quant on croit en un meme, il existe differentes doctrines: catholicisme, protestanstisme, anglicanisme, baptiste, temoin de jehovah, adventiste pour le christianisme. Voltaire a consacre toute sa vie combattre la religion sans rejeter l'idee de l'existence de Dieu. Pour lui si Dieu n'existait pas il fallait l'inventer, s'il existe une horloge il faut qu'il existe un horloger. Le savant peut demontrer sur un plan logique en raisonnant de cause a effet, l'existence de Dieu. Par contre il ne peut jamais le prouver. Demontrer est different de prouver. Demontrer se situe dans une serie logique, une demarche rationnelle, pouvant etre vraie ou fausse, mais plausible. Prouver c'est absolument presenter des faits tires de la realite pour attester le bienfonde, la legitimite, l'authenticite d'une idee, d'une pensee, d'une parole, d'une affirmation. Parole ne prouve pas la parole. C'est l'erreur monumentale des idealistes utilisant toujours des idees comme preuves d'une affirmation a la maniere des chretiens qui se referent toujours a une parole publique comme reference pour prouver une realite. Monumentale absurdite.
Je n'ai pas besoin de recourir a un monde fige pour demontrer(non prouver) l'existence de Dieu. Dans la matiere, la vie, la loi, l"esprit, meme l'ampoule, je peux vous demontrer l'existence de Dieu en raisonnant de cause a effet. L'homme ne cree jamais de matiere mais il peut la transformer, donc un mystere. La vie est le resultat de l'amour d'une femelle et d'un male par l'union d'une ovule et du sperme, qui une fois tombe dans le ventre de la mere echappe au controle de la volonte humaine, c'est la nature qui se charge du processus de l'evolution du foetus jusqu'au neuf mois au moment de la naissance, donc un mystere. Les lois naturelles qui regissent l'ordre des vivants, sont invisvisbles, comme l'esprit de Dieu, donc un mystere. L'esprit, les idees sont invisibles comme dieu, donc un myst'ere. Le myst'ere existe parce que l'homme n'arrive pas a tout expliquer. A noter je ne crois pas ni dans les reveltions ou inspirations divines, ni dans les dogmes ou les decrets divins
Edner SaintAmour
mercredi 2 décembre 2009
Paul Denis se fout-il de nous?
Paul Denis se fout-il de nous?
Nos dirigeants se foutent-ils de nous ? Le peuple a élu des parlementaires et un Président de la République, qui eux ont choisi un gouvernement. Il ne les a pas élus pour commenter les problèmes auxquels la nation fait face mais pour résoudre ces problèmes. C’est hallucinant d’entendre Paul Denis (Ministre de la Justice) qui, au lieu de s’attacher à résorber les maux de la justice, s’amuse à les commenter dans les médias, comme s’il n’était pas au timon des affaires. Il nous rappelle quelques principes des droits humains et demande aux citoyens de se mobiliser. Se mobiliser pour quoi faire? Pour faire le travail pour lequel Paul Denis est payé ? Si le peuple devait se mobiliser il se mobiliserait pour dire à Paul Denis que s’il n’est pas capable de remplir correctement ses fonctions de Ministre de la Justice, qu’il donne sa place aux gens compétents qui savent que quand ils sont nommés pour diriger, ils doivent diriger. Dans quel pays vit-on ? Le Ministre de la Justice, au lieu de se mettre au travail pour résoudre les problèmes de la justice, en appelle aux citoyens démunis. L’auto-déresponsabilisation des responsables est désormais la tradition dans mon pays. Quelle péripétie !
Nos dirigeants se foutent-ils de nous ? Le peuple a élu des parlementaires et un Président de la République, qui eux ont choisi un gouvernement. Il ne les a pas élus pour commenter les problèmes auxquels la nation fait face mais pour résoudre ces problèmes. C’est hallucinant d’entendre Paul Denis (Ministre de la Justice) qui, au lieu de s’attacher à résorber les maux de la justice, s’amuse à les commenter dans les médias, comme s’il n’était pas au timon des affaires. Il nous rappelle quelques principes des droits humains et demande aux citoyens de se mobiliser. Se mobiliser pour quoi faire? Pour faire le travail pour lequel Paul Denis est payé ? Si le peuple devait se mobiliser il se mobiliserait pour dire à Paul Denis que s’il n’est pas capable de remplir correctement ses fonctions de Ministre de la Justice, qu’il donne sa place aux gens compétents qui savent que quand ils sont nommés pour diriger, ils doivent diriger. Dans quel pays vit-on ? Le Ministre de la Justice, au lieu de se mettre au travail pour résoudre les problèmes de la justice, en appelle aux citoyens démunis. L’auto-déresponsabilisation des responsables est désormais la tradition dans mon pays. Quelle péripétie !
dimanche 29 novembre 2009
Un « parti unique »ou le fuit de la procrastination ?
Un « parti unique »ou le fuit de la procrastination ?
L’annonce de la création d’un « parti unique » qui aurait été faite par le Président René G. Préval, que l’intéressé dément, a ébranlé plus d’un. Effectivement il aurait été absurde qu’un président demande que tous les partis – groupuscules politiques, pardon ! – se transforment en un seul parti politique à la solde. de son pouvoir. Comparant les partis à « des autobus », il rapprocherait la rationalité des voyageurs, qui montent tous dans un « seul autobus » au lien d’en avoir un pour chacun, à celle des membres de ces partis qu’il exhorterait à faire pareil.
Si cette comparaison a été effectivement faite, elle caractériserait la vision du président des partis politiques et de la politique elle-même. Une vision qui est à la base des grands problèmes que rencontrent les partis politiques en vue de discipliner leurs élus. Cette vision a pour essence l’absence d’opinions et de convictions liées à la manière d’organiser la société, la production et la reproduction tant au niveau de l’humain que de l’économie, absence d’opinions et de convictions quant à la répartition des richesses, des pouvoirs, etc.
Ce sont les opinions, la manière de voir et de concevoir le monde et les convictions qui différencient les partis entre eux. Lorsque ces opinions et convictions n’existent pas on peut se permettre de croire, à tort évidemment, que tous les partis peuvent se fondre dans un seul parti, que toutes les alliances sont possibles et qu’un parti et un autobus c’est pareil.
Sur le fond la manière dont le Président conçoit les partis n’est pas une production ex nihilo. Elle correspond à la réalité des groupuscules politiques de notre pays qui se font malheureusement appelés partis. Des groupuscules sans idéologie, sans vision, sans structure de partis. Ils ne se différencient pas par leur vision du monde mais par l’intérêt de poches et de ventre de leurs leaders, qui sont, pour la plupart, des leaders officiellement ou officieusement à vie ! Dans ce cas-là, tout le monde peut effectivement monter dans le même autobus. Mais si tout le monde monte dans l’autobus du Président cela peut causer de gros ennuis aux institutions du pays. Pour éviter cela et vu l’impérieuse nécessité de doter le pays de deux ou trois vrais partis politiques, Il apparaîtrait alors évident que tout le monde monte dans un même autobus, mais différent de celui du Président.
Urbi et orbi ces mêmes leaders clament haut et fort la nécessité de former deux ou trois partis politiques, de réduire leur arsenal d’autobus. Or ils ne le font pas, préférant se contenter de plateformes électoralistes. On est tenté d’affirmer que ces leaders souffrent de procrastination, ils remettent éternellement au lendemain ce qu’ils peuvent faire aujourd’hui. Cette pathologie donnerait en quelque sorte raison au Président.
Mais à regarder la chose de plus près on comprend vite pourquoi ces leaders ne se résolvent pas à fusionner leurs autobus : ils ont des femmes et des enfants à nourrir, ces autobus sont des outils de production marchande, s’ils les fusionnent ce sera un manque à gagner. Grangou nan vant pa dous, chen grangou pa jwe, yon ti pati politik asire-w yon ti grapiay kan-menm. Alors chaque leader s’accroche à son autobus quand d’autres s’obstinent à vouloir en construire d’autres autobus qui s’annoncent pourtant pires que ceux existant !
L’annonce de la création d’un « parti unique » qui aurait été faite par le Président René G. Préval, que l’intéressé dément, a ébranlé plus d’un. Effectivement il aurait été absurde qu’un président demande que tous les partis – groupuscules politiques, pardon ! – se transforment en un seul parti politique à la solde. de son pouvoir. Comparant les partis à « des autobus », il rapprocherait la rationalité des voyageurs, qui montent tous dans un « seul autobus » au lien d’en avoir un pour chacun, à celle des membres de ces partis qu’il exhorterait à faire pareil.
Si cette comparaison a été effectivement faite, elle caractériserait la vision du président des partis politiques et de la politique elle-même. Une vision qui est à la base des grands problèmes que rencontrent les partis politiques en vue de discipliner leurs élus. Cette vision a pour essence l’absence d’opinions et de convictions liées à la manière d’organiser la société, la production et la reproduction tant au niveau de l’humain que de l’économie, absence d’opinions et de convictions quant à la répartition des richesses, des pouvoirs, etc.
Ce sont les opinions, la manière de voir et de concevoir le monde et les convictions qui différencient les partis entre eux. Lorsque ces opinions et convictions n’existent pas on peut se permettre de croire, à tort évidemment, que tous les partis peuvent se fondre dans un seul parti, que toutes les alliances sont possibles et qu’un parti et un autobus c’est pareil.
Sur le fond la manière dont le Président conçoit les partis n’est pas une production ex nihilo. Elle correspond à la réalité des groupuscules politiques de notre pays qui se font malheureusement appelés partis. Des groupuscules sans idéologie, sans vision, sans structure de partis. Ils ne se différencient pas par leur vision du monde mais par l’intérêt de poches et de ventre de leurs leaders, qui sont, pour la plupart, des leaders officiellement ou officieusement à vie ! Dans ce cas-là, tout le monde peut effectivement monter dans le même autobus. Mais si tout le monde monte dans l’autobus du Président cela peut causer de gros ennuis aux institutions du pays. Pour éviter cela et vu l’impérieuse nécessité de doter le pays de deux ou trois vrais partis politiques, Il apparaîtrait alors évident que tout le monde monte dans un même autobus, mais différent de celui du Président.
Urbi et orbi ces mêmes leaders clament haut et fort la nécessité de former deux ou trois partis politiques, de réduire leur arsenal d’autobus. Or ils ne le font pas, préférant se contenter de plateformes électoralistes. On est tenté d’affirmer que ces leaders souffrent de procrastination, ils remettent éternellement au lendemain ce qu’ils peuvent faire aujourd’hui. Cette pathologie donnerait en quelque sorte raison au Président.
Mais à regarder la chose de plus près on comprend vite pourquoi ces leaders ne se résolvent pas à fusionner leurs autobus : ils ont des femmes et des enfants à nourrir, ces autobus sont des outils de production marchande, s’ils les fusionnent ce sera un manque à gagner. Grangou nan vant pa dous, chen grangou pa jwe, yon ti pati politik asire-w yon ti grapiay kan-menm. Alors chaque leader s’accroche à son autobus quand d’autres s’obstinent à vouloir en construire d’autres autobus qui s’annoncent pourtant pires que ceux existant !
mardi 24 novembre 2009
La palabre comme projet politique
La palabre comme projet politique
La parole, dépendamment de qui la prononce, produit de la matérialité. Elle est capable de se matérialiser. Quand le Maire, le Pasteur ou l’Officier d’Etat Civil s’adresse à vous et vous dit : « je vous déclare mari et femme », cette parole est performative. Vous devenez réellement mari et femme. Alors que, même si vous aviez voulu le devenir, si c’est moi qui vous dis que je vous fais mari et femme, vous ne risquez pas de l’être pour autant. Ça c’est la performativité du discours instantané provenant d’une personne dotée de l’autorité adéquate. Mais le discours social est aussi performatif. Il participe du procès des représentations que la société se fait d’elle-même (par exemple, la manière dont elle se voit), ce qu’elle dit d’elle-même et du monde.
La performativité du discours prise dans ce second sens fait qu’un discours qui a pour objet le chaos finit par produire à moyen et à long terme du chaos. Dans le cas d’Haïti, lorsque les médias étrangers mais aussi haïtiens discourent sur sa « mocheté », on finit par ne voir, n’imaginer qu’une Haïti laide. Quand on parle d’Haïti on ne pense pas à la Citadelle ou à Labadie mais à Cité Soleil. Haïti devient laide pas parce qu’elle est laide en soi, mais parce qu’elle est ainsi vendue. A l’inverse, quand on parle de Paris on ne pense pas à Barbès mais à la tour Eifel, à l’avenue des Champs Elysées.
Des gens de ma génération qui ont grandi avec en permanence le discours médiatique faisant croire que ce pays n’ira nulle part, avec le présupposé implicite que seul l’étranger pourvoira le bonheur, finissent par intégrer le fait que le pays n’ira nulle part.
Lorsqu’on fait croire que faire de la politique n’est autre chose que le dessouchage (dechoukay) réel ou symbolique, les hommes politiques, médiatiques, etc. finissent par se convaincre (et convaincre les autres) que le seul et meilleur moyen de « sauver » Haïti est d’appeler tous les matins au chambardement général.
Il n’y a pas de demande politique (formulée) qui pourrait forcer ceux/celles qui ont le pouvoir politique à construire. Demande constructive, portée essentiellement par une vraie opposition ou même les alliés du pouvoir, qui forcerait celui-ci à mettre en place le Conseil électoral permanent, à enclencher un processus réel de décentralisation ; demande qui pourrait forcer le maire à s’occuper des rues, sans pour autant contester son pouvoir ou demander son départ.
Quand les demandes positives se font rares, on devient prisonnier d’un « je ne veux pas » qui finit toujours par se traduire par un « tu dois partir ». Ainsi ce « tu dois partir » devient performatif, et la politique n’est plus autre chose que le dessouchage. La faiblesse institutionnelle, la voracité du pouvoir fait que désormais il va s’attacher à s’accrocher contre cette menace, le « tu dois partir », et au-delà. La société quant à elle est toujours en proie à la menace despotique vu l’absence d’institution démocratique solide qui pourrait garantir le respect de ses droits. Ceux qui s’accrochent au pouvoir n’ont aucun intérêt à implanter ces institutions puisqu’ils savent qu’elles seraient un rempart aux dérives autoritaires. Les esprits faibles quant à eux continuent de croire qu’il suffit de virer une personne pour que tout aille bien. Ils se sont déjà trompés, ils se trompent et ils se tromperont. Le problème c’est qu’ils sont au font d’un puits, chacun pense que pour s’en sortir il suffit de se tirer ses propres cheveux !
