Les réflexions du compatriote Vaillant sont tout à fait conformes à notre démarche. Nous pensons que l’une des sources du « mal haïtien » est l’improvisation dont font toujours montre les dirigeants de ce pays. Dans presque leur quasi-totalité (à part quelques rares exceptions) la vision des hommes politiques Haïtiens n’a jamais su dépasser les calculs sur les stratégies d’enrichissement personnel à mettre en place et les moyens de bâillonner ses adversaires si ce n’est pas le peuple tout court. Or on ne dirige pas un pays, une république comme sa maison (oikos), la chose publique (res publica) nécessite un niveau de rationalité élevé dans sa gestion.
On ne peut prétendre résoudre un problème sans son identification préalable et une analyse fine de ses caractéristiques. D’où l’importance de recueillir toutes les données nécessaires avant même de proposer un projet politique viable pour Haïti. Et ce travail doit se faire avant de briguer la magistrature, car cela nécessite du temps, et on ne pourra pas faire comme Préval et confrères. Il ne faut pas briguer un poste pour la seule envie d’occuper le poste. Il faut le briguer parce qu’on a identifié un problème et qu’on pense pouvoir le solutionner. C’est la nouvelle politique que nous prônons pour sortir Haïti de-là.
Une caractéristique du mal haïtien est qu’on ne pourrait pas y remédier avec uniquement des politiques publiques focalisées sur des microsphères de la société. Une réponse efficace devra être à la fois locale et globale. Quand on a un corps dans une situation de putréfaction avancée on ne peut le traiter en se focalisant uniquement sur des parcelles. Pour être plus concret, prenons le développement du tourisme. Si un gouvernement prétend développer ce secteur d’activité, il doit au moins penser à :
a) résoudre le problème de l’insécurité
b) un plan de construction hôtelière
c) la formation de technicien et de personnel touristique
d) Conditions de transport et de circulation dans le pays, etc.
e) Un plan de marketing efficace
La problématique de l’insécurité doit être appréhendée de manière globale. Et poser ce problème nous renvoie aussi à la nécessité du bon fonctionnement de l’appareil judiciaire. Un bon fonctionnement de l’appareil judiciaire suppose aussi de bonnes universités et des écoles de magistrature dignes de ce nom. Et ce problème est lié à la formation et compétence des enseignants etc.
Quand nous avons un Préval qui nous dit que la priorité aujourd’hui n’est pas l’enseignement universitaire (supérieur) mais l’alphabétisation, cette déclaration ne peut être autre chose que « pawòl tafia ». Comme si on pouvait alphabétiser au rabais tout simplement sans penser à la scolarisation des enfants, et comme si on pouvait penser à la scolarisation des enfants sans penser à la formation des maitres, etc.
Nous pensons que nous avons déjà pas mal discuté sur le net, ce qui est très bien, maintenant l’heure du concret est venue. Oui nous sommes d’accord pour recueillir les données, oui nous sommes d’accord pour la « conférence nationale inter-haïtienne ». Il est temps qu’on se demande qu’en est-ce qu’on se rejoint pour collecter les données, pour élaborer un cadre concret de proposition et d’alternative. Vous et moi sommes bien installés, mais ce n’est pas le cas du peuple haïtien. Il n’en peut plus, il a faim. Faites-moi des propositions concrètes, dites-moi que vous êtes prêts et je vous rejoins tout de suite pour du concret. L’heure est à l’action, fini les beaux discours et les belles critiques savantes.
Renald LUBERICE
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