Conférence nationale : qui va pardonner qui ?
Depuis ma première intervention certaines choses ont été clarifiées : preuve qu’il y a des compatriotes qui nous aident à avancer. Nous ne pouvons que les féliciter ! Cependant, ne vous en faites pas si certaines de vos interventions ne sont pas prises en compte dans ce texte que j’ai écrit dans le métro avant de les avoir lues.
Je suis convaincu que derrière ces concepts « fourretouts » de pardon et de réconciliation se cachent des femmes et des hommes « propulsés-es » par un réel désir de voir changer les choses en Haïti. Derrière ces concepts judéo-chrétiens il y a possibilité d’élaborer un projet « sérieux ». Mais ce projet ne sera pas un projet « de pardon et de réconciliation ». Car ce qui divise le peuple haïtien n’est pas quelque d’abstrait ou de métaphysique. Mais des « choses réelles », tangibles, vérifiables empiriquement. Cette chose s’appelle l’injustice sociale. C’est la dislocation entre riches et pauvres, la ségrégation sociale et spatiale, l’incapacité de l’Etat et ses élites à élaborer un projet de citoyenneté qui mette fin à la disparité entre « moun an deyò » et « moun lavil » qui nous divisent !
Une conférence nationale de pardon n’a pas de sens car le tort n’est pas le fait d’un groupe d’Haïtiens-nes contre un-e autre mais de l’ordre sociétal. Si le peuple haïtien a l’air divisé c’est simplement dû au fait que les «conditions matérielles d’existence » ne sont pas les mêmes pour tous-tes. Une conférence nationale de réconciliation n’a pas de sens car pour les (nous) réconcilier, il faut leur (nous) donner à tous la possibilité de manger à leur (notre) faim, d’apprendre à lire et à écrire, d’envoyer leurs (nos) enfants à l’école.
Ce n’est donc pas une conférence nationale de pardon et de réconciliation qu’il faut mais une conférence nationale d’élaboration d’un projet de consolidation de l’Etat haïtien. Consolidation qui passe par la mise en place de structure étatique garante de stabilité et de réduction des inégalités parmi les haïtiens-nes.
Il nous faut une conférence nationale de consolidation et de réduction des inégalités. C’est la conférence d’élaboration d’un projet viable, chiffré dont chaque groupement politique s’engagera à suivre au minimum les grandes lignes à partir de 2011. Si nous arrivons à faire cela ce sera une avancée historique qui nous enlèverait de la liste du collectif des incapables.
Renald LUBERICE
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