On a 50. 000 boutiques politiques qui se font appeler partis, préférant s’occuper de leurs poches, ils ne font pas de politique. Leur projet politique, à part leurs poches, est la palabre médiatique. La plupart d’entre eux ne se différencie guère. Généralement ce qui divise les partis c’est leur idéologie, chez nous, ils n’en ont pas. A part les intérêts d’un peu plus de 123 poches, on se demanderait pourquoi ne se réunissent-ils pas pour former UN véritable parti politique qui ferait contrepoids aux éventuelles dérives du gouvernement. Ils crient qu’ils veulent du multipartisme. Oui, moi aussi. Mais multipartisme n’est pas « multishopisme » ou « multiboutiquisme ».
S’il peut-être dangereux de savoir que le pouvoir est l’objet d’un parti unique, tout le monde applaudirait s’il y avait un parti unique en face du gouvernement. S’ils ne veulent vraiment pas que le gouvernement fasse un parti unique, pourquoi ne font-ils pas un ou deux partis « uniques » de leur cotés ? Le plus absurde dans tout ça est que le gouvernement a su réunir les Casecs pour soi-disant former son parti unique. Mais ces Casecs-là n’ont-ils pas été élus sous des bannières politiques différentes ? La bonne question est comment se fait-il que des élus d’un parti politique puissent prétendre entrer dans le parti du Président ? Où sont leurs partis, qu’est-ce qui les lie avec leurs partis ?
Quand les partis n’ont pas d’idéologie, ce qui lie les membres entre eux c’est des intérêts de poches. Et dans ce cas-là les élus se prostituent au plus offrant. Toutes ces tragédies devraient conduire l’ensemble de la classe politique à mener des réflexions sur lui-même, sur le sens de ses activités. Mais cela ne se fera pas parce qu’ils n’ont pas de projet politique à part la palabre médiatique usée et leurs poches. Certains vont attendre l’élection présidentielle pour faire des alliances électoralistes, après l’élection la configuration politique restera la même. Et on continuera à pleurnicher du risque immanent de la dictature….
{à suivre}
Renald LUBERICE
La parole, dépendamment de qui la prononce, produit de la matérialité. Elle est capable de se matérialiser. Quand le Maire, le Pasteur ou l’Officier d’Etat Civil s’adresse à vous et vous dit : « je vous déclare mari et femme », cette parole est performative. Vous devenez réellement mari et femme. Alors que, même si vous aviez voulu le devenir, si c’est moi qui vous dis que je vous fais mari et femme, vous ne risquez pas de l’être pour autant. Ça c’est la performativité du discours instantané provenant d’une personne dotée de l’autorité adéquate. Mais le discours social est aussi performatif. Il participe du procès des représentations que la société se fait d’elle-même (par exemple, la manière dont elle se voit), ce qu’elle dit d’elle-même et du monde.
La performativité du discours prise dans ce second sens fait qu’un discours qui a pour objet le chaos finit par produire à moyen et à long terme du chaos. Dans le cas d’Haïti, lorsque les médias étrangers mais aussi haïtiens discourent sur sa « mocheté », on finit par ne voir, n’imaginer qu’une Haïti laide. Quand on parle d’Haïti on ne pense pas à la Citadelle ou à Labadie mais à Cité Soleil. Haïti devient laide pas parce qu’elle est laide en soi, mais parce qu’elle est ainsi vendue. A l’inverse, quand on parle de Paris on ne pense pas à Barbès mais à la tour Eifel, à l’avenue des Champs Elysées.
Des gens de ma génération qui ont grandi avec en permanence le discours médiatique faisant croire que ce pays n’ira nulle part, avec le présupposé implicite que seul l’étranger pourvoira le bonheur, finissent par intégrer le fait que le pays n’ira nulle part.
Lorsqu’on fait croire que faire de la politique n’est autre chose que le dessouchage (dechoukay) réel ou symbolique, les hommes politiques, médiatiques, etc. finissent par se convaincre (et convaincre les autres) que le seul et meilleur moyen de « sauver » Haïti est d’appeler tous les matins au chambardement général.
Il n’y a pas de demande politique (formulée) qui pourrait forcer ceux/celles qui ont le pouvoir politique à construire. Demande constructive, portée essentiellement par une vraie opposition ou même les alliés du pouvoir, qui forcerait celui-ci à mettre en place le Conseil électoral permanent, à enclencher un processus réel de décentralisation ; demande qui pourrait forcer le maire à s’occuper des rues, sans pour autant contester son pouvoir ou demander son départ.
Quand les demandes positives se font rares, on devient prisonnier d’un « je ne veux pas » qui finit toujours par se traduire par un « tu dois partir ». Ainsi ce « tu dois partir » devient performatif, et la politique n’est plus autre chose que le dessouchage. La faiblesse institutionnelle, la voracité du pouvoir fait que désormais il va s’attacher à s’accrocher contre cette menace, le « tu dois partir », et au-delà. La société quant à elle est toujours en proie à la menace despotique vu l’absence d’institution démocratique solide qui pourrait garantir le respect de ses droits. Ceux qui s’accrochent au pouvoir n’ont aucun intérêt à implanter ces institutions puisqu’ils savent qu’elles seraient un rempart aux dérives autoritaires. Les esprits faibles quant à eux continuent de croire qu’il suffit de virer une personne pour que tout aille bien. Ils se sont déjà trompés, ils se trompent et ils se tromperont. Le problème c’est qu’ils sont au font d’un puits, chacun pense que pour s’en sortir il suffit de se tirer ses propres cheveux !
On a 50. 000 boutiques politiques qui se font appeler partis, préférant s’occuper de leurs poches, ils ne font pas de politique. Leur projet politique, à part leurs poches, est la palabre médiatique. La plupart d’entre eux ne se différencie guère. Généralement ce qui divise les partis c’est leur idéologie, chez nous, ils n’en ont pas. A part les intérêts d’un peu plus de 123 poches, on se demanderait pourquoi ne se réunissent-ils pas pour former UN véritable parti politique qui ferait contrepoids aux éventuelles dérives du gouvernement. Ils crient qu’ils veulent du multipartisme. Oui, moi aussi. Mais multipartisme n’est pas « multishopisme » ou « multiboutiquisme ».
S’il peut-être dangereux de savoir que le pouvoir est l’objet d’un parti unique, tout le monde applaudirait s’il y avait un parti unique en face du gouvernement. S’ils ne veulent vraiment pas que le gouvernement fasse un parti unique, pourquoi ne font-ils pas un ou deux partis « uniques » de leur cotés ? Le plus absurde dans tout ça est que le gouvernement a su réunir les Casecs pour soi-disant former son parti unique. Mais ces Casecs-là n’ont-ils pas été élus sous des bannières politiques différentes ? La bonne question est comment se fait-il que des élus d’un parti politique puissent prétendre entrer dans le parti du Président ? Où sont leurs partis, qu’est-ce qui les lie avec leurs partis ?
Quand les partis n’ont pas d’idéologie, ce qui lie les membres entre eux c’est des intérêts de poches. Et dans ce cas-là les élus se prostituent au plus offrant. Toutes ces tragédies devraient conduire l’ensemble de la classe politique à mener des réflexions sur lui-même, sur le sens de ses activités. Mais cela ne se fera pas parce qu’ils n’ont pas de projet politique à part la palabre médiatique usée et leurs poches. Certains vont attendre l’élection présidentielle pour faire des alliances électoralistes, après l’élection la configuration politique restera la même. Et on continuera à pleurnicher du risque immanent de la dictature….
{à suivre}
Renald LUBERICE
mercredi 18 novembre 2009
Wap ka twonpe solèy menw pap janm ka twonpe la pli
Il n’est a priori pas difficile de tromper le peuple, de le mobiliser contre son propre intérêt. Toutefois, à force de le tromper, on finit par se tromper soi-même, se fortifier son propre monde de mensonge et s’engloutir suite à son effondrement. Vous me parlez de démocratie au point d’en faire votre projet ; de souveraineté, de patriotisme dont vous vous faites le camp par excellence. Vous tentez pitoyablement de me démontrer que l’ennemi de la nation ce n’est pas vous mais Préval. Je vais vous montrer que, s’il était avéré que Préval est l’ennemi de la démocratie et de la nation, il n’aurait pu l’être sans vous. Il n’existe politiquement que grâce à vous, et ses actions et non-actions vont, au pire des cas, dans le même sens que les vôtres. Si la MINUSTAH est une force d’occupation souillant l’honneur et la gloire de nos ancêtres, la justesse de sa raison d’être n’a d’essence que par vos actions et non-actions.
En gouvernement représentatif, improprement dénommé démocratie, toute forme d’expressions est admise dans les limites bien définies par les propres institutions de ce dit gouvernement. Je ne saurais donc ici prôner les formes d’expressions qui prévaillent. Je me contenterai de signaler certains de leurs effets, dont la MINUSTAH et Préval sont l’illustration par excellence, que plus d’uns feignent de ne pas voir. Et je dois reconnaître qu’ « On déjoue beaucoup de choses en feignant de ne pas les voir." (Napoléon, dixit). Préval et la MINUSTAH sont le nom de quelque chose que vous refusez de nommer en vous cachant derrière votre Camp patriotique. Men di djab papa, lap manjew, pa di djab papa lap manjew !
Contrairement à ce qu’a cru Schumpeter, la démocratie contemporaine n’est pas seulement une méthode de choix des gouvernants qui se résume à l’élection. C’est n’est pas, n’en déplaise à Rancière, le bref moment où « les sans parts » réclament leur part. La démocratie c’est tout ça plus quelque chose d’autre de fondamental : les institutions. Sans des institutions démocratiques, vous pouvez aller chercher les plus démocrates des communs des mortels, les plus qualifiés, vous n’aurez aucune garantie qu’il fasse mieux que Préval et consort. Les petits esprits peuvent s’amuser à appeler à la révolution toutes les secondes, ils n’agiront que pour la perpétuation du chaos comme ordre social et non pour le mieux être des haïtiens.
J’ai vu, au début des années 2000, former la fausse coalition (qui réunira plus tard toute sorte de nom : groupe 184, convergence démocratique, GNB, etc.) qui allait objectivement travailler de concert avec Aristide pour produire la MINUSTAH, non sans l’apport décisif des missions diplomatiques qui se font appeler communauté internationale. Il s’agissait d’une véritable collusion contre le peuple haïtien. Elle a mis en évidence les différentes élites : politiques, économiques et intellectuelles. En faisant semblant de se quereller, elles invitent sporadiquement le peuple sur la piste. Ce dernier qui n’a d’autres choix que de se laisser prendre dans la danse est victime d’une profonde morsure avec l’injection salivaire de ces élites qui empêche la coagulation. Ce faisant, elles ont l’assurance de boire son sang aussi longtemps qu’elles le voudront.
Ces élites cachent très mal leur jeu. Elles nous parlent de démocratie à longueur de journée. Alors se demande-t-on pourquoi n’agissent-elles pas dans le sens de la démocratie ? On entrevoit rapidement la réponse : la démocratie est contraire à leurs intérêts. Aussi surprenante que cela puisse paraître, la démocratie est contraire aux intérêts du « 184 groupe », du Camp patriotique, de Préval et ses supporteurs financiers ! Preuve en est que l’ensemble de leurs actions ne va dans le sens du renforcement et de l’implantation des institutions démocratiques, mais dans le sens de la perpétuation du chaos comme ordre social. Ils agissent pour accélérer la descente aux enfers d’Haïti chérie. Préval finira son mandat sans implanter le conseil électoral permanent, sans la mise en place d’une force publique nationale de métiers aux cotés de la PNH, sans établir une décentralisation effective.
Lorsque des investisseurs internationaux s’apprêtent à investir en Haïti les supporteurs financiers de Préval ont tout intérêt de lui demander d’envoyer un signal fort à ces investisseurs, leur montrant que la stabilité politique n’est pas acquise. Comme ça ses supporteurs financiers garderont encore longtemps leur monopole : Préval n’a pas hésité une seule seconde, il a envoyé le signal en virant le gouvernement. Le Camp patriotique ne s’érigera pas en mouvement politique. C’est un Camp Patriotique à Durée Déterminée –CAPATRIDD. Il disparaîtra avec les élections présidentielles. Pour l’instant il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour montrer aux investisseurs internationaux que la situation politique d’Haïti est complexe et instable, ils n’ont pas intérêt à investir dans un tel contexte. Il s’emploiera à montrer que Préval est un dictateur. Etant donné qu’aucun investisseur étranger n’a intérêt à investir dans un pays dictatorial le Camp patriotique est donc sûr de réussir son coup. Ainsi nous pouvons écrire l’équation suivante : Camp patriotique + Préval = même combat ! C’est toujours une collusion contre le peuple haïtien. Alors messieurs, amusez-vous, trompez le peuple…. Men la pli a pare, joul tonbe nou pap ka kache anko !
{à suivre}
Il n’est a priori pas difficile de tromper le peuple, de le mobiliser contre son propre intérêt. Toutefois, à force de le tromper, on finit par se tromper soi-même, se fortifier son propre monde de mensonge et s’engloutir suite à son effondrement. Vous me parlez de démocratie au point d’en faire votre projet ; de souveraineté, de patriotisme dont vous vous faites le camp par excellence. Vous tentez pitoyablement de me démontrer que l’ennemi de la nation ce n’est pas vous mais Préval. Je vais vous montrer que, s’il était avéré que Préval est l’ennemi de la démocratie et de la nation, il n’aurait pu l’être sans vous. Il n’existe politiquement que grâce à vous, et ses actions et non-actions vont, au pire des cas, dans le même sens que les vôtres. Si la MINUSTAH est une force d’occupation souillant l’honneur et la gloire de nos ancêtres, la justesse de sa raison d’être n’a d’essence que par vos actions et non-actions.
