Banque de CV et le choix d’un nom pour l’après Préval
Que d’intéressantes initiatives, et c’est très bien comme ça ! La constitution d’une banque de cv permet d’avoir une idée précise sur la capacité d’Haïti en matière de ressources humaines qu’on pourra utiliser ultérieurement sans trop de difficultés à les repérer à travers le monde. Mais si les gouvernements haïtiens qui se sont succédés en grande quantité ces vingt dernières années n’ont pas fait appel aux compétentes des haïtiens-nes vivant à l’étranger est-ce vraiment dû au fait qu’ils ne savaient ou ne pouvaient pas les repérer facilement ? Autrement dit est-ce parce que cette banque de CV n’existait pas avant ?
En visitant le blog de M. Lucas, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un lien logique entre sa proposition de construire cette banque de cv et la désignation d’un « nom pour l’après Préval ». En quoi la désignation d’un « nom pour l’après Préval », peu importe les qualités exceptionnelles du titulaire de ce nom, peut-elle arrêter la descente aux enfers d’Haïti ?
Au premier abord, la sélection des meilleurs CV pour reconstruire Haïti est une très bonne chose. Mais sans vouloir établir ici une taxinomie des formes de gouvernements, le gouvernement des meilleurs « CV » s’appelle aristocratie (aristoï) ou épistémocratie (épistèmê) ou encore technocratie. Si on ne veut pas de cette forme de gouvernement, il faut intégrer les meilleurs CV de notre banque de compétences dans une autre forme de gouvernement qui accorde au peuple toute sa place. Cette façon de gouverner fait appelle à la démocratie représentative que certains appellent une oligarchie mixte ou double (étatique et libérale).
La réalité institutionnelle d’Haïti ne permet et ne permettra pas à un « nom » (un homme) et de son groupe de meilleurs CV de gouverner et reconstruire le pays. Pourquoi ? D’abord pour des raisons simples : pour gouverner en démocratie représentative telle que l’institue notre Constitution il faut une majorité parlementaire. Majorité parlementaire unie par un projet cohérent et solide et par un fort encrage idéologique.
Parce que pour sortir Haïti delà il faut des réformes sociétales importantes qui seront pour la plupart votées par le Parlement (les deux chambres). Seul un parti politique avec des femmes et des hommes déterminés, bien implanté, saura mener ces réformes. Sinon, on s’amusera à créer des coalitions, des plateformes électoralistes avec des parlementaires (représentants) achetables. Or les réformes qu’on doit mener se heurteront à de nombreux intérêts mesquins de femmes et d’hommes qui n’hésiteront pas à acheter les représentants pour bloquer les changements institutionnels et sociétaux.
C’est pourquoi toute aventure individuelle est suspecte. Toute aventure individuelle aura pour but ultime la désaltération de la soif du pouvoir d’un seul et de son club d’amis. Initiative qui ne saura faire bouger le pays mais l’empirer. Les meilleurs CV doivent être mis au service d’un parti politique sérieux, dont je doute encore de l’existence, qui saura mener les réformes nécessaires.
La finalité de toute aventure individuelle sera de nous conduire à nouveau pour 200 prochains ans de misère et d’absurdité répétée. {À suivre…}
Renald LUBERICE
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