En gouvernement représentatif, improprement dénommé démocratie, toute forme d’expressions est admise dans les limites bien définies par les propres institutions de ce dit gouvernement. Je ne saurais donc ici prôner les formes d’expressions qui prévaillent. Je me contenterai de signaler certains de leurs effets, dont la MINUSTAH et Préval sont l’illustration par excellence, que plus d’uns feignent de ne pas voir. Et je dois reconnaître qu’ « On déjoue beaucoup de choses en feignant de ne pas les voir." (Napoléon, dixit). Préval et la MINUSTAH sont le nom de quelque chose que vous refusez de nommer en vous cachant derrière votre Camp patriotique. Men di djab papa, lap manjew, pa di djab papa lap manjew !
Contrairement à ce qu’a cru Schumpeter, la démocratie contemporaine n’est pas seulement une méthode de choix des gouvernants qui se résume à l’élection. C’est n’est pas, n’en déplaise à Rancière, le bref moment où « les sans parts » réclament leur part. La démocratie c’est tout ça plus quelque chose d’autre de fondamental : les institutions. Sans des institutions démocratiques, vous pouvez aller chercher les plus démocrates des communs des mortels, les plus qualifiés, vous n’aurez aucune garantie qu’il fasse mieux que Préval et consort. Les petits esprits peuvent s’amuser à appeler à la révolution toutes les secondes, ils n’agiront que pour la perpétuation du chaos comme ordre social et non pour le mieux être des haïtiens.
J’ai vu, au début des années 2000, former la fausse coalition (qui réunira plus tard toute sorte de nom : groupe 184, convergence démocratique, GNB, etc.) qui allait objectivement travailler de concert avec Aristide pour produire la MINUSTAH, non sans l’apport décisif des missions diplomatiques qui se font appeler communauté internationale. Il s’agissait d’une véritable collusion contre le peuple haïtien. Elle a mis en évidence les différentes élites : politiques, économiques et intellectuelles. En faisant semblant de se quereller, elles invitent sporadiquement le peuple sur la piste. Ce dernier qui n’a d’autres choix que de se laisser prendre dans la danse est victime d’une profonde morsure avec l’injection salivaire de ces élites qui empêche la coagulation. Ce faisant, elles ont l’assurance de boire son sang aussi longtemps qu’elles le voudront.
Ces élites cachent très mal leur jeu. Elles nous parlent de démocratie à longueur de journée. Alors se demande-t-on pourquoi n’agissent-elles pas dans le sens de la démocratie ? On entrevoit rapidement la réponse : la démocratie est contraire à leurs intérêts. Aussi surprenante que cela puisse paraître, la démocratie est contraire aux intérêts du « 184 groupe », du Camp patriotique, de Préval et ses supporteurs financiers ! Preuve en est que l’ensemble de leurs actions ne va dans le sens du renforcement et de l’implantation des institutions démocratiques, mais dans le sens de la perpétuation du chaos comme ordre social. Ils agissent pour accélérer la descente aux enfers d’Haïti chérie. Préval finira son mandat sans implanter le conseil électoral permanent, sans la mise en place d’une force publique nationale de métiers aux cotés de la PNH, sans établir une décentralisation effective.
Lorsque des investisseurs internationaux s’apprêtent à investir en Haïti les supporteurs financiers de Préval ont tout intérêt de lui demander d’envoyer un signal fort à ces investisseurs, leur montrant que la stabilité politique n’est pas acquise. Comme ça ses supporteurs financiers garderont encore longtemps leur monopole : Préval n’a pas hésité une seule seconde, il a envoyé le signal en virant le gouvernement. Le Camp patriotique ne s’érigera pas en mouvement politique. C’est un Camp Patriotique à Durée Déterminée –CAPATRIDD. Il disparaîtra avec les élections présidentielles. Pour l’instant il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour montrer aux investisseurs internationaux que la situation politique d’Haïti est complexe et instable, ils n’ont pas intérêt à investir dans un tel contexte. Il s’emploiera à montrer que Préval est un dictateur. Etant donné qu’aucun investisseur étranger n’a intérêt à investir dans un pays dictatorial le Camp patriotique est donc sûr de réussir son coup. Ainsi nous pouvons écrire l’équation suivante : Camp patriotique + Préval = même combat ! C’est toujours une collusion contre le peuple haïtien. Alors messieurs, amusez-vous, trompez le peuple…. Men la pli a pare, joul tonbe nou pap ka kache anko !
{à suivre}
lundi 2 novembre 2009
Marre des mots ne guérissant pas nos maux
Marre des mots ne guérissant pas nos maux
Si vous me dites que le diamant est dur, je vous demanderai une scie. Essayant de la scier, je la mettrai à l’épreuve. Seulement après cette mise en examen, je pourrai conclure que le diamant est dur ou qu’il ne l’est pas. Si vous me dites que La Poste est universelle, je posterai une lettre à l’intention du chef des pygmées. S’il la reçoit, je conclurai affirmativement. Dites-moi que vous détestez les lavalassiens et les putschistes, je vous demanderai dans quel camp étiez-vous en 1993. Dites-moi que vous êtes patriote, je vous demanderai un « relevé » de vos actions patriotiques. Dites-moi que vous êtes souverainiste, je vous demanderai où étiez-vous en 2004, avant que la MINUSTAH ne débarque. Dites-moi que vous êtes le seul fils authentique de Dessalines et que comme lui, vous déclarez : « Haine éternelle à la France ! », je vous demanderai une attestation d’hébergement. (…) Non. Je ne m’appelle pas Dewey, ni James d’ailleurs, mais dans le contexte actuel je crois que seul le Pragmatisme est salutaire en Haïti. Ne me parlez pas de la performativité des pratiques discursives, je connais cette théorie au moins autant que vous. J’apprécie ses avantages et ses limites. Dans le cas haïtien, une chose est pour l’instant sûre: les mots ne sont pas performatifs. En tout cas pas dans l’espace virtuel. Sinon, prouvez-le-moi ! Y’en a marre des palabres interminables. Marre des psalmodiassions souverainistes, patriotiques et nationalistes virtuelles. Que pouvez-vous pour Haïti, que pouvons-nous pour Haïti ? Allons-y !
Je suis convaincu qu’il ne faut ni bagage intellectuel, ni courage pour « critiquer » les Préval et compères… Je mets critique entre guillemets car le mot « critiquer » n’est pas adapté dans ce cas précis. Critiquer suppose de mettre en avant les points forts et les points faibles. Un effort intellectuel, donc, ce qui rend l’exercice périlleux pour plus d’un. Dire que je m’en fous ou que tout est nul est un sport national, tout le monde le peut. Ce qui est difficile en revanche est de dire, je peux faire mieux et je vais vous le prouver. C’est ce qu’on attend et qui ne vient pas. Nous dépensons énormément d’énergie dans des psalmodiassions virtuelles inutiles pendant que nous ne consacrons que 0 % d’énergies à des choses concrètes en Haïti. A l’action nous avons préféré et nous préférons la facilité. C'est-à-dire l’inertie. Et c’est cette même inertie qui justifie, à tort ou à raison, la présence de la MINUSTAH. Je sais que vous préférerez vous attaquer à ce que j’écris au lieu de vous attaquer à l’inertie en question ! C’est là votre génie. (Je vous attends !)
Le point fort des amateurs de psalmodiassions virtuelles est l’illusion du mouvement. En nous faisant croire qu’ils agissent, ils finissent par se convaincre eux-mêmes de leur mouvement illusoire. Ainsi sont-ils pris dans leur propre illusion. Et là, je dois reconnaitre la performativité du discours. Il n’agit pas sur la réalité mais sur le sujet tenant le discours. De toute façon les psalmodiassions nationalistes, patriotiques et souverainistes ne nous apportent rien, elles ne nous renseignent pas sur la réalité. Par contre elles nous sont salutaires si nous voulons comprendre l’état d’esprit et d’inertie des sujets qui discourent. Ainsi, peuvent-ils discourir mais leurs mots ne nous guérissent pas de nos maux. Et ça, y’en a marre.
Bien à vous
Renald LUBERICE
Si vous me dites que le diamant est dur, je vous demanderai une scie. Essayant de la scier, je la mettrai à l’épreuve. Seulement après cette mise en examen, je pourrai conclure que le diamant est dur ou qu’il ne l’est pas. Si vous me dites que La Poste est universelle, je posterai une lettre à l’intention du chef des pygmées. S’il la reçoit, je conclurai affirmativement. Dites-moi que vous détestez les lavalassiens et les putschistes, je vous demanderai dans quel camp étiez-vous en 1993. Dites-moi que vous êtes patriote, je vous demanderai un « relevé » de vos actions patriotiques. Dites-moi que vous êtes souverainiste, je vous demanderai où étiez-vous en 2004, avant que la MINUSTAH ne débarque. Dites-moi que vous êtes le seul fils authentique de Dessalines et que comme lui, vous déclarez : « Haine éternelle à la France ! », je vous demanderai une attestation d’hébergement. (…) Non. Je ne m’appelle pas Dewey, ni James d’ailleurs, mais dans le contexte actuel je crois que seul le Pragmatisme est salutaire en Haïti. Ne me parlez pas de la performativité des pratiques discursives, je connais cette théorie au moins autant que vous. J’apprécie ses avantages et ses limites. Dans le cas haïtien, une chose est pour l’instant sûre: les mots ne sont pas performatifs. En tout cas pas dans l’espace virtuel. Sinon, prouvez-le-moi ! Y’en a marre des palabres interminables. Marre des psalmodiassions souverainistes, patriotiques et nationalistes virtuelles. Que pouvez-vous pour Haïti, que pouvons-nous pour Haïti ? Allons-y !
Je suis convaincu qu’il ne faut ni bagage intellectuel, ni courage pour « critiquer » les Préval et compères… Je mets critique entre guillemets car le mot « critiquer » n’est pas adapté dans ce cas précis. Critiquer suppose de mettre en avant les points forts et les points faibles. Un effort intellectuel, donc, ce qui rend l’exercice périlleux pour plus d’un. Dire que je m’en fous ou que tout est nul est un sport national, tout le monde le peut. Ce qui est difficile en revanche est de dire, je peux faire mieux et je vais vous le prouver. C’est ce qu’on attend et qui ne vient pas. Nous dépensons énormément d’énergie dans des psalmodiassions virtuelles inutiles pendant que nous ne consacrons que 0 % d’énergies à des choses concrètes en Haïti. A l’action nous avons préféré et nous préférons la facilité. C'est-à-dire l’inertie. Et c’est cette même inertie qui justifie, à tort ou à raison, la présence de la MINUSTAH. Je sais que vous préférerez vous attaquer à ce que j’écris au lieu de vous attaquer à l’inertie en question ! C’est là votre génie. (Je vous attends !)
Le point fort des amateurs de psalmodiassions virtuelles est l’illusion du mouvement. En nous faisant croire qu’ils agissent, ils finissent par se convaincre eux-mêmes de leur mouvement illusoire. Ainsi sont-ils pris dans leur propre illusion. Et là, je dois reconnaitre la performativité du discours. Il n’agit pas sur la réalité mais sur le sujet tenant le discours. De toute façon les psalmodiassions nationalistes, patriotiques et souverainistes ne nous apportent rien, elles ne nous renseignent pas sur la réalité. Par contre elles nous sont salutaires si nous voulons comprendre l’état d’esprit et d’inertie des sujets qui discourent. Ainsi, peuvent-ils discourir mais leurs mots ne nous guérissent pas de nos maux. Et ça, y’en a marre.
Bien à vous
Renald LUBERICE
jeudi 29 octobre 2009
Mon pays est une nécessité de « rupture » historique.
Mon pays est une nécessité de « rupture » historique.
Les femmes et les hommes se rebellent. Des groupes sociaux souvent hétérogènes s’allient pour s’attaquer à la structure sociale, économique et politique qui, à leurs yeux, ne répond pas à leurs attentes. Ils s’emploient à transcender leurs conditions matérielles d’existence. En résistant par tous les moyens à l’oppression, ils s’attaquent au système institué qui est appelé à changer ou à « mourir ». Le combat contre le système institué, l’ordre établi, est un processus de constitution du chaos. Mais un chaos salvateur. Il se fait dans l’espoir que du chaos s’émergera un nouvel ordre correspondant à notre volonté. La révolution c’est l’incertitude. La peur de cette incertitude inspire nombre « d’esprits conservateurs ». C’est un pari sur l’avenir porté par l’incertitude du « devenir-révolutionnaire », pour ainsi reprendre un concept cher à G. Deleuze. Si une révolution a su donner telle chose, elle aurait pu en donner telle autre. Autrement dit, la Révolution Française a permis l’avènement du gouvernement représentatif et d’un nouveau type de bourgeoisie, la Révolution Haïtienne a fini par donner ce qu’elle a donné. Mais chacune de ces deux Révolutions congénitales aurait pu donner tout autre chose. L’Haïti ou la France d’aujourd’hui n’est autre chose qu’une possibilisation de ces deux processus de constitution du chaos. Possibilisation signifie ici, l’un des résultats possibles (avec l’idée de probabilité).
L’Haïti d’aujourd’hui n’est pas la conséquence directe et obligée de l’histoire. Mais une des possibles conséquences de l’agir de nos prédécesseurs. C’est, autrement dit, une des possibles conséquences de notre passé historique. Sur ce même passé historique Haïti aurait pu autrement « s’autoinstituer » (dans le sens de C. Castoriadis). C’est –à –dire ne pas instituer le chaos comme ordre social. C’est l’une des grandes différences entre ces deux Révolutions congénitales. Du chaos que constitua la Révolution Française, s’est émergée une bourgeoisie un petit peu différente de celle d’avant. Du chaos que constitua la Révolution Haïtienne s’est émergé le chaos comme ordre social, pour ne pas dire qu’elle a engendré un Rien. Le risque bien connu des révolutions est le risque qu’elles tournent mal. Ou qu’elles engendrent des monstres. Entre autre chose, la Révolution Anglaise a engendré Cromwell, la française Napoléon, la russe Staline ! Mais dans chacun de ces cas un autre ordre social est émergé du chaos révolutionnaire. Dans le cas haïtien, on est encore dans le chaos révolutionnaire. A force de perpétuation de ce chaos, il devient l’ordre social même. Et ça, c’est original dans les processus révolutionnaires connus.
Preuve en est que 1804 reste encore la référence explicite ou implicite des pratiques discursives et politiques en Haïti. Pas en ce qu’elle a de glorieux, d’universel. Mais comme processus de constitution du chaos prometteur d’un nouvel ordre social. Nous œuvrons, en tant que peuple, constamment dans le sens de ce processus de constitution chaotique. Des gens censés bien sensés ne font pas la différence entre une proclamation de J.J. Dessalines visant à réunir les haïtiens contre un ennemi extérieur d’il y a deux siècles – et par là même cimenter la nation -, et une situation chaotique produisant une présence étrangère hybride mi-mission/mi-occupation (une espèce de « missopation », quoi !). Alors, ils claironnent avec ferveur sur Internet: « liberté ou la mort ! ». Ils confondent, malgré eux, une situation de déshumanisation où les déshumanisé-e-s, à juste titre, sont déterminé-e-s à s’affranchir quitte à mourir, et une situation ou des citoyens estiment que leur pays n’est plus indépendant (à cause de la « missopation ») et réclament en conséquence l’indépendance. Situation créée en grande partie par « nous », faut-il le rappeler ? Ces pratiques discussives et les violences politiques (du genre père Lebrun) sont reprises comme en 1804. Le processus du chaos veut que la violence physique soit par tout, donc incontrôlée ; la contestation soit le but principal. La perte de contrôle de la violence physique légitime par l’Etat est l’une des conditions de la réussite de la constitution du chaos.
L’ordre social qu’a promis 1804 ne s’est pas encore émergé. On est dans le chaos révolutionnaire institué. Les discours révolutionnaires qu’on entend aujourd’hui sont tout, sauf révolutionnaires. Puisqu’ils vont dans le sens de l’ordre social institué, c'est-à-dire le chaos. Ils ne permettent pas de sortir de cet ordre social mais de le perpétuer ou de le conserver. La démarche consistant à construire le chaos dans le chaos est tautologique et non révolutionnaire. La démarche révolutionnaire est celle qui consiste à « construire » (ou faire émerger) un nouvel ordre social du chaos. C’est ce que je prône et que j’appelle rupture historique. Je dirai qu’une révolution vise à établir une instabilité politique et sociale provisoire pour pouvoir ensuite faire émerger un nouvel ordre social. Mais lorsque l’instabilité politique et sociale devient permanente, s’institue, une démarche visant à la perpétuer n’est pas révolutionnaire mais conservatrice. Les conservateurs se reconnaîtront dans mon discours. Ce dont mon pays, notre pays, a besoin est une rupture historique pour ne pas dire une révolution. Celle-ci a pour leitmotiv la stabilité politique : gage de la prospérité économique et sociale. L’ensemble de nos démarches doivent aller dans sens. La volonté de s’accrocher au pouvoir ou de contester tout et n’importe quoi est centrale dans le chaos comme ordre social qui s’est émergé du chaos de 1804. C’est cela qu’il faut combattre.
Québec, le 23/10/2009
Renald LUBERICE*
Les femmes et les hommes se rebellent. Des groupes sociaux souvent hétérogènes s’allient pour s’attaquer à la structure sociale, économique et politique qui, à leurs yeux, ne répond pas à leurs attentes. Ils s’emploient à transcender leurs conditions matérielles d’existence. En résistant par tous les moyens à l’oppression, ils s’attaquent au système institué qui est appelé à changer ou à « mourir ». Le combat contre le système institué, l’ordre établi, est un processus de constitution du chaos. Mais un chaos salvateur. Il se fait dans l’espoir que du chaos s’émergera un nouvel ordre correspondant à notre volonté. La révolution c’est l’incertitude. La peur de cette incertitude inspire nombre « d’esprits conservateurs ». C’est un pari sur l’avenir porté par l’incertitude du « devenir-révolutionnaire », pour ainsi reprendre un concept cher à G. Deleuze. Si une révolution a su donner telle chose, elle aurait pu en donner telle autre. Autrement dit, la Révolution Française a permis l’avènement du gouvernement représentatif et d’un nouveau type de bourgeoisie, la Révolution Haïtienne a fini par donner ce qu’elle a donné. Mais chacune de ces deux Révolutions congénitales aurait pu donner tout autre chose. L’Haïti ou la France d’aujourd’hui n’est autre chose qu’une possibilisation de ces deux processus de constitution du chaos. Possibilisation signifie ici, l’un des résultats possibles (avec l’idée de probabilité).
L’Haïti d’aujourd’hui n’est pas la conséquence directe et obligée de l’histoire. Mais une des possibles conséquences de l’agir de nos prédécesseurs. C’est, autrement dit, une des possibles conséquences de notre passé historique. Sur ce même passé historique Haïti aurait pu autrement « s’autoinstituer » (dans le sens de C. Castoriadis). C’est –à –dire ne pas instituer le chaos comme ordre social. C’est l’une des grandes différences entre ces deux Révolutions congénitales. Du chaos que constitua la Révolution Française, s’est émergée une bourgeoisie un petit peu différente de celle d’avant. Du chaos que constitua la Révolution Haïtienne s’est émergé le chaos comme ordre social, pour ne pas dire qu’elle a engendré un Rien. Le risque bien connu des révolutions est le risque qu’elles tournent mal. Ou qu’elles engendrent des monstres. Entre autre chose, la Révolution Anglaise a engendré Cromwell, la française Napoléon, la russe Staline ! Mais dans chacun de ces cas un autre ordre social est émergé du chaos révolutionnaire. Dans le cas haïtien, on est encore dans le chaos révolutionnaire. A force de perpétuation de ce chaos, il devient l’ordre social même. Et ça, c’est original dans les processus révolutionnaires connus.
Preuve en est que 1804 reste encore la référence explicite ou implicite des pratiques discursives et politiques en Haïti. Pas en ce qu’elle a de glorieux, d’universel. Mais comme processus de constitution du chaos prometteur d’un nouvel ordre social. Nous œuvrons, en tant que peuple, constamment dans le sens de ce processus de constitution chaotique. Des gens censés bien sensés ne font pas la différence entre une proclamation de J.J. Dessalines visant à réunir les haïtiens contre un ennemi extérieur d’il y a deux siècles – et par là même cimenter la nation -, et une situation chaotique produisant une présence étrangère hybride mi-mission/mi-occupation (une espèce de « missopation », quoi !). Alors, ils claironnent avec ferveur sur Internet: « liberté ou la mort ! ». Ils confondent, malgré eux, une situation de déshumanisation où les déshumanisé-e-s, à juste titre, sont déterminé-e-s à s’affranchir quitte à mourir, et une situation ou des citoyens estiment que leur pays n’est plus indépendant (à cause de la « missopation ») et réclament en conséquence l’indépendance. Situation créée en grande partie par « nous », faut-il le rappeler ? Ces pratiques discussives et les violences politiques (du genre père Lebrun) sont reprises comme en 1804. Le processus du chaos veut que la violence physique soit par tout, donc incontrôlée ; la contestation soit le but principal. La perte de contrôle de la violence physique légitime par l’Etat est l’une des conditions de la réussite de la constitution du chaos.
L’ordre social qu’a promis 1804 ne s’est pas encore émergé. On est dans le chaos révolutionnaire institué. Les discours révolutionnaires qu’on entend aujourd’hui sont tout, sauf révolutionnaires. Puisqu’ils vont dans le sens de l’ordre social institué, c'est-à-dire le chaos. Ils ne permettent pas de sortir de cet ordre social mais de le perpétuer ou de le conserver. La démarche consistant à construire le chaos dans le chaos est tautologique et non révolutionnaire. La démarche révolutionnaire est celle qui consiste à « construire » (ou faire émerger) un nouvel ordre social du chaos. C’est ce que je prône et que j’appelle rupture historique. Je dirai qu’une révolution vise à établir une instabilité politique et sociale provisoire pour pouvoir ensuite faire émerger un nouvel ordre social. Mais lorsque l’instabilité politique et sociale devient permanente, s’institue, une démarche visant à la perpétuer n’est pas révolutionnaire mais conservatrice. Les conservateurs se reconnaîtront dans mon discours. Ce dont mon pays, notre pays, a besoin est une rupture historique pour ne pas dire une révolution. Celle-ci a pour leitmotiv la stabilité politique : gage de la prospérité économique et sociale. L’ensemble de nos démarches doivent aller dans sens. La volonté de s’accrocher au pouvoir ou de contester tout et n’importe quoi est centrale dans le chaos comme ordre social qui s’est émergé du chaos de 1804. C’est cela qu’il faut combattre.
Québec, le 23/10/2009
Renald LUBERICE*
lundi 26 octobre 2009
Des actes sauveront Haïti de ses maux et non des mots
Des actes sauveront Haïti de ses maux et non des mots
Quand en Haïti le chaos s’installe
En collusion, quand notre patrie chérie est prise
Quand sa descente aux enfers s’accélère
Viendra une classe d’Haïtiennes et d’Haïtiens
De toutes les ethnies, de toutes les couleurs
De milieux sociaux très hétérogènes
Qui croira aux actes et non aux mots
Et qui restaurera Haïti chérie
Dans sa beauté antérieure
Afin qu’elle redevienne la Perle des Antilles
Ceci est mon plus grand espoir
Cette classe d’Haïtiennes et d’Haïtiens
N’aura pas besoin de s’envoyer des fleurs patriotiques
Car l’histoire s’en chargera…
Renald LUBERICE
Quand en Haïti le chaos s’installe
En collusion, quand notre patrie chérie est prise
Quand sa descente aux enfers s’accélère
Viendra une classe d’Haïtiennes et d’Haïtiens
De toutes les ethnies, de toutes les couleurs
De milieux sociaux très hétérogènes
Qui croira aux actes et non aux mots
Et qui restaurera Haïti chérie
Dans sa beauté antérieure
Afin qu’elle redevienne la Perle des Antilles
Ceci est mon plus grand espoir
Cette classe d’Haïtiennes et d’Haïtiens
N’aura pas besoin de s’envoyer des fleurs patriotiques
Car l’histoire s’en chargera…
Renald LUBERICE
jeudi 22 octobre 2009
Les vrais nouveaux faux patriotes ou les pompiers pyromanes ?
Les vrais nouveaux faux patriotes ou les pompiers pyromanes ?
Haïti, je t’aime. Je me protège. Si tu m’aimes comme je t’aime, sacrifie-toi. Sur mes lamentations, tu pourras toujours compter en échange. Telle est l’idéologie des vrais nouveaux faux patriotes. Ils ne se sacrifient pas pour la patrie, mais demandent à la patrie de se sacrifier pendant qu’ils la regardent gémie et pétrie. Pour rendre acceptable leur absurde position, ils évoquent un passé glorieux mais révolu. Un passé glorieux terni par les actes de leurs propres compères. Pour prouver la justesse de leur position, ils nous invitent à considérer les choses telles qu’elles furent et telles qu’elles devraient être et non telles qu’elles sont. Si nous ne faisons pas comme eux, c'est-à-dire réfléchir avec nos tripes et non avec nos têtes, alors nous ne sommes pas des patriotes. Laissez-moi vous décrire les vrais faux nouveaux patriotes.
Quand l’insécurité grimpe en Haïti, tu leur dis : « il est inadmissible que quels que bandits prennent en otage toute une population, il nous faut nous armer de courage et jouer notre rôle de citoyen ». Ils te répondent : « c’est vrai, tu as raison. Men sak mouri, mouri pou je pal ». Quand l’insécurité baisse, ils te parlent des incompétents au pouvoir qui n’arrivent pas à améliorer les conditions matérielles d’existence de la population, tu leur réponds : « nous avons les capitaux culturels nécessaires. Haïti est notre pays, même si nous n’avons pas d’argent, nous pouvons y retourner et participer à la vie de la cité ». « Oui, mais tu sais, on a des responsabilités, des enfants à nourrir, à éduquer, nous ne pouvons pas retourner en Haïti comme ça », rétorquent-ils. En gros, en ce qui a trait à leur vie privée, ils sont prévoyants, ils évitent tant que faire se peut les incertitudes. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de la patrie ?
C’est le « j’m’enfoutisme» : agissons et on verra après. Ça donnera s’que ça donnera ! Lorsqu’il s’agit du pays, ils ne sont plus prévoyants. Ils n’ont que faire du chaos. De toute façon, ils ne sont pas en Haïti. S’ils y sont, les membres de leurs familles sont à l’étranger. Ils ne jurent que par le chaos. Pour eux, la lutte politique n’a qu’un sens : la perpétuation du chaos permanent engendré par l’éternel recommencement. Ils veulent nous faire croire que si on demande la préparation du départ de la MINUSTHA, c’est parce qu’on n’est pas des patriotes ! Etre patriote, c’est faire sa vie à l’étranger et participer sporadiquement aux gouvernements de ses compères. Une fois qu’on a plus de poste gouvernemental, on est « opposant diasporique » ! On ne sait pas construire mais déconstruire : on demande le départ d’Aristide, puis celui de Latortue, ensuite Alexis et aujourd’hui celui de la MINUSTHA.
L’« après » nous importe peu, seul le départ nous intéresse : on est des vrais faux patriotes. Or, ce que je dis – et si cela vous plaît de croire que je suis naïf au point de penser que la MINUSTHA n’est pas là pour défendre l’intérêt de ceux qui l’entretiennent, tant mieux pour vous ! – c’est que la MINUSTHA a su tirer sa légitimé (sa raison d’être) de faits réels. Ces faits-là n’ont pas été inventés (je ne parle pas de leur causalité) : instabilité politique chronique, perte quasiment complète du monopole de la violence physique tenue pour légitime.
Nous avons deux options. Soit nous nous disons que tout allait très bien jusqu’à ce que la MINUSTHA ne gâte tout (option très peu crédible). Soit nous nous disons que même si la MINUSTAH n’est pas à la hauteur de ses prétentions (et que si l’ONU savait stabiliser des pays en situation d’instabilité ça s’saurait !), les problèmes dont l’occupation tire sa légitimité sont réels et nous causent vraiment des difficultés. Je pense que les gens sensés se retrouvent dans cette option. Donc attaquons la MINUSTHA à partir de ces mêmes éléments légitimants. Exigeons la création d’une force publique capable de maintenir la violence physique légitime, orientons l’ensemble de nos actions politiques dans le sens de la stabilité politique et de la continuité institutionnelle. Dès que l’Etat aura récupéré le monopole de la violence physique légitime, il remerciera la MINUSTHA.
Et si les autorités haïtiennes, notamment l’exécutif, ne se résolvent pas à créer cette force publique, la Constitution nous donne les moyens de les poursuivre pour « haute trahison ». Là on est dans une situation d’illégalité, on demande la normalisation.
Un vrai nouveau faux patriote est un fondamentaliste, il ne délibère pas ! Pourtant la chose est claire :
1) La création d’une force publique haïtienne aux cotés de la PNH
2) Le départ des soldats étrangers
3) La fin de la Mission des Nations Unies.
Si vous vous planifiez avant de prendre une décision d’ordre privé, pourquoi vouloir à tout prix l’incertitude pour Haïti ? Moi, je veux, avant de traverser le pont de connaître sa structure et sa capacité à supporter les poids des gens qui m’accompagnent. Arrêtez de jouer les pompiers pyromanes !
Je m’appelle Renald,
Je ne suis pas vrai nouveau faux patriote ni pompier pyromane. C’est grave, docteur ?
Haïti, je t’aime. Je me protège. Si tu m’aimes comme je t’aime, sacrifie-toi. Sur mes lamentations, tu pourras toujours compter en échange. Telle est l’idéologie des vrais nouveaux faux patriotes. Ils ne se sacrifient pas pour la patrie, mais demandent à la patrie de se sacrifier pendant qu’ils la regardent gémie et pétrie. Pour rendre acceptable leur absurde position, ils évoquent un passé glorieux mais révolu. Un passé glorieux terni par les actes de leurs propres compères. Pour prouver la justesse de leur position, ils nous invitent à considérer les choses telles qu’elles furent et telles qu’elles devraient être et non telles qu’elles sont. Si nous ne faisons pas comme eux, c'est-à-dire réfléchir avec nos tripes et non avec nos têtes, alors nous ne sommes pas des patriotes. Laissez-moi vous décrire les vrais faux nouveaux patriotes.
Quand l’insécurité grimpe en Haïti, tu leur dis : « il est inadmissible que quels que bandits prennent en otage toute une population, il nous faut nous armer de courage et jouer notre rôle de citoyen ». Ils te répondent : « c’est vrai, tu as raison. Men sak mouri, mouri pou je pal ». Quand l’insécurité baisse, ils te parlent des incompétents au pouvoir qui n’arrivent pas à améliorer les conditions matérielles d’existence de la population, tu leur réponds : « nous avons les capitaux culturels nécessaires. Haïti est notre pays, même si nous n’avons pas d’argent, nous pouvons y retourner et participer à la vie de la cité ». « Oui, mais tu sais, on a des responsabilités, des enfants à nourrir, à éduquer, nous ne pouvons pas retourner en Haïti comme ça », rétorquent-ils. En gros, en ce qui a trait à leur vie privée, ils sont prévoyants, ils évitent tant que faire se peut les incertitudes. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de la patrie ?
C’est le « j’m’enfoutisme» : agissons et on verra après. Ça donnera s’que ça donnera ! Lorsqu’il s’agit du pays, ils ne sont plus prévoyants. Ils n’ont que faire du chaos. De toute façon, ils ne sont pas en Haïti. S’ils y sont, les membres de leurs familles sont à l’étranger. Ils ne jurent que par le chaos. Pour eux, la lutte politique n’a qu’un sens : la perpétuation du chaos permanent engendré par l’éternel recommencement. Ils veulent nous faire croire que si on demande la préparation du départ de la MINUSTHA, c’est parce qu’on n’est pas des patriotes ! Etre patriote, c’est faire sa vie à l’étranger et participer sporadiquement aux gouvernements de ses compères. Une fois qu’on a plus de poste gouvernemental, on est « opposant diasporique » ! On ne sait pas construire mais déconstruire : on demande le départ d’Aristide, puis celui de Latortue, ensuite Alexis et aujourd’hui celui de la MINUSTHA.
L’« après » nous importe peu, seul le départ nous intéresse : on est des vrais faux patriotes. Or, ce que je dis – et si cela vous plaît de croire que je suis naïf au point de penser que la MINUSTHA n’est pas là pour défendre l’intérêt de ceux qui l’entretiennent, tant mieux pour vous ! – c’est que la MINUSTHA a su tirer sa légitimé (sa raison d’être) de faits réels. Ces faits-là n’ont pas été inventés (je ne parle pas de leur causalité) : instabilité politique chronique, perte quasiment complète du monopole de la violence physique tenue pour légitime.
Nous avons deux options. Soit nous nous disons que tout allait très bien jusqu’à ce que la MINUSTHA ne gâte tout (option très peu crédible). Soit nous nous disons que même si la MINUSTAH n’est pas à la hauteur de ses prétentions (et que si l’ONU savait stabiliser des pays en situation d’instabilité ça s’saurait !), les problèmes dont l’occupation tire sa légitimité sont réels et nous causent vraiment des difficultés. Je pense que les gens sensés se retrouvent dans cette option. Donc attaquons la MINUSTHA à partir de ces mêmes éléments légitimants. Exigeons la création d’une force publique capable de maintenir la violence physique légitime, orientons l’ensemble de nos actions politiques dans le sens de la stabilité politique et de la continuité institutionnelle. Dès que l’Etat aura récupéré le monopole de la violence physique légitime, il remerciera la MINUSTHA.
Et si les autorités haïtiennes, notamment l’exécutif, ne se résolvent pas à créer cette force publique, la Constitution nous donne les moyens de les poursuivre pour « haute trahison ». Là on est dans une situation d’illégalité, on demande la normalisation.
Un vrai nouveau faux patriote est un fondamentaliste, il ne délibère pas ! Pourtant la chose est claire :
1) La création d’une force publique haïtienne aux cotés de la PNH
2) Le départ des soldats étrangers
3) La fin de la Mission des Nations Unies.
Si vous vous planifiez avant de prendre une décision d’ordre privé, pourquoi vouloir à tout prix l’incertitude pour Haïti ? Moi, je veux, avant de traverser le pont de connaître sa structure et sa capacité à supporter les poids des gens qui m’accompagnent. Arrêtez de jouer les pompiers pyromanes !
Je m’appelle Renald,
Je ne suis pas vrai nouveau faux patriote ni pompier pyromane. C’est grave, docteur ?
mercredi 21 octobre 2009
Leslie Péan : reprenez-vous !
Leslie Péan : reprenez-vous !
Cher Leslie Péan,
Trois expressions utilisées dans vos textes suggèrent que vous vous êtes emporté et qu’il est temps que vous vous repreniez.
La première est l’utilisation de la notion de « sous-hommes » dans votre texte qui, implicitement, vise à culpabiliser (et reléguer à la seconde catégorie) ceux et celles qui ne partagent pas votre opinion et vos choix. Quoi que vous disiez, votre position n’est pas démocratique. Pourriez-vous énumérer, cher Péan, les attributs qui font de vous un homme et que les autres n’ont pas ? Au lieu de corriger le tir, d’admettre que vous vous êtes fourvoyé, vous vous enfoncez en affirmant : « Je maintiens que le système politique en vigueur en Haiti produit des lâches, des gens sans caractère, des sous-hommes /…/ » Heureusement que vous n’en faites pas partie ! Votre position est totalement subjective. Nonobstant la tenant, vous devez, me suis-je dit, avoir de bonne raison. Mais cela ne fera jamais de vous un sous-homme. Il ne peut y avoir de sous-homme ! On peut ne pas être d’accord sur tel ou tel point, nos choix, nos positions et intérêts peuvent être divergents (quoi de plus normal ?), mais nous resterons des hommes, cher Péan, ne l’oubliez jamais.
La deuxième expression est ainsi utilisée « le texte de Renal[d] Luberice que tu recommandes est une collection de paroles qui affichent les immenses trous que ce jeune (c’est moi qui mets en exergue) a dans la connaissance de l'histoire de son pays natal. Ce texte de Lubérice ne contient aucune pensée articulée sur les vraies causes de l'échec national. » Ah oui ? Je ne sais pourquoi vous vous êtes offusqué lorsque j’affirme que mes ainés ont formulé des hypothèses les unes plus tautologiques que les autres. Avez-vous au moins compris que le but du texte n’était pas de formuler une pensée articulée sur ce que vous appelez « les vraies causes de l’échec national », mais de mettre en exergue la carence méthodologique de la démarche des pétitionnaires nationalistes du Web dont, je crois, vous faites partie ? Avez-vous relevez qu’il s’agissait d’une hypothèse (qui est de part sa nature une réponse provisoire) ? Cher Péan, accordez-moi la possibilité d’étayer cette hypothèse ailleurs. Vous avez, vous-même, tenté d’expliquer nos débâcles dans plusieurs volumes, a priori ce n’est pas aussi simple, que vous semblez l’insinuer. L’utilisation de la notion de « jeune » n’est à mon sens pas innocent. C’est la suite logique de votre démarche consistant à étiqueter pour décrédibiliser. Si on est « jeune » ou « sous-homme », on est moins crédible que Péan qui est homme et vieux, de surcroit. Cher Péan, depuis Pierre Bourdieu (« La jeunesse n’est qu’un mot » in Question de sociologie (1978), Paris, Ed. de minuit, 1984), on ne peut plus se permettre d’utiliser l’expression « jeune », comme si cela allait de soi. Elle ne renvoie pas à la date de naissance mais à un statut social. Maintenez-vous toujours que je suis un « jeune » ? Ou un sous-homme, peut-être (si on part de l’hypothèse, que je ne signerai pas cette pétition !).
La troisième expression procède du même esprit : catégoriser des gens et ensuite décider de la valeur politique de leur position ou s’ils sont aptes à avoir une position politique valable. Elle est ici formulée : « [Ray] je ne te laisserai pas te perdre dans cette voie de garage de gens qui sont nés de la dernière pluie dans le combat politique. » A vrai dire les mots que vous utilisez, cher Péan, montre que vous êtes de la vielle école : quand vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un vous l’insultez, vous vous attaquez à son prétendu statut social, même si vous ne le connaissez pas. Dans cette expression, ce qui ressort est la date de naissance qui attribuerait de la légitimité à la position politique de l’individu. Savez-vous, cher Péan, qu’en démocratie les choses ne sont pas ainsi faites ? Cette position aurait pu être valable dans un autre régime politique dénommé : gérontocratie (où les vieux gouvernent). En gouvernement représentatif vos postions ne sont pas tenables. Je compte donc sur vous, cher Péan, pour vous reprendre.
Ps : Je remercie toutes celles et tous ceux qui, comme Emmanuelle et Ray, continuent d’aborder ce problème avec beaucoup de lucidité.
Bien cordialement
Renald Lubérice.
Ci-dessous le texte de Péan.
Salut Ray,
Pourrais-tu bien vouloir m'indiquer la référence au texte, courriel ou message qui traite de "sous-homme" ceux qui ne veulent pas signer la pétition demandant un calendrier pour le départ de la MINUSTAH ?
Je profite aussi de l'occasion pour te dire que le texte de Renal Luberice que tu recommandes est une collection de paroles qui affichent les immenses trous que ce jeune a dans la connaissance de l'histoire de son pays natal. Ce texte de Lubérice ne contient aucune pensée articulée sur les vraies causes de l'échec national. Il est absolument faux de prétendre que "la principale cause de la constitution du chaos qui a engendré la MINUSTHA (sic) et qui engendrera la République Dominicaine, si nous ne prenons pas conscience, est la folie révolutionnaire permanente qui ne nous a pas quittés depuis 1804". C'est tout simplement de la fumisterie.
Les discussions fumeuses concernant la MINUSTAH relèvent à parler du sexe des anges. Ces troupes armées onusiennes doivent partir d'Haiti. Un point c'est tout. Un leve kanpe contre leur présence est à l'ordre du jour. C'est une situation de guerre et dans ce domaine, malheureusement, il n'y a pas beaucoup de places pour l'indécision. On est d'un côté ou de l'autre. Il faut offrir à chaque Haitien qui a le sang de Dessalines dans ses veines l'occasion de donner sa contribution au renvoi de ses soldats onusiens chez eux. Il faut laisser les Haitiens régler leurs propres affaires entre eux.
Reprends-toi Ray, je ne te laisserai pas te perdre dans cette voie de garage de gens qui sont nés de la dernière pluie dans le combat politique.
Cordialement,
Leslie
Cher Leslie Péan,
Trois expressions utilisées dans vos textes suggèrent que vous vous êtes emporté et qu’il est temps que vous vous repreniez.
La première est l’utilisation de la notion de « sous-hommes » dans votre texte qui, implicitement, vise à culpabiliser (et reléguer à la seconde catégorie) ceux et celles qui ne partagent pas votre opinion et vos choix. Quoi que vous disiez, votre position n’est pas démocratique. Pourriez-vous énumérer, cher Péan, les attributs qui font de vous un homme et que les autres n’ont pas ? Au lieu de corriger le tir, d’admettre que vous vous êtes fourvoyé, vous vous enfoncez en affirmant : « Je maintiens que le système politique en vigueur en Haiti produit des lâches, des gens sans caractère, des sous-hommes /…/ » Heureusement que vous n’en faites pas partie ! Votre position est totalement subjective. Nonobstant la tenant, vous devez, me suis-je dit, avoir de bonne raison. Mais cela ne fera jamais de vous un sous-homme. Il ne peut y avoir de sous-homme ! On peut ne pas être d’accord sur tel ou tel point, nos choix, nos positions et intérêts peuvent être divergents (quoi de plus normal ?), mais nous resterons des hommes, cher Péan, ne l’oubliez jamais.
La deuxième expression est ainsi utilisée « le texte de Renal[d] Luberice que tu recommandes est une collection de paroles qui affichent les immenses trous que ce jeune (c’est moi qui mets en exergue) a dans la connaissance de l'histoire de son pays natal. Ce texte de Lubérice ne contient aucune pensée articulée sur les vraies causes de l'échec national. » Ah oui ? Je ne sais pourquoi vous vous êtes offusqué lorsque j’affirme que mes ainés ont formulé des hypothèses les unes plus tautologiques que les autres. Avez-vous au moins compris que le but du texte n’était pas de formuler une pensée articulée sur ce que vous appelez « les vraies causes de l’échec national », mais de mettre en exergue la carence méthodologique de la démarche des pétitionnaires nationalistes du Web dont, je crois, vous faites partie ? Avez-vous relevez qu’il s’agissait d’une hypothèse (qui est de part sa nature une réponse provisoire) ? Cher Péan, accordez-moi la possibilité d’étayer cette hypothèse ailleurs. Vous avez, vous-même, tenté d’expliquer nos débâcles dans plusieurs volumes, a priori ce n’est pas aussi simple, que vous semblez l’insinuer. L’utilisation de la notion de « jeune » n’est à mon sens pas innocent. C’est la suite logique de votre démarche consistant à étiqueter pour décrédibiliser. Si on est « jeune » ou « sous-homme », on est moins crédible que Péan qui est homme et vieux, de surcroit. Cher Péan, depuis Pierre Bourdieu (« La jeunesse n’est qu’un mot » in Question de sociologie (1978), Paris, Ed. de minuit, 1984), on ne peut plus se permettre d’utiliser l’expression « jeune », comme si cela allait de soi. Elle ne renvoie pas à la date de naissance mais à un statut social. Maintenez-vous toujours que je suis un « jeune » ? Ou un sous-homme, peut-être (si on part de l’hypothèse, que je ne signerai pas cette pétition !).
La troisième expression procède du même esprit : catégoriser des gens et ensuite décider de la valeur politique de leur position ou s’ils sont aptes à avoir une position politique valable. Elle est ici formulée : « [Ray] je ne te laisserai pas te perdre dans cette voie de garage de gens qui sont nés de la dernière pluie dans le combat politique. » A vrai dire les mots que vous utilisez, cher Péan, montre que vous êtes de la vielle école : quand vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un vous l’insultez, vous vous attaquez à son prétendu statut social, même si vous ne le connaissez pas. Dans cette expression, ce qui ressort est la date de naissance qui attribuerait de la légitimité à la position politique de l’individu. Savez-vous, cher Péan, qu’en démocratie les choses ne sont pas ainsi faites ? Cette position aurait pu être valable dans un autre régime politique dénommé : gérontocratie (où les vieux gouvernent). En gouvernement représentatif vos postions ne sont pas tenables. Je compte donc sur vous, cher Péan, pour vous reprendre.
Ps : Je remercie toutes celles et tous ceux qui, comme Emmanuelle et Ray, continuent d’aborder ce problème avec beaucoup de lucidité.
Bien cordialement
Renald Lubérice.
Ci-dessous le texte de Péan.
Salut Ray,
Pourrais-tu bien vouloir m'indiquer la référence au texte, courriel ou message qui traite de "sous-homme" ceux qui ne veulent pas signer la pétition demandant un calendrier pour le départ de la MINUSTAH ?
Je profite aussi de l'occasion pour te dire que le texte de Renal Luberice que tu recommandes est une collection de paroles qui affichent les immenses trous que ce jeune a dans la connaissance de l'histoire de son pays natal. Ce texte de Lubérice ne contient aucune pensée articulée sur les vraies causes de l'échec national. Il est absolument faux de prétendre que "la principale cause de la constitution du chaos qui a engendré la MINUSTHA (sic) et qui engendrera la République Dominicaine, si nous ne prenons pas conscience, est la folie révolutionnaire permanente qui ne nous a pas quittés depuis 1804". C'est tout simplement de la fumisterie.
Les discussions fumeuses concernant la MINUSTAH relèvent à parler du sexe des anges. Ces troupes armées onusiennes doivent partir d'Haiti. Un point c'est tout. Un leve kanpe contre leur présence est à l'ordre du jour. C'est une situation de guerre et dans ce domaine, malheureusement, il n'y a pas beaucoup de places pour l'indécision. On est d'un côté ou de l'autre. Il faut offrir à chaque Haitien qui a le sang de Dessalines dans ses veines l'occasion de donner sa contribution au renvoi de ses soldats onusiens chez eux. Il faut laisser les Haitiens régler leurs propres affaires entre eux.
Reprends-toi Ray, je ne te laisserai pas te perdre dans cette voie de garage de gens qui sont nés de la dernière pluie dans le combat politique.
Cordialement,
Leslie
dimanche 18 octobre 2009
Si je n’avais pas lu l’histoire : je vous aurais pris au sérieux ! {Suite}
Si je n’avais pas lu l’histoire : je vous aurais pris au sérieux ! {Suite}
Je prendrai le risque de décevoir les amateurs de discussions circulaires: je ne répondrai que sur la base de ce que j’ai écrit et non sur ce qu’ils ont voulu lire. Ray a su très bien mettre en exergue le contenu de mon texte. Je l’en remercie. Ce qu’on a voulu signaler dès le départ est un problème de méthodologie qui pourra avoir pour effet la répétition des erreurs du passé. D’où l’importance d’avoir lu et de lire l’histoire !
Déjà, au fond de moi-même, je me dis qu’il fallait vraiment être en mal d’inspiration pour se faire appeler « Camp patriotique ». Dans le contexte actuel nous avons davantage besoin de position fédératrice. Aux fallacieux « va-t-en-guerre » qui se cachent derrière leur petit écran pour nous assaillir à coups de cris « Liberté ou la mort ! », je voudrais tout de même dire : si Dessalines était à votre place et qu’il avait le sentiment (objectif ou subjectif) que la patrie est menacée, il ne demanderait pas à l’envahisseur de lui constituer une armée de 5000 hommes pour sécuriser ses frontières ! Il aurait réuni les hommes qu’il faut et dit aux envahisseurs : vous partez ou je vous mets dehors.
La question est-ce qu’on est « Oui ou Non » pour le départ de la Minustah est un non-sens. Aller demander à la MINUSTAH si elle est pour le départ de la MINUSTAH, elle vous répondra probablement oui. Donc, conclusion des amateurs de discussions circulaires : la MINUSTHA est pour le départ de la MINUSTHA. On est donc dans le même Camp patriotique ! La question est plutôt : Quand et comment ? C’est pourquoi j’ai parlé de méthodologie qui ne se résume pas à un résonnement binaire véhiculé par des nationalistes du Web.
Aujourd’hui la MINUSTAH est dans le pays. C’est un fait. Notre devoir en tant qu’Haïtien-ne-s est de faire en sorte que plus jamais nous (et les générations futures) n’ayons besoin d’une force étrangère en Haïti. Un départ précipité de la MINUSTHA, donc une transition mal préparée, aura certainement pour conséquences, si nous avons de la chance, une prochaine mission de l’ONU, sinon une tutelle de la République Dominicaine. Elle le fera pour notre malheur et pour l’histoire. Sortez de votre bulle et vous comprendrez ! Cessez de faire croire que vous tenez plus à Haïti que d’autres : agissez et par vos actions l’histoire jugera !
Ps : je n’ai pas tenu compte de toutes les interventions dans l’espoir que ce nouveau texte puisse mettre en exergue la question essentielle : la méthodologie. En ce qui concerne mes « rires », je pense que tout le monde a le droit de rire ou de pleurer quand cela l’enchante, et ce, sans l’autorisation du Chapeauteur !
Bon dimanche !
Renald
Je prendrai le risque de décevoir les amateurs de discussions circulaires: je ne répondrai que sur la base de ce que j’ai écrit et non sur ce qu’ils ont voulu lire. Ray a su très bien mettre en exergue le contenu de mon texte. Je l’en remercie. Ce qu’on a voulu signaler dès le départ est un problème de méthodologie qui pourra avoir pour effet la répétition des erreurs du passé. D’où l’importance d’avoir lu et de lire l’histoire !
Déjà, au fond de moi-même, je me dis qu’il fallait vraiment être en mal d’inspiration pour se faire appeler « Camp patriotique ». Dans le contexte actuel nous avons davantage besoin de position fédératrice. Aux fallacieux « va-t-en-guerre » qui se cachent derrière leur petit écran pour nous assaillir à coups de cris « Liberté ou la mort ! », je voudrais tout de même dire : si Dessalines était à votre place et qu’il avait le sentiment (objectif ou subjectif) que la patrie est menacée, il ne demanderait pas à l’envahisseur de lui constituer une armée de 5000 hommes pour sécuriser ses frontières ! Il aurait réuni les hommes qu’il faut et dit aux envahisseurs : vous partez ou je vous mets dehors.
La question est-ce qu’on est « Oui ou Non » pour le départ de la Minustah est un non-sens. Aller demander à la MINUSTAH si elle est pour le départ de la MINUSTAH, elle vous répondra probablement oui. Donc, conclusion des amateurs de discussions circulaires : la MINUSTHA est pour le départ de la MINUSTHA. On est donc dans le même Camp patriotique ! La question est plutôt : Quand et comment ? C’est pourquoi j’ai parlé de méthodologie qui ne se résume pas à un résonnement binaire véhiculé par des nationalistes du Web.
Aujourd’hui la MINUSTAH est dans le pays. C’est un fait. Notre devoir en tant qu’Haïtien-ne-s est de faire en sorte que plus jamais nous (et les générations futures) n’ayons besoin d’une force étrangère en Haïti. Un départ précipité de la MINUSTHA, donc une transition mal préparée, aura certainement pour conséquences, si nous avons de la chance, une prochaine mission de l’ONU, sinon une tutelle de la République Dominicaine. Elle le fera pour notre malheur et pour l’histoire. Sortez de votre bulle et vous comprendrez ! Cessez de faire croire que vous tenez plus à Haïti que d’autres : agissez et par vos actions l’histoire jugera !
Ps : je n’ai pas tenu compte de toutes les interventions dans l’espoir que ce nouveau texte puisse mettre en exergue la question essentielle : la méthodologie. En ce qui concerne mes « rires », je pense que tout le monde a le droit de rire ou de pleurer quand cela l’enchante, et ce, sans l’autorisation du Chapeauteur !
Bon dimanche !
Renald
samedi 17 octobre 2009
Si Je n’avais pas lu l’histoire : je vous aurais pris au sérieux !
Si Je n’avais pas lu l’histoire : je vous aurais pris au sérieux !
Qui peut prendre au sérieux les nationalistes haïtiens du Web, les pétitionnaires fondamentalistes, les « va-t-en-guerre » fallacieux qui nous assaillent à coup de cris : liberté ou la mort ? Personne ! Personne à part eux-mêmes. Les haïtiens qui se soucient réellement de l’amélioration du sort du peuple haïtien et la prospérité d’Haïti ne les prendront pas au sérieux. Non. Parce que, comme moi, ils ont lu l’histoire de notre pays.
De mon silence, qui pourrait avoir l’air complice, je sors. Sous mes yeux, j’ai la chance de voir l’histoire se répéter. Sous forme de farce, bien sûr. Car nous n’avons rien appris de nos historiques tragédies. Nous ne craignons pas d’être risibles, puisque la comédie est notre affaire. Que nous importe le sort des générations futures ! Aujourd’hui nous ne savons pas nous prendre en charge, nous avons la MINUSTAH sur le dos. Dans 15 à 20 ans, si comme les nationalistes haïtiens du web et pétitionnaires fondamentalistes, nous agissons, nous aurons la République Dominicaine comme tutrice.
Pour expliquer nos débâcles en tant que peuple nous avons formulé toute sorte d’hypothèses. Les unes plus tautologiques que les autres : le sous-développement d’Haïti est dû à la non-émergence de l’Etat moderne ; la non-émergence de l’Etat moderne est dû à la non-institutionnalisation du vivre ensemble, etc. Or, il est plus plausible d’affirmer que la principale cause de la constitution du chaos qui a engendré la MINUSTHA et qui engendrera la République Dominicaine, si nous ne prenons pas conscience, est la folie révolutionnaire permanente qui ne nous a pas quittés depuis 1804. Elle engendre soit le sultanisme soit l’instabilité politique chronique. Le sultanisme et l’instabilité politique chronique sont à la base de la déchéance historique. Le fait qu’il n’y a pas eu de transition post-duvaliériste mais un pur et simple dessouchage (dechoukaj) a engendré ces 25 dernières années d’absurdités politiques et socioéconomiques.
Pour comprendre notre histoire et les causes de nos désarrois, il faut la découper en séquences. Il est courant en Haïti d’appréhender l’histoire uniquement de manière holistique. Ce faisant, beaucoup de choses nous échappent. Et les erreurs se répètent ! Nous traversons une phase cruciale de notre histoire. Si nous voulons cette fois-ci réussir, il faut, comme je le dis maintenant depuis trois ans, un calendrier précis avec des taches précises pour la MINUSTHA. Le renouvellement annuel est un leurre qui crée une situation de tension permanente, organise une précarité institutionnelle et ne permettant pas une projection à long terme. Le calendrier prévoira un retrait progressif de la MINUSTHA, et l’ONU pourra prendre conscience de son échec ou sa réussite. Le fait de dire qu’il s’agit d’une mission de stabilisation est aussi un leurre. Puisque personne ne saura évaluer cette « stabilisation ». Par définition la stabilisation est processuelle. Quand s’arrêtera le processus ?
Faire de la politique de manière systématique exige un certain nombre de sacrifice que les pétitionnaires du Web ne sont pas prêts à faire. C’est tellement plus confortable de rester derrière son ordinateur et de crier : « Liberté ou la mort ! ». Combien de pétitionnaires du web sont-ils prêts à prendre les armes, si besoin était ? Entre 2001 et 2003, j’ai suivi de près des groupes armés qui réclamaient le départ d’Aristide en Haïti. Entre 2003 et février 2004, j’ai rencontré à Paris nombre d’actuels pétitionnaires qui manifestaient en vue du départ d’Aristide. Je peux vous assurer qu’ils procèdent toujours de la même logique : renvoyons-le et on verra après. C’est ainsi qu’on fait de la politique en Haïti. Personne ne prend le temps de réfléchir le jour d’après. Une fois que le chaos se produit, ils disent que c’était mieux avant.
En 1986, j’avais 4 ans. L’histoire ne s’est donc pas déroulée sous mes yeux attentifs. J’ai tout de même entendu de façon répétée des gens disant que c’était quand même mieux sous Duvalier, que sous Aristide on avait tout de même un brin de souveraineté. En cas d’un départ précipité de la MINUSTHA, les pétitionnaires fondamentalistes, les « va-t-en-guerre » fallacieux qui nous assaillent à coup de cris : liberté ou la mort seront les premiers à le regretter. Mais n’oubliez pas : si Haïti ne se prend pas en main dans la décade (dans le sens anglais), la République Dominicaine le fera à notre place, pour notre malheur et pour l’histoire.
A bon entendeur salut !
Québec, le 17 octobre 2009
Qui peut prendre au sérieux les nationalistes haïtiens du Web, les pétitionnaires fondamentalistes, les « va-t-en-guerre » fallacieux qui nous assaillent à coup de cris : liberté ou la mort ? Personne ! Personne à part eux-mêmes. Les haïtiens qui se soucient réellement de l’amélioration du sort du peuple haïtien et la prospérité d’Haïti ne les prendront pas au sérieux. Non. Parce que, comme moi, ils ont lu l’histoire de notre pays.
De mon silence, qui pourrait avoir l’air complice, je sors. Sous mes yeux, j’ai la chance de voir l’histoire se répéter. Sous forme de farce, bien sûr. Car nous n’avons rien appris de nos historiques tragédies. Nous ne craignons pas d’être risibles, puisque la comédie est notre affaire. Que nous importe le sort des générations futures ! Aujourd’hui nous ne savons pas nous prendre en charge, nous avons la MINUSTAH sur le dos. Dans 15 à 20 ans, si comme les nationalistes haïtiens du web et pétitionnaires fondamentalistes, nous agissons, nous aurons la République Dominicaine comme tutrice.
Pour expliquer nos débâcles en tant que peuple nous avons formulé toute sorte d’hypothèses. Les unes plus tautologiques que les autres : le sous-développement d’Haïti est dû à la non-émergence de l’Etat moderne ; la non-émergence de l’Etat moderne est dû à la non-institutionnalisation du vivre ensemble, etc. Or, il est plus plausible d’affirmer que la principale cause de la constitution du chaos qui a engendré la MINUSTHA et qui engendrera la République Dominicaine, si nous ne prenons pas conscience, est la folie révolutionnaire permanente qui ne nous a pas quittés depuis 1804. Elle engendre soit le sultanisme soit l’instabilité politique chronique. Le sultanisme et l’instabilité politique chronique sont à la base de la déchéance historique. Le fait qu’il n’y a pas eu de transition post-duvaliériste mais un pur et simple dessouchage (dechoukaj) a engendré ces 25 dernières années d’absurdités politiques et socioéconomiques.
Pour comprendre notre histoire et les causes de nos désarrois, il faut la découper en séquences. Il est courant en Haïti d’appréhender l’histoire uniquement de manière holistique. Ce faisant, beaucoup de choses nous échappent. Et les erreurs se répètent ! Nous traversons une phase cruciale de notre histoire. Si nous voulons cette fois-ci réussir, il faut, comme je le dis maintenant depuis trois ans, un calendrier précis avec des taches précises pour la MINUSTHA. Le renouvellement annuel est un leurre qui crée une situation de tension permanente, organise une précarité institutionnelle et ne permettant pas une projection à long terme. Le calendrier prévoira un retrait progressif de la MINUSTHA, et l’ONU pourra prendre conscience de son échec ou sa réussite. Le fait de dire qu’il s’agit d’une mission de stabilisation est aussi un leurre. Puisque personne ne saura évaluer cette « stabilisation ». Par définition la stabilisation est processuelle. Quand s’arrêtera le processus ?
Faire de la politique de manière systématique exige un certain nombre de sacrifice que les pétitionnaires du Web ne sont pas prêts à faire. C’est tellement plus confortable de rester derrière son ordinateur et de crier : « Liberté ou la mort ! ». Combien de pétitionnaires du web sont-ils prêts à prendre les armes, si besoin était ? Entre 2001 et 2003, j’ai suivi de près des groupes armés qui réclamaient le départ d’Aristide en Haïti. Entre 2003 et février 2004, j’ai rencontré à Paris nombre d’actuels pétitionnaires qui manifestaient en vue du départ d’Aristide. Je peux vous assurer qu’ils procèdent toujours de la même logique : renvoyons-le et on verra après. C’est ainsi qu’on fait de la politique en Haïti. Personne ne prend le temps de réfléchir le jour d’après. Une fois que le chaos se produit, ils disent que c’était mieux avant.
En 1986, j’avais 4 ans. L’histoire ne s’est donc pas déroulée sous mes yeux attentifs. J’ai tout de même entendu de façon répétée des gens disant que c’était quand même mieux sous Duvalier, que sous Aristide on avait tout de même un brin de souveraineté. En cas d’un départ précipité de la MINUSTHA, les pétitionnaires fondamentalistes, les « va-t-en-guerre » fallacieux qui nous assaillent à coup de cris : liberté ou la mort seront les premiers à le regretter. Mais n’oubliez pas : si Haïti ne se prend pas en main dans la décade (dans le sens anglais), la République Dominicaine le fera à notre place, pour notre malheur et pour l’histoire.
A bon entendeur salut !
Québec, le 17 octobre 2009
vendredi 16 octobre 2009
Question de citoyenneté : adresse à Lyonel Trouillot
Question de citoyenneté : adresse à Lyonel Trouillot
Monsieur Trouillot,
Je suis avec beaucoup d’intérêts vos chroniques et apprécie vos tentatives de problématiser des questions qui, en général, sont considérées dans en Haïti comme allant de soi et ne constituant donc pas de problèmes en soi, voire de problèmes politiques. Votre accroche dans la chronique du 01/10/09 parue sur le site de la Radio Kiskeya, reflète bien cette situation. Vous affirmez que depuis votre essai, que j’ai pris un énorme plaisir à lire, intitulé « Haïti, (re)penser la citoyenneté », rien « n’a été fait pour aménager une sphère commune de citoyenneté ». C’est un fait. Cependant une question en apparence toute simple me vient à l’esprit : pourquoi ? Je n’ai nullement la prétention, ni la capacité d’apporter réponse à cette question. Je tenterai néanmoins de participer à votre essai de problématisation, si vous me le permettez.
Partons du postulat, comme il est admis dans la Science politique contemporaine, que la politisation se fait en trois étapes. La première consisterait à identifier le problème, la seconde à le faire valoir comme problème social (c’est ce que vous tentez de faire, me semble-t-il) et la dernière à son accaparement par les politiques qui le considèrent comme effectivement politique en tentant d’y apporter une réponse politique. Le point de blocage de la question de la citoyenneté se trouverait entre la deuxième et la troisième étape. Sa problématisation en tant que problème social reste inachevée, et les politiques ne le considèrent pas comme un problème politique auquel il est bon de trouver une solution. Du moment où vous avez fait votre essai à aujourd’hui, la question de la citoyenneté n’a toujours pas constitué aux yeux de nos politiques un problème ! Les entrepreneurs politiques n’ont pas réussi à le faire valoir en tant que tel.
L’Etat haïtien, l’ « ordre social » chez nous, se base sur l’exclusion. L’identité est toujours mouvante. Elle se construit de manière relationnelle et/ou « réactionnelle ». Il faut probablement envisager l’émergence de l’Etat d’Haïti comme une collusion Etat vs Bourgeoisie au détriment des « sans-parts », notamment ceux dont les parents étaient encore en Afrique. Et comme vous l’avez bien affirmé, les mobilités sociales individuelles n’ont presque pas d’incidence sur la structure issue de cette collusion et qui est appelée à pérenniser.
Lorsque vous affirmez : « La bataille est donc pour sortir individuellement du groupe défavorisé auquel on appartenait pour rejoindre un groupe duquel on était exclu, et de faire jouer soi-même les mêmes mécanismes d’exclusion dont on était hier la victime. » Vous me faites penser à la fameuse « classe en soi », « classe pour soi » qu’a théorisée K. Marx. Les groupes en question (la « bourgeoisie » exceptée) forment peut-être des « classe en soi » mais sont loin d’être des « classe pour soi ». Je ne pense pas qu’il y ait une conscience de classe dans ces cas précis. Et même s’il y en avait, le seul fait de transcender sa condition de classe fait qu’on n’a plus les mêmes intérêts avec nos anciens « compagnons de classe ». Et donc, si on veut continuer à maximiser ses intérêts, on ne peut plus aller dans le sens de ceux qui n’ont plus le même intérêt que soi.
En ce qui a trait au « populaire », le mot seul est déjà l’objet d’une dévalorisation. Cet adjectif, de Platon aux théoriciens « postmodernistes », est synonyme (faux) de plèbe, de vulgate, de canaille, etc. D’où la misère de la culture dite populaire.
Je serai moins optimiste que vous quant au patriotisme et au mercenariat des bourgeoisies américaines et françaises. Ce que vous dites n’est pas faux mais je crois que toute bourgeoisie agit en fonction de ses intérêts (ou ce qu’elle croit l’être). Il se trouve que les activités se déroulant au tour des fêtes nationales concordent aux intérêts des dites bourgeoisies, alors on a l’impression qu’elles sont plus patriotiques et plus éclairées que la notre. L’Etat sert indéniablement la bourgeoisie, il entreprend un rapport incestueux avec elle. Et lorsqu’il menace de ne plus la servir, elle se révolte et fait alliance si nécessaire avec celui qu’elle considérait jadis comme de la « canaille ». C’est une alliance provisoire puisque les intérêts ne sont pas les mêmes. Aussi tôt que la situation retourne à la normale chacun/e regagnera sa place.
Aujourd’hui le débat, à mon sens, n’est pas de se demander pourquoi notre bourgeoisie est moins « gentille » que les autres bourgeoisies. Mais de se demander qu’est ce qui fait le rapport bourgeois/Etat est si différent en Haïti qu’ailleurs ? Comment fonctionne la bourgeoisie haïtienne, où sont ses intérêts ? Mon hypothèse est que si on fait vaciller ses intérêts actuels, elle sera amenée malgré elle à changer de comportement. Il importe donc d’identifier ces intérêts !
Renald Lubérice,
Monsieur Trouillot,
Je suis avec beaucoup d’intérêts vos chroniques et apprécie vos tentatives de problématiser des questions qui, en général, sont considérées dans en Haïti comme allant de soi et ne constituant donc pas de problèmes en soi, voire de problèmes politiques. Votre accroche dans la chronique du 01/10/09 parue sur le site de la Radio Kiskeya, reflète bien cette situation. Vous affirmez que depuis votre essai, que j’ai pris un énorme plaisir à lire, intitulé « Haïti, (re)penser la citoyenneté », rien « n’a été fait pour aménager une sphère commune de citoyenneté ». C’est un fait. Cependant une question en apparence toute simple me vient à l’esprit : pourquoi ? Je n’ai nullement la prétention, ni la capacité d’apporter réponse à cette question. Je tenterai néanmoins de participer à votre essai de problématisation, si vous me le permettez.
Partons du postulat, comme il est admis dans la Science politique contemporaine, que la politisation se fait en trois étapes. La première consisterait à identifier le problème, la seconde à le faire valoir comme problème social (c’est ce que vous tentez de faire, me semble-t-il) et la dernière à son accaparement par les politiques qui le considèrent comme effectivement politique en tentant d’y apporter une réponse politique. Le point de blocage de la question de la citoyenneté se trouverait entre la deuxième et la troisième étape. Sa problématisation en tant que problème social reste inachevée, et les politiques ne le considèrent pas comme un problème politique auquel il est bon de trouver une solution. Du moment où vous avez fait votre essai à aujourd’hui, la question de la citoyenneté n’a toujours pas constitué aux yeux de nos politiques un problème ! Les entrepreneurs politiques n’ont pas réussi à le faire valoir en tant que tel.
L’Etat haïtien, l’ « ordre social » chez nous, se base sur l’exclusion. L’identité est toujours mouvante. Elle se construit de manière relationnelle et/ou « réactionnelle ». Il faut probablement envisager l’émergence de l’Etat d’Haïti comme une collusion Etat vs Bourgeoisie au détriment des « sans-parts », notamment ceux dont les parents étaient encore en Afrique. Et comme vous l’avez bien affirmé, les mobilités sociales individuelles n’ont presque pas d’incidence sur la structure issue de cette collusion et qui est appelée à pérenniser.
Lorsque vous affirmez : « La bataille est donc pour sortir individuellement du groupe défavorisé auquel on appartenait pour rejoindre un groupe duquel on était exclu, et de faire jouer soi-même les mêmes mécanismes d’exclusion dont on était hier la victime. » Vous me faites penser à la fameuse « classe en soi », « classe pour soi » qu’a théorisée K. Marx. Les groupes en question (la « bourgeoisie » exceptée) forment peut-être des « classe en soi » mais sont loin d’être des « classe pour soi ». Je ne pense pas qu’il y ait une conscience de classe dans ces cas précis. Et même s’il y en avait, le seul fait de transcender sa condition de classe fait qu’on n’a plus les mêmes intérêts avec nos anciens « compagnons de classe ». Et donc, si on veut continuer à maximiser ses intérêts, on ne peut plus aller dans le sens de ceux qui n’ont plus le même intérêt que soi.
En ce qui a trait au « populaire », le mot seul est déjà l’objet d’une dévalorisation. Cet adjectif, de Platon aux théoriciens « postmodernistes », est synonyme (faux) de plèbe, de vulgate, de canaille, etc. D’où la misère de la culture dite populaire.
Je serai moins optimiste que vous quant au patriotisme et au mercenariat des bourgeoisies américaines et françaises. Ce que vous dites n’est pas faux mais je crois que toute bourgeoisie agit en fonction de ses intérêts (ou ce qu’elle croit l’être). Il se trouve que les activités se déroulant au tour des fêtes nationales concordent aux intérêts des dites bourgeoisies, alors on a l’impression qu’elles sont plus patriotiques et plus éclairées que la notre. L’Etat sert indéniablement la bourgeoisie, il entreprend un rapport incestueux avec elle. Et lorsqu’il menace de ne plus la servir, elle se révolte et fait alliance si nécessaire avec celui qu’elle considérait jadis comme de la « canaille ». C’est une alliance provisoire puisque les intérêts ne sont pas les mêmes. Aussi tôt que la situation retourne à la normale chacun/e regagnera sa place.
Aujourd’hui le débat, à mon sens, n’est pas de se demander pourquoi notre bourgeoisie est moins « gentille » que les autres bourgeoisies. Mais de se demander qu’est ce qui fait le rapport bourgeois/Etat est si différent en Haïti qu’ailleurs ? Comment fonctionne la bourgeoisie haïtienne, où sont ses intérêts ? Mon hypothèse est que si on fait vaciller ses intérêts actuels, elle sera amenée malgré elle à changer de comportement. Il importe donc d’identifier ces intérêts !
Renald Lubérice,
vendredi 9 octobre 2009
mercredi 7 octobre 2009
Faculté de Médecine / Un brin d’intelligence politique pour une réforme en profondeur
Faculté de Médecine / Un brin d’intelligence politique pour une réforme en profondeur
Par Renald Lubérice*
paru dans Le Matin du 07/10/09
Il est inconcevable qu’en 2009 nous n’ayons que 2,7 médecins pour 10.000 habitants. Oui, c’est bien joli de l’affirmer, me diriez-vous ! En plus, cela fait consensus. Des plus démunis aux hautes autorités haïtiennes, tout le monde s’accordera là-dessus. Ces dernières années, on n’a eu de cesse d’assister à des luttes politiques intenses parfois sauvages. Mais combien d’entre elles se portaient sur un vrai problème de société ? Il s’agit toujours de luttes pour la répartition du/des pouvoir/s, sur le choix du Premier ministre, etc. Y a-t-il eu un projet de société ayant cristallisé les oppositions du fait que le gouvernement pense qu’il faut y apporter tel type de solution, tandis que d’autres disent qu’il lui faut apporter telle autre ? Non. Si le débat politique ne se porte pas sur la répartition des pouvoirs, il se fait sur des questions purement «métaphysiques ». En tout cas, si l’objet n’est pas en soi métaphysique, la manière dont nos « entrepreneurs politiques » l’abordent lui attribue une dimension que seuls les connaisseurs du monde de l’au-delà sauront comprendre et résoudre. Étant donné l’absence de ces êtres surnaturels, on ressasse toujours les mêmes discours avec le sentiment que les choses ne s’améliorent guère. Ce papier concernant la réforme de la faculté de Médecine et de Pharmacie sera justement une tentative d’aborder une question de société avec des propositions concrètes qui nous, j’espère, épargneront l’engouffrement dans le monde de l’au-delà.
En Haïti, nous avons les ressources les plus précieuses à notre développement socioéconomique : des femmes et des hommes. Mais nous refusons de les utiliser à bon escient. La réforme dont je vais parler concerne moins la structure de la faculté – qui a certainement besoin d’être réformée, mais que je ne connais pas bien – que la manière de l’optimiser afin qu’elle puisse remplir sa mission première : former des médecins au service des Haïtiens. Souvent, dans les luttes internes à l’UEH, on oublie que l’Université se doit d’être au service de la société et non l’inverse. Parfois, il y a des petits malins qui se plaisent à croire que l’Université doit être au service de l’Université, avec une fâcheuse tendance d’isolation.
L’Université, soi-disant autonome, n’a que faire de la demande de formation en médecine de nos jeunes et, par ricochets, du besoin de la population en professionnel-le-s de santé. Tous les ans, des milliers de jeunes Haïtien-ne-s partent faire leur formation juste à quelques kilomètres d’Haïti en langue espagnole. Cela n’interpelle personne. Cette attitude déconcerte l’une des théories des institutions économiques, politiques et sociales, pourtant largement admise. Celle d’Hirschman. En effet, il y a deux principaux moyens d’amener une entreprise ou une institution à se réformer. Soit une partie de la clientèle fait défection (exit) – l’entreprise ou l’institution qui s’en rend compte va s’interroger et prendre les mesures de redressement nécessaires-, soit une partie de la clientèle prend la parole (voice), espérant que la protestation verbale va interpeler les dirigeants. Il y a une autre possibilité qui est le loyalisme qui ne m’intéresse pas ici. Cette théorie suppose que les dirigeants soient attentifs aux réactions de la clientèle. Sauf que dans le cas de cette faculté, et plus généralement des autorités publiques, c’est le « J’m’enfoutisme » qui règne. Donc la demande des jeunes Haïtiens et de la société dans son ensemble leur passe au-dessus de la tête. Pourtant le seul fait que des jeunes Haïtiens puissent aller faire leurs études à l’étranger et payer en devises étrangères prouve qu’il ont des ressources économiques, et qu’ils seraient prêts à payer si la faculté pouvait leur offrir un service équivalent. Comment résoudre ce problème ? Je crois à l’autonomie des institutions d’études supérieures publiques et non à leur indépendance. La solution a, à mon sens, deux volets.
Le premier est fondamentalement politique. Le second renvoie à la capacité de gouvernance de l’UEH. Tout le monde sait, et pas besoin d’être à l’intérieur de l’UEH, que l’Université manque énormément de moyens tout comme l’État haïtien dont le budget est tributaire de l’étranger. Mais nous ne pouvons pas attendre indéfiniment que les cailles du ciel nous tombent sur la tête. Il faut optimiser nos maigres moyens en vue de la résolution de nos problèmes socioéconomiques. La faculté de Médecine peut et doit former les médecins dont nous avons besoins. Il faut pour cela renforcer sa capacité d’accueil et lui doter de matériels pédagogiques, scientifiques et les ressources humaines nécessaires. Où trouver l’argent ?
Dès la classe de seconde, TOUT élève haïtien doit avoir suffisamment d’informations sur les filières de l’UEH et les modalités de concours. Les dates et les modalités des concours doivent être affichées dans TOUS les établissements supérieurs dotés d’une ou de plusieurs classes de terminale au moins trois mois à l’avance. Chaque étudiant reçu en médecine et/ou dans les professions sanitaires aura la possibilité d’un prêt-bourse couvrant l’ensemble des coûts de la durée de ses études. Ceux qui en ont les moyens peuvent choisir de payer leur scolarité sans utiliser le prêt-bourse que l’État haïtien mettra, de concert avec des établissements bancaires partenaires, à disposition des étudiants en médecine et/ou en professions sanitaires. Le prêt-bourse se fera à taux zéro. Chaque bénéficiaire aura le choix de rembourser l’État à l’issue de la formation ou s’engager formellement à rester en Haïti et travailler pour le compte de l’État pendant une période allant de 5 à 10 ans.
Le montant de la scolarité sera fixé en fonction du coût réel de la formation. Cela permettra à la faculté de proposer un salaire compétitif à l’échelle régionale aux enseignants. Nous attirerons ainsi les meilleurs enseignants haïtiens partis à l’étranger et les étrangers désirant enseigner en Haïti. La faisabilité de cette réforme dépend d’une réelle volonté politique. Haïti est capable de s’endetter pour acheter des voitures de luxe pour ses ministères. Pourquoi ne le pourrait-elle pas en vue de la formation de ses médecins ?
Cette réforme nécessite une bonne gouvernance au sein de la faculté avec de la transparence tant au niveau du recrutement des futurs médecins et professionnels de santé que de la gestion du budget. Je ne doute pas que nos dizaines de prétendant à la magistrature suprême aient de meilleures idées. J’aimerais juste qu’ils commencent à les partager avec nous.
*Doctorant contractuel en Science Politique à l’Université Laval (Canada) et à l’Université Paris 8 (France)
Par Renald Lubérice*
paru dans Le Matin du 07/10/09
Il est inconcevable qu’en 2009 nous n’ayons que 2,7 médecins pour 10.000 habitants. Oui, c’est bien joli de l’affirmer, me diriez-vous ! En plus, cela fait consensus. Des plus démunis aux hautes autorités haïtiennes, tout le monde s’accordera là-dessus. Ces dernières années, on n’a eu de cesse d’assister à des luttes politiques intenses parfois sauvages. Mais combien d’entre elles se portaient sur un vrai problème de société ? Il s’agit toujours de luttes pour la répartition du/des pouvoir/s, sur le choix du Premier ministre, etc. Y a-t-il eu un projet de société ayant cristallisé les oppositions du fait que le gouvernement pense qu’il faut y apporter tel type de solution, tandis que d’autres disent qu’il lui faut apporter telle autre ? Non. Si le débat politique ne se porte pas sur la répartition des pouvoirs, il se fait sur des questions purement «métaphysiques ». En tout cas, si l’objet n’est pas en soi métaphysique, la manière dont nos « entrepreneurs politiques » l’abordent lui attribue une dimension que seuls les connaisseurs du monde de l’au-delà sauront comprendre et résoudre. Étant donné l’absence de ces êtres surnaturels, on ressasse toujours les mêmes discours avec le sentiment que les choses ne s’améliorent guère. Ce papier concernant la réforme de la faculté de Médecine et de Pharmacie sera justement une tentative d’aborder une question de société avec des propositions concrètes qui nous, j’espère, épargneront l’engouffrement dans le monde de l’au-delà.
En Haïti, nous avons les ressources les plus précieuses à notre développement socioéconomique : des femmes et des hommes. Mais nous refusons de les utiliser à bon escient. La réforme dont je vais parler concerne moins la structure de la faculté – qui a certainement besoin d’être réformée, mais que je ne connais pas bien – que la manière de l’optimiser afin qu’elle puisse remplir sa mission première : former des médecins au service des Haïtiens. Souvent, dans les luttes internes à l’UEH, on oublie que l’Université se doit d’être au service de la société et non l’inverse. Parfois, il y a des petits malins qui se plaisent à croire que l’Université doit être au service de l’Université, avec une fâcheuse tendance d’isolation.
L’Université, soi-disant autonome, n’a que faire de la demande de formation en médecine de nos jeunes et, par ricochets, du besoin de la population en professionnel-le-s de santé. Tous les ans, des milliers de jeunes Haïtien-ne-s partent faire leur formation juste à quelques kilomètres d’Haïti en langue espagnole. Cela n’interpelle personne. Cette attitude déconcerte l’une des théories des institutions économiques, politiques et sociales, pourtant largement admise. Celle d’Hirschman. En effet, il y a deux principaux moyens d’amener une entreprise ou une institution à se réformer. Soit une partie de la clientèle fait défection (exit) – l’entreprise ou l’institution qui s’en rend compte va s’interroger et prendre les mesures de redressement nécessaires-, soit une partie de la clientèle prend la parole (voice), espérant que la protestation verbale va interpeler les dirigeants. Il y a une autre possibilité qui est le loyalisme qui ne m’intéresse pas ici. Cette théorie suppose que les dirigeants soient attentifs aux réactions de la clientèle. Sauf que dans le cas de cette faculté, et plus généralement des autorités publiques, c’est le « J’m’enfoutisme » qui règne. Donc la demande des jeunes Haïtiens et de la société dans son ensemble leur passe au-dessus de la tête. Pourtant le seul fait que des jeunes Haïtiens puissent aller faire leurs études à l’étranger et payer en devises étrangères prouve qu’il ont des ressources économiques, et qu’ils seraient prêts à payer si la faculté pouvait leur offrir un service équivalent. Comment résoudre ce problème ? Je crois à l’autonomie des institutions d’études supérieures publiques et non à leur indépendance. La solution a, à mon sens, deux volets.
Le premier est fondamentalement politique. Le second renvoie à la capacité de gouvernance de l’UEH. Tout le monde sait, et pas besoin d’être à l’intérieur de l’UEH, que l’Université manque énormément de moyens tout comme l’État haïtien dont le budget est tributaire de l’étranger. Mais nous ne pouvons pas attendre indéfiniment que les cailles du ciel nous tombent sur la tête. Il faut optimiser nos maigres moyens en vue de la résolution de nos problèmes socioéconomiques. La faculté de Médecine peut et doit former les médecins dont nous avons besoins. Il faut pour cela renforcer sa capacité d’accueil et lui doter de matériels pédagogiques, scientifiques et les ressources humaines nécessaires. Où trouver l’argent ?
Dès la classe de seconde, TOUT élève haïtien doit avoir suffisamment d’informations sur les filières de l’UEH et les modalités de concours. Les dates et les modalités des concours doivent être affichées dans TOUS les établissements supérieurs dotés d’une ou de plusieurs classes de terminale au moins trois mois à l’avance. Chaque étudiant reçu en médecine et/ou dans les professions sanitaires aura la possibilité d’un prêt-bourse couvrant l’ensemble des coûts de la durée de ses études. Ceux qui en ont les moyens peuvent choisir de payer leur scolarité sans utiliser le prêt-bourse que l’État haïtien mettra, de concert avec des établissements bancaires partenaires, à disposition des étudiants en médecine et/ou en professions sanitaires. Le prêt-bourse se fera à taux zéro. Chaque bénéficiaire aura le choix de rembourser l’État à l’issue de la formation ou s’engager formellement à rester en Haïti et travailler pour le compte de l’État pendant une période allant de 5 à 10 ans.
Le montant de la scolarité sera fixé en fonction du coût réel de la formation. Cela permettra à la faculté de proposer un salaire compétitif à l’échelle régionale aux enseignants. Nous attirerons ainsi les meilleurs enseignants haïtiens partis à l’étranger et les étrangers désirant enseigner en Haïti. La faisabilité de cette réforme dépend d’une réelle volonté politique. Haïti est capable de s’endetter pour acheter des voitures de luxe pour ses ministères. Pourquoi ne le pourrait-elle pas en vue de la formation de ses médecins ?
Cette réforme nécessite une bonne gouvernance au sein de la faculté avec de la transparence tant au niveau du recrutement des futurs médecins et professionnels de santé que de la gestion du budget. Je ne doute pas que nos dizaines de prétendant à la magistrature suprême aient de meilleures idées. J’aimerais juste qu’ils commencent à les partager avec nous.
*Doctorant contractuel en Science Politique à l’Université Laval (Canada) et à l’Université Paris 8 (France)
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